BAILLY Jean-Noël

Par René Grillon, Gilles Morin

Né le 29 juin 1914 à Cornimont (Vosges), mort le 17 juillet 2006 à Belfort (Territoire-de-Belfort) ; professeur de lycée (anglais) ; secrétaire de la fédération SFIO du Territoire de Belfort (1950-1965) ; adjoint au maire de Belfort.

Jean-Noël Bailly était le deuxième enfant de Paul Bailly, instituteur, mutilé de guerre, socialiste, et de Jean Martin, son épouse. Après l’école primaire de Cornimont, il effectua ses études secondaires au lycée d’Epinal (Vosges). Le baccalauréat de philosophie en poche, il entreprit des études supérieures, d’abord dans les classes préparatoires littéraires du lycée Poincaré de Nancy (Meurthe-et-Moselle), puis au lycée Carnot de Dijon (Côte-d’Or), avant d’obtenir une licence d’anglais à la faculté de Lille (Nord), complétée par un séjour de lecteur à l’université de Delaware aux États-Unis.

Très marqué par le Front Populaire, il adhéra en 1936 à la SFIO. De retour en France en 1937, Jean-Noël Bailly fut nommé professeur d’anglais dans le Nord, au lycée de Béthune, puis à l’École normale de Douai. En août 1938, il épousa, à Épinal, Arlette Detrait, institutrice.

En 1939, à la déclaration de guerre, il fut mobilisé à Orléans (Loiret), puis à l’école d’officiers de Saint-Maixent (Deux-Sèvres). Nommé aspirant le 11 mai 1940, il participa avec son unité, le 24e régiment d’infanterie, à la terrible bataille de l’Aisne. Blessé une première fois à la tête, le 9 juin 1940, il demanda à retourner au front, fut à nouveau touché à la main, le 10 juin. Fait prisonnier, opéré par un chirurgien de mauvaise fortune, c’est très affaibli qu’il fut rapatrié à la Toussaint 1940. Soigné à Lyon par l’équipe du professeur Leriche, il retrouva la santé mais perdit définitivement l’usage de la main gauche.

À la rentrée de septembre 1941, il fut nommé professeur au lycée de garçons de Belfort, une affectation qui le rapprocha de ses Vosges natales.

Menacé d’arrestation par les Allemands, il quitta précipitamment Belfort en septembre 1944 pour rejoindre à Épinal les armées Alliées. En 1945, la guerre terminée, il retrouva son poste au lycée de Belfort, établissement qu’il ne quitta plus jusqu’à sa retraite en 1974.

Jean-Noël Bailly, qui se vit attribuer la Croix de guerre 1939-1945 et la médaille militaire, était, après la guerre, secrétaire adjoint de l’Union fédérale des Anciens combattants, vice-président des médaillés militaires et membre du Comité des mutilés de guerre après la Seconde Guerre mondiale. Il présida l’Union départementale des combattants de 1971 à 1983. Il fut également, vice-président de l’association départementale des médaillés militaires puis, de 1956 à 1980, président des médaillés militaires.

Il fut le secrétaire de la section départementale de la Fédération de l’éducation nationale de 1947 à 1952.

Jean-Noël Bailly entra au bureau fédéral socialiste en 1946. Il était secrétaire fédéral adjoint en 1949 lorsque Marcel Boulangé lui céda la fonction de secrétaire de la fédération au congrès fédéral du 21 mai 1950. Il l’exerça jusqu’à 1965 au moins. En mars 1958, il fut élu au conseil national.

Il fut candidat socialiste aux cantonales de 1955 et 1958 à Belfort, et candidat aux élections législatives de 1956, 1958 et 1962. Alors qu’il avait réuni 3 245 voix au premier tour de 1958, le 18 novembre 1962, il obtenait dans la première circonscription, 1926 voix sur 35 565 inscrits et 22 233 suffrages exprimés. Il se désista pour le candidat du PSU Dreyfus-Schmidt.

Jean-Noël Bailly demanda la réintégration de Paul Rassinier ancien secrétaire fédéral exclu pour ses écrits révisionnistes, au nom de sa fédération au conseil national de décembre 1951. Il fit une intervention à la session d’information sur le problème de la Communauté européenne de défense, à Puteaux, le 2 mars 1952. Rappelant que sa région « a connu trois invasions allemandes en 75 ans », il y demandait des garanties avant la ratification d’un traité, comme l’intégration de la Grande Bretagne à la CED, l’exclusion de l’Allemagne de l’OTAN, mais exigeait aussi que le service militaire ne soit pas allongé et que l’effort militaire de réarmement reste compatible avec une politique sociale. Il dénonçait le surarmement soviétique dans un but hégémonique, qui contraignait les démocrates à faire front et s’inquiétait du réarmement allemand prévu. Régulièrement délégué dans les congrès nationaux de la SFIO, il fut membre du bureau du Conseil national de mars 1958.

Élu conseiller, puis maire adjoint de Belfort en 1957, il conserva cette fonction pendant les deux mandats suivants aux côtés de trois maires successifs, Pierre Metzger, Pierre Dreyfus-Schmidt puis Jean Legay. Il fut principalement en charge de l’éducation et de l’état civil. Il mit en place la gratuité des fournitures scolaires, la mise à disposition d’enseignants d’éducation physique et de musique, rémunérés par la municipalité, les études surveillées et les journées de ski pour les élèves des écoles primaires belfortaines. Parce que très apprécié pour ses qualités humaines, il était très demandé pour célébrer les mariages. En quatorze années, il en célébra 3 369, un record.

Cette intense activité de maire adjoint fut stoppée en 1971 quand, suite à une absence d’accord entre socialistes et communistes, la gauche perdit les élections municipales au profit du gaulliste, son homonyme, Jean-Marie Bailly. Ce fut une déception, mais pas une fin d’action pour Jean-Noël Bailly qui fit alors bénéficier le monde associatif de son dynamisme et de sa disponibilité. Mais ce fut l’association crématiste qui mobilisa principalement son énergie. Fondateur et président de l’association belfortaine, il mena une persévérante campagne d’information et d’explications qui permit une reconnaissance et un fort développement de la crémation dans le département.

Jean-Noël Bailly était officier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15507, notice BAILLY Jean-Noël par René Grillon, Gilles Morin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 22 avril 2022.

Par René Grillon, Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/222, F/1cII/317. F/1cII/323. F/7/15480, n° 172. — Arch. OURS, dossiers Haut-Rhin et fonds A. Gazier. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 61 et 101. — Bulletin intérieur de la SFIO, section d’organisation, avril 1951 et février 1952. — Professions de foi aux législatives de 1956 et 1958. — Lettre d’Yves Paginot, conservateur à la mairie de Belfort, du 22 mai 2003. — Le Pays, 16novembre 1999. — Dictionnaire biographique du territoire de Belfort. — Société belfortaine d’Emulation, 2001. — Etat civil.

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