VILLEMÉJANE Edmond, Joseph [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean-François Aupetitgendre, Rolf Dupuy, Daniel Vidal

Né le 19 mai 1869 au Vigan (Gard). Poète et militant libertaire nîmois.

Poète et militant libertaire, Edmond Villeméjane (parfois orthographié Villemejeanne) était le fils d’Eugène Isidore Villeméjane, marchand de vin, et de Thérésina Tirga Azémard. Il quitta Le Vigan avant 1876.

En décembre 1890, alors qu’il était soldat, il fut condamné à un an de prison pour protestation contre le militarisme et destruction de munitions.

Le 28 février 1893, son premier recueil de Vers libres paraissait (imprimerie Teissier et Sabliet, Association ouvrière à Nîmes, 48 pages), préfacé par Jean Raoult ; ces vers étaient dédicacés à Elisée Reclus*, Kropotkine* et Grave*. Il fut suivi d’un deuxième recueil daté de 1897 et paru en 1898. Il habitait à cette époque rue Cotelier à Nîmes. Il entretint une correspondance avec Jean Grave comme en témoigne une lettre du 13 août 1893.

En 1898, la police signalait qu’en plus de vendre le Père Peinard et divers journaux anarchistes, Villeméjane faisait circuler à Nîmes une liste de souscription destinée à la reparution du Libertaire.

Cette même année, il participa à une réunion du Groupe des Libertaires Réunis et à une réunion libertaire au café Chalvidan le 12 janvier. Le 18 avril, il se fit porter candidat député dans la 1ère circonscription d’Alès en vue de se livrer à la propagande abstentionniste. Le 8 mai, lors du premier tour des législatives, il obtint 7 voix.

Sa notice individuelle de police indiquait alors : "Vendeur de journaux, 6 rue Cotelier à Nîmes, socialiste révolutionnaire ; aurait été l’objet d’une condamnation en conseil de guerre pendant son service militaire. Depuis 2 ou 3 ans, vend des journaux anarchistes à Nîmes ; a un certain niveau d’instruction, écrit dans le Libertaire et il est auteur de 2 recueils de poésies anarchistes. Il est considéré comme peu dangereux et a peu d’influence sur ses coreligionnaires".

En juin 1899 parut le troisième recueil, Les Bataillons disciplinaires d’Afrique, Trente Six mois d’enfer militaire, Choses Vécues (mai 1893-1896), qui témoignait de son expérience aux Bat’ d’Af et où figurait également un texte d’Emile Henry*.
Dans l’hebdomadaire belge L’An-archiste (Ixelles, au moins 13 numéros, 16 octobre 1898-22 janvier 1899), Jules Pigeon le qualifia de "naturien".

Outre Le Cri de Révolte (Paris, au moins 10 numéros, 20 août 1898 au 1er mars 1899), Le droit de vivre (Paris, 9 numéros du 23 avril au 15 juin 1898) de Constant Martin*, Le Libertaire (Paris), La Misère (Paris, 14 numéros du 29 août au 10 décembre 1898) d’Albin Villeval*, Villeméjane collabora aussi au journal de Louis Verneuil*, alias Léo Sivasty, l’Aube Nouvelle (Alès, 3 numéros, de novembre 1900 à février 1901). En 1900 paraissait Chants d’amour, un nouveau recueil de poèmes.

Le 30 mars 1901, Villeméjane déclara lors d’une réunion du Groupe Libertaire d’Etudes Economiques, qui se réunissait 7 rue Nerva à Nîmes, que "la grève générale est insuffisante et qu’il faut aussi confisquer la propriété". Le 23 février 1902, il fut pris à partie par des manifestants lors d’une action anticléricale et en mars, il fut menacé par des militants nationalistes qui voulaient empêcher sa vente de journaux libertaires au chemin de Montpellier à Nîmes.

En 1902, il affirma son anarchisme dans le poème "Profession de foi de Paul Paillette", dans son quatrième recueil de "vers libres" imprimé en 1902, Essai de muse réaliste, rimes vagabondes.

En 1904, il fit paraître “Pour Louise Michel" dans Pour et Par l’amour, feuille de propagande dédiée à Paul Paillette* ("à un sou pour le populo, deux sous pour les aristo, deux pour un sou pour la propagande"). Il fit partie du comité d’accueil à Sébastien Faure* venu à Nimes le 15 novembre 1904 pour une conférence.

En mars 1915, Villeméjane quitta Nîmes pour la maison de santé de Montfavet (Vaucluse). Il n’y a pas de certitude sur le lieu et la date de son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155114, notice VILLEMÉJANE Edmond, Joseph [Dictionnaire des anarchistes] par Jean-François Aupetitgendre, Rolf Dupuy, Daniel Vidal, version mise en ligne le 15 avril 2014, dernière modification le 21 septembre 2015.

Par Jean-François Aupetitgendre, Rolf Dupuy, Daniel Vidal

ŒUVRE : "Pour Louise Michel", publié dans Pour et par l’amour, 8e feuille de propagande dédiée à Paul Paillette, 17 mai 1904, Fonds Louise Michel de l’IISH Amsterdam, cote 1076 — Vers libres, Nîmes, 1897.

SOURCES : l’An-archiste, n°13, 22 janvier 1899 — Lettre à Jean Grave, IFHS cote 14 AS 194b, fonds Jean Grave — Archives du Gard 1M738 - 1M748 – 1M751 – 1M752 – 1M753 - 3 M 420 – 4 U 5/305 — Médiathèque Carré d’art de Nîmes, section Patrimoine, 1900/cote Lég 608 et 1902/cote Lég 610 — R. Bianco, « Un siècle de presse anarchiste… », op. cit — Félix Dubois, Le péril anarchiste, Paris 1894. — Notes de Marianne Enckell.

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