AUMEUNIER Serge [Dictionnaire des anarchistes]

Par Monique Sassier

Né le 14 décembre 1942 à Aubusson (Creuse) ; ingénieur en électronique, puis informatique ; militant anarcho-syndicaliste (ASRAS, CFDT, CNT) et anarchiste (FA).

De ses années de petite enfance chez des grands-parents paysans creusois, il conserva le goût du travail de la terre, de l’entraide, des échanges horizontaux.

Sorti de Supélec, il intégra l’entreprise Sud Aviation (à Suresnes, Hauts-de-Seine) en janvier 1967 ; il fit toute sa carrière dans la même entreprise (actuellement EADS) moyennant quelques changements d’établissement et d’orientation (conception de logiciels de traitement de la mesure).

En 1968, il participa à l’occupation de son entreprise et fut très actif dans la dynamique commission information, devenue pôle d’opposition aux directions syndicales. Ayant résisté aux pressions de la CGT pour la reprise du travail, les salariés de l’entreprise poursuivirent la grève deux semaines supplémentaires et obtinrent davantage que ce qui fut concédé lors des accords de Grenelle.

La CGT s’étant discréditée, une cinquantaine de personnes issues de la commission information adhérèrent à la CFDT. Ils maintinrent le fonctionnement de la commission et insufflèrent une nouvelle vie à l’union locale de Suresnes. Serge Aumeunier fut membre du bureau de l’Union départementale des Hauts-de-Seine de 1968 à 1973.

Rapidement, il eut connaissance de la constitution de l’Alliance syndicaliste (coordination d’anarcho-syndicalistes) et rejoignit ce groupe au sein duquel se trouvaient Jacky Toublet, René Berthier ou Thierry Porré (voir ces noms). Il participa à la rédaction et à la réalisation matérielle de son organe, Solidarité ouvrière, qui vit le jour en avril 1971 (82 numéros).

En 1973, muté dans l’établissement des Muraux (Yvelines) de l’Aérospatiale, il poursuivit son action dans l’interprofessionnel, réorganisa l’union locale et fut, en tant que membre du Bureau de l’UD (de 1974 à 1982), responsable de la commission des UL, participa à la commission formation, prit la responsabilité des relations internationales et fut trésorier et représentant à l’UD du Syndicat de la Métallurgie des Yvelines Nord créé en 1976 ; il y joua notamment un rôle important dans les grandes luttes des travailleurs immigrés de l’usine Talbot (Poissy) et rédigea une brochure sur ce conflit.

Vers 1983, après plusieurs années de résistance à la chasse à l’anarcho-syndicalisme menée en son sein par la CFDT, il quitta l’organisation. Il rejoignit la CNT quelques années plus tard, participant à la création du Syndicat des travailleurs du Mantois et au fonctionnement de l’UD 78. Lorsqu’il cessa d’y adhérer, ce ne fut pas en raison de conflits idéologiques, mais par épuisement des forces militantes locales.

Suite à la disparition de l’Alliance syndicaliste, une partie de ses membres fonda, en 1981, le groupe Pierre Besnard de la Fédération anarchiste, que Serge Aumeunier rejoindra peu après. Ayant cessé d’appartenir à ce groupe pour des raisons matérielles, il est à ce jour adhérent individuel de la Fédération anarchiste.

Il vécut activement les luttes de Lip, de la sidérurgie et du Larzac, participant notamment à la rencontre « Écologie et travail », en septembre 1978, qui donna lieu à publication d’une brochure. En 1988, il représenta la FA au 2ème Congrès du Syndicat des Travailleurs Corses. Mais la part la plus originale de son activité eut pour cadre l’international.

En Pologne : Solidarnosc. Après que Serge Aumeunier se fut rendu, mandaté par l’UD 78 de la CFDT, au Congrès de Solidarnosc en août 1981, la commission aux relations internationale de l’UD mit sur pieds des jumelages d’entreprises et de régions. A la suite de la proclamation de l’état de guerre, en décembre 1981, elle organisa des convois visant à amener le plus possible de militants syndicalistes et à rapporter des informations ; Serge Aumeunier fut, en outre, responsable de l’un d’eux. Le besoin s’en faisant sentir, il fut mis en place un dispositif de livraisons clandestines régulières de matériel d’imprimerie et de radio avec un camion conduit par Jacky Challot qui finit par se faire emprisonner. Serge Aumeunier fut très actif dans le comité pour sa libération (1984).

En U.R.S.S. : le SMOT (Union professionnelle libre des travailleurs, créé en 1978). Il fut parmi les membres de l’Alliance syndicaliste qui mirent sur pieds le soutien aux fondateurs du SMOT, Vladimir Borissov et Victor Fainberg, expulsés d’U.R.S.S. en 1980. Il fut président de Association solidarité SMOT crée en 1982 et organisa une tournée avec Alexandre Tchoukaev, représentant du SMOT, en 1990.

En Nouvelle-Calédonie : l’USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités). Juin 1985 vit la formation d’un comité de soutien, la Liaison syndicale pour la Kanaky ; Serge Aumeunier organisa, en décembre 1985, une tournée du président de l’USTKE, Kotra Uregei, dans diverses structures oppositionnelles de la CFDT et des collectifs anarchistes.

Au Pays de Galles. En octobre 1985 se créait un Collectif d’information et de soutien aux mineurs britanniques qui participa à la grande manif de Londres en mars 1986.

Les Pays de l’est. En lien avec le secrétaire aux relations internationales de la FA, il fut parmi les signataires du document préparatoire et participa à la rencontre de Trieste avec des groupes anarchistes de Pays de l’est, organisée par la fédération anarchiste italienne. Il assura, en outre, la coordination du colloque international, organisé par la FA le 1er mai 1990, « Est / ouest : la révolution reste à faire ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155122, notice AUMEUNIER Serge [Dictionnaire des anarchistes] par Monique Sassier, version mise en ligne le 23 avril 2014, dernière modification le 23 avril 2014.

Par Monique Sassier

ŒUVRE :
- L’effet Talbot ou Les raisons profondes d’un conflit, 1984.
- Mai 68 par eux-mêmes, (participation) Éditions du Monde Libertaire, 1989.
- Articles dans Solidarité ouvrière (non signés), Le Monde Libertaire, Creuse-Citron (parfois sous le pseudonyme Élan noir).
- Participation à des émissions sur Radio Libertaire : Les Chroniques syndicales pendant une quinzaine d’années ; depuis 2008 : Terre et Liberté, puis Sous les pavés... la terre, Trous noirs, La Plume noire.

SOURCES : Entretiens avec l’intéressé ; archives personnelles, juin 2010.

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