BAIN Valentin [BAIN Léon, Joseph, Valentin]

Par Jacques Girault

Né le 11 février 1878 à La Martre (Var), mort le 15 juillet 1951 à Nice (Alpes-Maritimes) ; instituteur, puis inspecteur primaire ; militant syndicaliste dans le Var ; maire de La Martre.

Fils de cultivateurs, Valentin Bain entra en 1893 à l’Ecole normale d’instituteurs de Draguignan (Var). Reçu au brevet supérieur en 1896, il fut instituteur à Puget-Ville (1896-1898), à Solliès-Pont (1898-1899). Il effectua son service militaire (1899-1900), puis fut nommé instituteur à La Valette en 1900, avant d’être muté à La Seyne en février 1904 puis à Toulon en 1910. Il se maria en avril 1906 avec une institutrice détachée dans divers établissements d’enseignement secondaire en fonction des affectations de son mari.

Bain, qui était le secrétaire du cercle des instituteurs du Var, lors de l’assemblée générale du 29 mai 1903, présenta une motion favorable à la transformation du cercle en syndicat. Cette motion majoritaire faisait suite à une série d’articles dans le Bulletin du Cercle favorables au syndicalisme enseignant. Ce syndicat fit figure de précurseur en France.

Bain, au congrès des amicales à Lille (26-28 août 1905), fit partie de la commission qui rédigea la motion sur les déplacements d’office. Le 31 août, il provoqua une "intéressante réunion des instituteurs syndicalistes" selon les termes de Maurice Jeannard dans L’Émancipation de l’Instituteur (octobre 1905). Par la suite, dans ce journal, s’instaura un échange de points de vue sur ces questions. Bain y affirma notamment que les syndicats devaient être à côté des amicales et non contre elles. Il fut un des 133 premiers signataires du Manifeste des instituteurs syndicalistes paru le 26 novembre 1905. Par lettre en avril 1943, il déclara avoir été franc-maçon jusqu’en 1911.

Bain, reçu en 1910 au certificat d’aptitude à l’inspection primaire, devint inspecteur primaire à Barcelonnette (Basses-Alpes) à partir de janvier 1911, circonscription de renommée difficile. Il fut considéré comme mobilisé de juillet 1915 à mars 1919. En 1916, pour assurer la scolarisation de jeunes Serbes pendant la guerre furent créés des centres spécialisés en France où se côtoyaient des enseignants français et serbes. A Jausiers, près de Barcelonnette, dans une caserne des chasseurs alpins, une centaine d’adolescents reçurent un enseignement secondaire et une préparation militaire. Bain, nommé directeur adjoint de cet établissement en 1916-1917, eut ainsi des contacts avec des professeurs serbes et rédigea en 1917 aux éditions Delagrave un Précis d’histoire serbe avec M. Miladinovitch, professeur à Monastir, préface par Jean Brunhes, professeur au Collège de France et secrétaire général de La Nation serbe en France. Il écrivit en 1927 un Guide orthographique (Paris, Delalain) avec un ancien instituteur de cette structure, M. Capoduro.

Retrouvant son poste d’inspecteur à Barcelonnette en octobre 1917, il reprit en main cette circonscription où, selon l’inspecteur d’Académie, « quelques institutrices » avaient profité de son absence, « pour violer la neutralité scolaire ». Dans son rapport en mai 1918, l’inspecteur général notait qu’il « s’est bien assagi » après avoir dirigé les actions revendicatives des instituteurs. En poste pendant neuf ans, durée exceptionnelle dans ce poste déshérité, il hésita à accepter une nomination comme inspecteur primaire à Forcalquier (Basses-Alpes) en 1919 car il était séparé de son épouse qui avait obtenu un poste au collège de Manosque (Basses-Alpes). Il ne resta qu’une année à Forcalquier puis fut nommé à Manosque en 1920. Il devint inspecteur primaire en 1927 dans la circonscription de Nice-Est où il resta jusqu’à sa retraite en 1934. Il se montra pendant toute sa carrière d’inspecteur très actif, très proche des personnels, passionné de pédagogie. En 1933, il entra en conflit avec la section départementale du Syndicat national des instituteurs pour des « écarts de conduite » avec le personnel. Après un congé de maladie de trois mois et une enquête de l’Inspection générale, il fut mis à la retraite le 1er janvier 1934. Pour sa défense, il évoqua une « ignoble machination » et la « collusion » entre le ministère, le SNI et la franc-maçonnerie. L’« affaire » n’eut pas de suites.

À la retraite, habitant Nice, rue des Deux-Emmanuels, libre penseur, Bain, comme radical indépendant, devint maire de La Martre, petit village dans le canton de Comps. Le 5 mai 1935, il obtint 27 voix sur 41 inscrits. Il fut maintenu comme maire pendant la guerre. Candidat pour le conseil général dans le canton, il obtint le 10 octobre 1937, 94 voix sur 441 inscrits et fut battu d’une voix, le dimanche suivant par le candidat socialiste SFIO, avec 175 voix. L’élection fut annulée par un arrêté du conseil de préfecture de Nice, le 10 décembre 1937. Lors de la nouvelle élection, il fut nettement battu, le 7 août 1938, avec 154 voix sur 458 inscrits.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Bain donna son avis en tant qu’ancien inspecteur primaire sur divers instituteurs, dont quelques femmes, arrêtés pour opposition à l’État français. Le Comité départemental de Libération, en dépit de son attitude favorable au gouvernement de Vichy, décida de le maintenir comme maire de La Martre, comme « républicain de gauche ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15515, notice BAIN Valentin [BAIN Léon, Joseph, Valentin] par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 27 août 2019.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F17/24283. — Arch. Dép. Alpes-Maritimes, 01 T (divers dossiers. — Arch. Dép. Var, 2 M 3.92 ; 2 M 5.293 ; 2 M 5.295 ; 2 M 7.35.3 ; 2 M 7.35.4, 18 M 93 — DBMOF, notice par J. Girault. — Presse corporative locale et nationale. — Renseignements fournis par la famille. — HOURNAC (Roger), REVEST (Yvews), Le Bataillon Universitaire Serbe à Jausiers/Mont-Dauphin pendant la Grande Guerre 1916-1917, Barcelonnette, Cahiers de la Vallée, 2011.

ŒUVRES : Voir texte, ajoutons, {Cahiers-guides de devoirs de vacances}, Toulon, Lions (avant 1919) - {Manuel de préparation au certificat d’aptitude pédagogique} (avec L.. Augé), 1920, - {Qu’allons-nous dessiner demain ?}, avec E. Gibert, Paris, Delalain, 1927.

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