GROTHENDIECK Hanka (Johanna), épouse Raddatz [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell, Daniel Vidal

Née le 21 août 1900 à Blankensee (Allemagne), morte à Bois-Colombes le 16 décembre 1957. Comédienne, écrivain, liée au milieu bohème et anarchisant de Berlin, mère du mathématicien Alexandre Grothendieck.

Compagne d’Alexander Tanaroff, avec lequel elle vécut une dizaine d’années à Berlin, Hanka Grothendieck le rejoignit à Paris en 1934 où elle donna quelques leçons d’allemand. Elle se rendit en Espagne au début de la révolution, en septembre 1936, pour y rejoindre son compagnon. De septembre 1937 à mai 1939, elle fut gouvernante à Nîmes chez M. Valantin, commissaire de police, puis elle alla retrouver à Paris son mari et leur fils Alexandre né en 1928, qu’ils avaient confié à des parents nourriciers en Allemagne.

A Nîmes, elle était en relation avec Voline qu’elle avait rencontré à Paris (son compagnon le connaissait depuis le mouvement makhnoviste), avec André et Dori Prudhommeaux et d’autres collaborateurs du journal Terre libre.

En septembre 1939, après un bref séjour à Paris, la famille retourna à Nîmes où ils furent hébergés par une enseigante de lycée. Tanaroff fut envoyé au camp du Vernet, en octobre 1939, puis au camp de Noé en 1941, d’où il fut déporté en 1942 à Auschwitz où il disparut. Sa compagne et son fils quittèrent Nîmes en mars 1940 pour aller diriger à Mouriès (Bouches-du-Rhône) une colonie de jeunes réfugiés espagnols parrainée par le Comité français de secours aux enfants et financée par les Quakers américains. Deux mois plus tard, la colonie se déplaçait à Marseille, au château des Caillols. C’est là que Hanka Grothendieck fut arrêtée, le 1er août, et transférée avec son fils au camp de Rieucros. Elle fut ensuite envoyée au camp de Brens, alors que son fils trouvait refuge au Collège cévenol au Chambon-sur-Lignon. A la fin de la guerre, ils se retrouvèrent à Meyrargues (Hérault), et Alexandre entama ses études de mathématiques à Montpellier ; Hanka se mit alors à écrire un roman autobiographique, Eine Frau, qui relate sa vie jusqu’en 1927 (resté inédit), et reprit des contacts avec des compagnons, notamment avec les Prudhommeaux. En 1948, elle suivit probablement son fils en région parisienne, puis s’établit à Bois-Colombes où elle finit ses jours.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155206, notice GROTHENDIECK Hanka (Johanna), épouse Raddatz [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, Daniel Vidal, version mise en ligne le 3 avril 2014, dernière modification le 23 décembre 2021.

Par Marianne Enckell, Daniel Vidal

SOURCES : Arch. Dép. Gard, 1W174. — AD 81, 495W27. — AN 19940472/12. — Winfried Scharlau, Wer Ist Alexander Grothendieck ? Anarchie, Mathematik, Spiritualität : Teil I : Anarchie, nouvelle éd., 2008 — Fonds Prudhommeaux, IISG Amsterdam. — Michèle Descolonges, Un camp d’internement en Lozère : Rieucros, 1938-1942, Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2022. — Notes de Michèle Descolonges et Philippe Douroux.

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