LAMOTTE Émilie, Joséphine [Dictionnaire des anarchistes]

Par Anne Steiner

Née le 21 juin 1876 à Paris (Ve arrt), morte à Alès (Gard) le 7 juin 1909 ; anarchiste individualiste ; propagandiste néo-malthusienne ; institutrice.

Ancienne institutrice congréganiste, Emilie Lamotte commença à écrire en 1905 dans Le Libertaire, des articles dirigés contre le militarisme, contre l’école confessionnelle et contre l’école laïque qui avait substitué le catéchisme républicain et le culte de la patrie à l’enseignement religieux. Elle s’intéressa aux expériences pédagogiques initiées par des libertaires et suivit de près l’expérience de la Ruche de Sébastien Faure*.

C’est au siège du journal qu’elle rencontra Lorulot* dont elle fut la première compagne et sur lequel elle eut une grande influence. Elle collabora également à l’Anarchie dès sa fondation et anima de nombreuses conférences et causeries à Paris comme en province dans lesquelles elle exposait ses vues sur l’éducation : "L’école, c’est l’autorité, c’est l’apprentissage de la docilité (...) De l’enfant impétueux, libre et volontaire, on va faire la matière inerte et docile, propre à tous les esclavages et toutes les résignations. L’éducateur libertaire doit bien être pénétré de ce principe que l’enseignement où l’enfant n’est pas le premier artisan de son éducation est plus dangereux que profitable."

Elle fut également une active propagandiste néo-malthusienne et multiplia les interventions sur ce thème. En 1906, elle participa à la fondation du milieu libre de Saint-Germain avec André Lorulot, Goldsky* et Ernest Girault*, un proche de Louise Michel*. Elle s’y installa avec ses quatre enfants en octobre 1906. Deux de ses enfants avaient pour père Felix Malterre* qui collaborait au Libertaire et soutenait activement les expériences de vie en communauté menées par les anarchistes. La colonie avait une imprimerie et une école qu’elle animait, fréquentée uniquement par les six enfants des colons. Son ambition était de pouvoir accueillir des enfants du voisinage ; elle concevait le milieu libre comme un centre de propagande, et non comme un lieu replié sur lui-même.

La ferme de Saint-Germain était un but de promenade pour les balades dominicales organisées par les anarchistes individualistes parisiens. L’expérience de Saint-Germain fut cependant de courte durée, du fait des dissensions entre ses membres. Les plus dynamiques d’entre eux, absorbés par les tournées de conférences, étaient souvent absents, Lorulot passa quant à lui de longs mois en prison pour "excitation au meurtre" et "provocation de militaires à la désobéissance". Ces défections involontaires hâtèrent la désagrégation du milieu.

À la fin de 1908, Emilie Lamotte et André Lorulot se procurèrent une roulotte et partirent pour une tournée de conférences dans le Midi. Elle mourut de maladie sur la route de Saint-Jean-du-Pain à Alès. D’après son dernier compagnon, Lorulot, Emilie Lamotte était également une talentueuse artiste peintre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155215, notice LAMOTTE Émilie, Joséphine [Dictionnaire des anarchistes] par Anne Steiner, version mise en ligne le 25 mars 2014, dernière modification le 1er janvier 2019.

Par Anne Steiner

ŒUVRE : L’éducation rationnelle de l’enfance, Paris, Éditions de l’Idée Libre, 1912, 24p. — La limitation des naissances, moyens d’éviter les grandes familles, Éditions de l’Idée Libre, 1920, 12p.

SOURCES : Arch.Nat. F7 13053 — Arch. PPoBA 1498, BA 1499 menées anarchistes — Lorulot André, Une expérience communiste : la colonie libertaire de Saint-Germain, Éditions de la colonie libertaire de Saint-Germain-en-Laye, 1908 — Lorulot André, La vie nomade, Romainville, Librairie Internationaliste, Éditions de l’Idée Libre, 1912 — Céline Beaudet, Les milieux libres, vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France, Les Éditions Libertaires, 2006.

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