RIVET Jules [Dictionnaire des anarchistes]

Par Roger Pierre, Guillaume Davranche

Né le 11 janvier 1884 à Vercoiran (Drôme), mort le 27 janvier 1946 à Paris (XVe arr.) ; instituteur puis journaliste ; anarchiste individualiste.

Fils d’un propriétaire exploitant assez aisé, Jules Rivet perdit très tôt sa mère et fut élevé par une grand-mère et une tante. Il aurait été, avant la Première Guerre mondiale, instituteur à Rochebrune où il fit, paraît-il, scandale, après la loi de séparation de 1905, entrant à l’heure de la messe dans l’église de Vercoiran avec un de ses camarades, pour y fumer et parler comme dans un lieu public. Dans ses souvenirs, Jacques Toesca évoque, sous un pseudonyme, un personnage qui pourrait bien être Jules Rivet : auteur de spirituelles chroniques insérées dans un journal lyonnais, se prétendant « farouche individualiste, s’occupant de politique par goût ou par idéalisme ».

Cofondateur du Canard enchaîné en 1916, Jules Rivet en fut le secrétaire de rédaction durant tout l’Entre-deux-guerres.

En 1919, il adressa quelques communiqués à La Vague. Il participa au congrès fédéral du PS de Montélimar (Drôme) le 27 juin 1920, et collabora à l’hebdomadaire régional, syndicaliste et socialiste Le Sud-Est, où il publia en feuilleton, du 23 octobre au 25 décembre 1920, une parodie tendant à ridiculiser l’antisoviétisme : « La Fiancée du bolchevick ou Le Couteau sanglant ».

Durant cette période, il donna également des articles à de nombreux titres anarchistes, pacifistes ou d’inspiration individualiste libertaire : Le Libertaire, Les Pieds dans le plat, La Vache enragée de Maurice Hallé, Le Raffut de Georges Cochon, L’Ordre naturel, Les Primaires, L’Insurgé d’André Colomer, La Muse rouge, La Revue anarchiste de Fernand Fortin, La Patrie humaine, Rectitude de Gérard Leretour*, puis enfin SIA, pendant la guerre d’Espagne.

Au début des années 1930, il fut en outre gérant des publications Bataclan et Le Loup blanc, et rédigea dans L’Humanité une rubrique intitulée « Pointes rouges ».

En décembre 1929, il avait été initié franc-maçon. Dans son livre sur la franc-maçonnerie, Léo Campion* en fit le portrait suivant : « Jules Rivet était le parfait représentant vestimentaire de l’anarchiste romantique classique : longs cheveux noirs de jais, moustaches et bouc méphistophéliques, chapeau à larges bords, cravate lavallière, costume de velours, bottes. Il affichait en outre un flegme imperturbable et était pince-sans-rire comme un vrai crabe. »

Sous l’Occupation, il bascula dans la collaboration.

Dans son Journal, Jean Galtier-Boissière le stigmatisa en ces termes : « Jules Rivet, le grand indépendant à lavallière, l’anar des anars, ce brave Jules qui pendant vingt ans a vitupéré la grande presse pourrie… il a un contrat au Petit Parisien. Oh pas celui des infâmes capitalistes Dupuy, mais Le Petit Parisien des hitlériens Jeantet et Laubreaux, le plus emboché des journaux boches de Paris. »

Après la Libération, Jules Rivet collabora au journal de Louis Louvet*, CQFD, sous le pseudonyme de Jean Michel. Son décès fut annoncé dans le journal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155234, notice RIVET Jules [Dictionnaire des anarchistes] par Roger Pierre, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 16 avril 2014, dernière modification le 4 juillet 2021.

Par Roger Pierre, Guillaume Davranche

ŒUVRE : Chronique de la cour du roi Pétaud (avec Fernand Pignatel, illustrations de H. Guilac), Société mutuelle d’édition, 1921 — La Recrue du 606e, France-Édition, 1924 — À l’ombre des crocodiles en fleurs, Éditions de l’Épi, 1928 — La Vierge déshabillée, Éditions de France, 1929 — La Dame aux bas bleus, Éditions de l’Épi, 1929 — Édouard Herriot, ou le Discrédit lyonnais, Editions du Hibou, 1933 — La Course aux plaisirs (illustrations de J. Pruvost), G. Mignolet & Storz, 1934 — Paule Calou, G. Mignolet & Storz, 1936 — Tu seras écrivain... Manuel pour adolescents prodiges, Éditions du Hibou, 1939.

SOURCES : Arch. PPo. BA/1715. — Arch. Dép. Drôme, 35 M 366. — La Vague, 7 août 1919. — CQFD, 1er février 1946. — Le Sud-Est, 1920. — Léo Campion, Le Drapeau noir, l’équerre et le compas, Éditions culture et liberté, 1969 — Jacques Duclos, Dans la bataille clandestine (1940-1942), Mémoires, t. III, Fayard, 1970. — Jean Galtier-Boissière, Journal 1940-1950, Quai Voltaire, 1992 — René Bianco, « Un siècle de presse… », op. Cit. — Rens. de MM. Clier et A. Buix.

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