CHAMBARD Roger [Dictionnaire des anarchistes]

Par Hugues Lenoir

Né le 28 décembre 1948 à Bourg-en-Bresse (Ain) ; préposé manutentionnaire aux Chèques postaux puis aux centres de tri postaux du Rhône ; militant CGT, CFDT, SAT, CNT.

Roger Chambard, Libération, 12 janvier 1987

Il est le fils de Chambard Eugène – 1909 (Lyon)-1971 (Dommartin, Ain) – qui était ouvrier dans le bâtiment puis dans une tréfilerie de Bourg et, pour finir, ouvrier d’entretien à la Société de location et d’entretien de véhicules électriques, et de Carry Andrée – 1912 (Oyonnax, Ain)-2006 (Dommartin, Ain) – qui était femme de ménage.

Son père ne « pardonna jamais aux communistes de leur avoir fait reprendre le boulot en 1936 et après la guerre, syndiqué CGT, il ramenait La Vie ouvrière chaque semaine ». Quant à sa mère, elle fit comprendre à Roger Chambard : « la différence entre “les petits et les gros”, l’église pour les riches et pas pour les pauvres, etc. ».

Après plusieurs unions, en 2010, il vit avec Brigitte Gueugnon, factrice non fonctionnaire puis aide à domicile, militante au syndicat CNT-PTT du Rhône puis à la CNT 71.

Après une 3e technique au lycée La Martinière à Lyon en 1964, il fut embauché aux PTT de mai 1965 à décembre 2003 inclus : comme préposé manutentionnaire aux Chèques postaux de Lyon de 1965 à 1968, puis en 1970 à Lyon-gare centre de tri, en 1971 aux Chèques postaux puis en 1972 retour à Lyon-gare, en 1986 à Lyon Montochet TGV postal. Enfin, en 1994, après la fermeture du TGV postal, il travailla à Lyon-Saint-Priest au centre de tri jusqu’à son départ à la retraite en décembre 2003. Toute sa carrière se déroula dans les services de nuit.

Le parcours militant de Roger Chambard est long et s’est toujours inscrit dans une orientation syndicaliste et libertaire. Il adhéra à la CGT-PTT de 1967 à 1970. En 1968, il participa à l’occupation des Chèques postaux (Louis Viannet y travaillait encore) et à la manifestation du 13 mai 1968 qui se termina à l’usine Rhodiaceta en grève à Lyon-Vaise (Rhône).

Dès 1970, il participa à Lyon-gare à la contestation de « l’attitude molle et stalinienne de la CGT », ce qui entraîna sa démission après l’exclusion des dissidents, Valero (voir ce nom), Barroil, etc., et la création d’un éphémère comité de base à Lyon-gare.

Il adhéra à la CFDT en 1972, à la section de l’entrepôt nuit de Lyon-gare. En 1973, il manifesta pour les Lip à Besançon puis, durant l’été 1974, il fut présent au rassemblement au Larzac. Il participa activement à la grande grève contre le démantèlement des PTT (42 jours en novembre et décembre 1974). Avec la commission de popularisation CFDT, durant la grève, il alla avec d’autres militants à des réunions dans les hôpitaux, les lycées, etc.

En 1975, il devint trésorier de la section CFDT de Lyon-gare (130 adhérents) et membre de la commission exécutive du syndicat départemental. Avec la section CFDT de Lyon-gare, il soutint les comités de soldats et participa à la manifestation antinucléaire de Malville en 1977 et à toutes les luttes jusqu’à l’exclusion, en septembre 1977, des 20 élus de la commission exécutive de Lyon-gare. Il fut alors le trésorier des exclus pour gérer la solidarité financière (3 bulletins seront imprimés) jusqu’au printemps 1978 où le congrès CFDT-PTT du Rhône entérina les exclusions.

En 1978, il participa à la création du Syndicat autogestionnaire des travailleurs (SAT) des centres de tri PTT du Rhône et milita activement contre la répression menée par la direction à son encontre. Avec le collectif libertaire lyonnais et le SAT, il participa à l’organisation des soirées de soutien à la CNT espagnole, aux mineurs anglais, à Solidarnosc. Par ailleurs, il fit partie du groupe lyonnais de la Coordination nationale des anarcho-syndicalistes (CNAS) qui organisa trois jours de rencontres nationales en avril 1979 à Lyon et aida à la publication de son bulletin.

En 1985, le SAT perdit son procès au tribunal administratif et fut dissous. Une poignée de militants (7 adhérents) créa alors la CNT-PTT du Rhône dont Roger Chambard fut membre en tant que président de bureau. En 1986, il fut un des fondateurs de la fédération CNT-PTT dont il fut secrétaire fédéral de 1990 à 1992, puis de 1993 à 1995 (au moment de la scission) et à nouveau de 1999 à 2001. La CNT-PTT fut de toutes les grèves, en décembre 1988, en 1993-1994 contre la fermeture de la plate-forme TGV de Montrochet, en 1995 et 2003 pour la défense du système de retraite et surtout le refus de la séparation Poste-Télécom, le refus de la reclassificaton du statut de postier et la non-participation à l’entretien individuel d’appréciation mis en place en 1993.

Puis il fut trésorier de l’UD-CNT du Rhône de 2002 à 2006 après avoir
contribué à sa création, Tout cela fut possible, dit-il, « grâce à tous les militants et militantes de la CNT lyonnaise et surtout à son camarade Roland Brondel (voir ce nom) qui a partagé ces 30 ans de lutte ».

En parallèle à ses activités syndicales, il participa au comité de soutien à René Dumont en 1974, à la création d’un éphémère groupe communiste libertaire des PTT à Lyon-gare en 1977 comptant une trentaine de membres. Il soutint et participa à la liste Lyon écologie pour autogérer la cité aux municipales de 1977, qui fut une expérience sans lendemain. Roger Chambard fut aussi membre du collectif à l’origine de la création de la librairie libertaire et associative La Gryffe, à Lyon en 1978, et participa activement à son fonctionnement (permanences, expos, débats, tournées des diffuseurs) jusqu’en 1986 puis à nouveau de 2000 à 2008.

Il fut par ailleurs « renvoyeur » de livret militaire en soutien aux paysans du Larzac et condamné en mai 1981 à une amende. Il anima avec Brigitte Gueugnon de 2006 à 2008 l’émission Le vent se lève sur Radio Canut, radio associative lyonnaise, tous les mercredis de 17 à 18 heures, Ils y parlèrent de Gaston Couté, Marius Jacob, Émile Pouget, etc.

Depuis 2006, il a ouvert avec Brigitte Gueugnon une librairie associative, militante, sociale et libertaire, Les Chats noirs, à Cuisery, village du livre de Saône-et-Loire. Dans le cadre de ce village, ils organisèrent des débats et des lectures. À Cuisery, ils ont contribué à la mise en place du Salon du livre libertaire en 2008, 2009 et 2010. En octobre 2009, Roger Chambard a participé à la création de la CNT 71 (Saône-et-Loire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155259, notice CHAMBARD Roger [Dictionnaire des anarchistes] par Hugues Lenoir, version mise en ligne le 17 avril 2014, dernière modification le 19 avril 2022.

Par Hugues Lenoir

Roger Chambard, Libération, 12 janvier 1987

SOURCE : témoignage direct, mai 2010. — Blog de l’Atelier de création libertaire, Lyon.

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