BACHELET Émile, Jules, Joseph [Dictionnaire des anarchistes]

Par Anne Steiner

Né le 14 janvier 1888, à Corné, dans le Maine et Loire, mort le 17 avril 1967 à Pouligny (Loiret) ; menuisier puis apiculteur ; anarchiste individualiste.

Émile Bachelet (1912)
Émile Bachelet (1912)
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Emile Bachelet est né dans une famille d’artisans boulangers. Compagnon menuisier, il arriva à Paris en 1907, et fréquenta d’abord le milieu des compagnons du tour de France, rue Chapon.
Il logeait à Montmartre et devint assez vite un habitué des Causeries populaires. Il vécut bientôt au siège du journal l’anarchie, rue du Chevalier de la Barre, avec Alice Morand, sœur de Jeanne, compagne de Libertad, et de Marie, compagne de Lecoin.

Classe 1908, il choisit l’insoumission, tout comme son jeune frère Ernest né en 1889 qui partit pour Le Caire afin d’échapper à ses obligations militaires. En 1912, ce dernier était à Alexandrie et correspondait toujours avec la rédaction de l’anarchie. Leur père qui avait lui aussi quitté le Maine et Loire pour tenir un débit de boissons au 43 boulevard de Ménilmontant avait, selon les rapports de police, des convictions antimilitaristes et libertaires fortes et aurait encouragé l’insoumission de ses fils.

Emile Bachelet se présenta comme candidat abstentionniste dans le troisième arrondissement de Paris pour les élections municipales de 1908. À deux reprises, il fut condamné sous une fausse identité, celle de Pierre Martin, correcteur et individualiste, pour des délits mineurs. En 1912, il vivait à Maisons-Alfort et fut perquisitionné dans le cadre de l’affaire Bonnot. On trouva à son domicile un revolver, des clefs passe partout, des lunettes d’automobiliste et des brochures anarchistes individualistes. Arrêté, il fut remis à l’autorité militaire et immédiatement incorporé dans les bataillons disciplinaires d’Afrique.

Dans les années 1920, il s’est installé au moulin de Pouligny sur la commune de Saint-Germain des-Prés dans le Loiret. Il y vécut presque en autarcie d’apiculture et d’agriculture, produisant lui-même l’électricité dont il avait besoin à partir d’une chute d’eau. Faute d’avoir réussi à créer un véritable milieu libre, il avait réalisé une petite communauté à l’échelon familial, ses enfants mariés cohabitant plus tard avec lui. Il recevait aussi de nombreux visiteurs.
Michel Ragon qui l’admirait beaucoup lui a consacré ces quelques lignes dans son récit D’une berge à l’autre : « Emile Bachelet était un petit homme aux cheveux très blancs et abondants, alerte, avenant (…) Aller vivre quelques jours au moulin de Pouligny, c’était s’embarquer pour l’Arcadie.(…) Emile Bachelet fut un grand exemple dans ma jeunesse. L’anarchie, l’anarchie vraie, que Bonnot dévoya, Bachelet l’incarnait. Il émanait de toute sa personne une sérénité qui, à ce degré, est la récompense de la sagesse. »

En 1951, Emile Bachelet publia ses mémoires de travailleur itinérant sous le titre Trimards, édité par l’Amitié par le livre et préfacé par Edouard Dolléans. Il est mort à Pouligny, le 17 avril 1967. Le journal Liberté annonça son décès dans son numéro du 1er juillet 1967.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155357, notice BACHELET Émile, Jules, Joseph [Dictionnaire des anarchistes] par Anne Steiner, version mise en ligne le 31 mars 2014, dernière modification le 5 mai 2020.

Par Anne Steiner

Émile Bachelet (1912)
Émile Bachelet (1912)
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SOURCES : Archives PPo EA 140/EA 141 (affaire Bonnot). — Notice Maitron. — D’une berge à l’autre, Michel Ragon (1997) — Etat civil.

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