BALESTRA Clément, Marie

Par Jacques Girault

Né le 24 février 1905 à Arles (Bouches-du-Rhône), mort le 14 novembre 1984 à Solliès-Toucas (Var) ; ouvrier, puis agent technique à l’Arsenal maritime de Toulon (Var) ; militant socialiste ; maire de Solliès-Toucas (1945-1974), conseiller général du canton de Solliès-Pont (1951-1976), sénateur du Var (1959-1977).

[Sénat]

Clément Balestra était le fils d’un cheminot d’idées socialistes de la compagnie du PLM qui, affecté spécial en gare d’Arles pendant la guerre, mourut en 1916. Sa mère, considérée comme veuve de guerre, avait un garçon, l’aîné, et deux filles. Elle tint le buffet de la gare de Pertuis (Vaucluse) et en 1917 fut nommée comme garde-barrière à La Farlède (Var). Balestra avait reçu les sacrements catholiques et venait d’obtenir le certificat d’études primaires.
Clément Balestra travailla chez un garagiste de Solliès-Pont pendant une année, chez un couvreur (pose du toit du hangar de la base d’aviation de Cuers), chez des serruriers à Puget-Ville et Hyères. Il réussit des essais à l’Arsenal maritime de Toulon en décembre 1924 mais dut partir au service militaire dans les chasseurs alpins à Gap (Hautes-Alpes). Libéré, il fut admis à l’atelier des machines (direction des constructions navales), le 28 décembre 1926.
Marié à Solliès-Toucas en avril 1927, père d’un enfant, il n’était pas syndiqué et votait socialiste. Il devint chef d’équipe temporaire à l’atelier des réparations, le 1er juillet 1933, puis chef d’équipe suppléant au chantier des embarcations (il était monteur mécanicien), le 12 janvier 1937. Adhérent à la fin des années 1920 à la CGT, il était membre de l’association des chefs d’équipe et, à la fin des années 1930, fit partie de l’Amicale socialiste de l’Arsenal.
Selon la biographie qu’il transmit en 1957 à la fédération socialiste, Clément Balestra adhéra à la SFIO en 1928 à La Farlède. Il habita Solliès-Toucas, commune de son épouse, à partir de 1929 et fut un de ceux qui constituèrent la section socialiste locale. Le 13 décembre 1931, il la représentait au congrès de la deuxième circonscription de Toulon avant l’élection législative. Le 12 août 1931, il avait été candidat à une élection municipale partielle et n’avait obtenu que 59 voix sur 256 inscrits. Le 10 juillet 1932, une nouvelle élection partielle fut organisée. Il fut élu avec 99 voix sur 240 inscrits et devint deuxième adjoint, le 18 juillet 1932. Il s’occupa plus spécialement des écoles et des problèmes sociaux. La préfecture le classait alors sous l’étiquette « radical-socialiste ». Il devint premier adjoint, le 17 février 1935.
À la fin de 1933, lors de la scission dans le Parti socialiste SFIO, Clément Balestra, comme le député Léon Chometon passa au Parti socialiste de France. Il devint membre du comité fédéral du parti au congrès d’Hyères, le 22 septembre 1935.
Le 5 mai 1935, Clément Balestra fut élu conseiller municipal en première position avec 137 voix sur 261 inscrits sur la « liste républicaine socialiste et d’intérêt local ». Il était alors indiqué par la préfecture comme « républicain-socialiste ». On lui reprochait dans le village, selon son témoignage, d’avoir été « acheté » par le maire. Aussi se présenta-t-il contre ce dernier. Il obtint cinq voix sur douze votants et ne fut pas élu. Il devint premier adjoint, élu à l’unanimité. Le 29 avril 1936, à la suite des élections législatives, il rédigea une lettre de démission : « Je ne pourrais jamais, je l’avoue, continuer à œuvrer pour la destinée de notre village, sans abaissement moral, après avoir été dans cette bataille électorale, mis en minorité. » Était-ce la conséquence du mauvais résultat du candidat de l’USR dans le village ? Il accepta, à la demande du sous-préfet, de revenir sur sa décision, le 26 mai 1936.
Clément Balestra s’occupait de la coopérative oléicole. Il devint administrateur et trésorier en 1933 et conserva ces fonctions jusqu’en 1955. Il dut réintégrer la SFIO vers 1938 et partageait alors les analyses de Paul Faure et de Jacques Toesca.
Après l’avènement de l’État français, le 22 février 1941, Clément Balestra démissionna avec quatre autres conseillers municipaux. Le préfet refusa sa démission, mais le révoqua peu après. Il fut rétabli dans le conseil provisoire à la Libération.
Professionnellement, Clément Balestra fut nommé agent technique, le 10 septembre 1942 et affecté à l’atelier des réparations. Il y resta jusqu’en 1959. Pendant la guerre, il ne signala pas les absences de certains ouvriers qui avaient des activités de résistance, tel Fernand Barrat. Après 1947, syndiqué à la CGT-FO, il fut élu à la Commission nationale paritaire et à la Commission nationale de discipline. Il était aussi membre du comité fédéral de la SFIO à partir de 1948. Il n’en faisait plus partie en 1956 et figurait sur la liste des secrétaires de sections pour Solliès-Toucas.
Le 19 avril 1945, à la tête de la liste socialiste SFIO, il devint maire de Solliès-Toucas et fut constamment réélu par la suite. En avril 1974, il démissionna de son poste de maire et ne se représenta pas au conseil municipal en 1977.
Clément Balestra fut le candidat de la SFIO pour le conseil général dans le canton de Solliès-Pont dont l’élu sortant, Georges Durando était membre du Parti communiste français. Le 7 octobre, il obtenait, sur 4 052 inscrits, 1 451 voix contre 1 303 à son adversaire et 234 voix réparties sur deux candidats de droite. Au deuxième tour, il était élu avec 1 820 voix contre 1 426 à son adversaire. Selon son témoignage, les milieux catholiques, symbolisés par le séminaire de la Castille, avaient voté pour lui. Il leur en garda toujours une grande reconnaissance. Il devint en 1951-1952 secrétaire du conseil général et participa à la deuxième commission (travaux publics, bâtiments départementaux, vicinalité) et à la commission de l’hydraulique. Il représenta le conseil général au conseil départemental de l’enseignement primaire, au comité départemental de l’enseignement technique et au conseil d’administration du Centre départemental d’orientation professionnelle. L’année suivante, il devint membre de la première commission (finances) et abandonna la deuxième, il fut aussi délégué au comité départemental des colonies de vacances et au conseil départemental des sports et loisirs. À partir de 1953, il n’était plus membre de la première commission mais assurait le secrétariat de la deuxième. À nouveau secrétaire en 1955 du conseil général, il était à cette date membre de la commission départementale, de la première commission, des commissions des bourses scolaires, d’aliénation des propriétés départementales, d’aide à la construction et à l’habitat. En 1957, il était le vice-président du conseil général mais ne siégeait plus à la commission départementale.
Réélu conseiller général en 1958, en 1964 et en 1970, il ne se représenta pas en 1976. Le 4 décembre 1958, il devenait rapporteur général du Budget par 17 voix sur 30 votants. Il devait rester en fonctions jusqu’en 1976. En outre, il participa à la commission départementale de 1958 à 1967.
En 1955, Clément Balestra soutint l’alliance entre socialistes et communistes pour la gestion de la municipalité de Toulon. A la suite de sa condamnation par le Comité directeur, à la réunion du comité fédéral, le 3 septembre 1955, en présence d’envoyés du CD, il déclara « […] notre fédération a pris une décision importante dont je demande à nos camarades du CD de tenir compte. Nous faisons confiance à Le Bellegou. » Il signa dans République, le 14 septembre 1958, un article « Nous voterons “oui“ au référendum. » Lors du congrès fédéral, le 7 septembre, il avait été désigné comme délégué au congrès national. Après la démission de Jean Charlot et des autres partisans de la réponse négative, membre du comité fédéral, il fut désigné pour le bureau fédéral, le 4 octobre 1958.
En 1958, Balestra fut candidat suppléant de Robert Aymard, « candidat d’union des socialistes et des républicains pour une démocratie rénovée » présentée par la SFIO aux élections législatives dans la deuxième circonscription du Var (Hyères). Ils obtinrent 7 601 voix sur 62 610 inscrits au premier tour et 11 357 voix le 30 novembre 1958.
Le 26 avril 1959, Balestra candidat aux élections sénatoriales, obtint au premier tour 361 voix sur 807 inscrits et fut élu au tour suivant avec 441 voix. Il fut réélu le 22 septembre 1968, dès le premier tour, avec 613 voix sur 956 inscrits. Il siégea pendant le premier mandat à la commission des Affaires sociales, puis à la commission des Affaires culturelles.
Atteint d’une hémiplégie, Clément Balestra, à partir de 1974, ne participa pratiquement plus à la vie politique. En 1977, aux élections sénatoriales, il ne se représenta pas, abandonnant aussi le mandat de conseiller général qu’il occupait en raison de son mandat de sénateur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15537, notice BALESTRA Clément, Marie par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 2 septembre 2019.

Par Jacques Girault

[Sénat]

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 7 32 3, 33 1, 35 3 ; 18 M 98 ; 3 Z 2.14, 19. — Presse locale. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Sources orales, dont F. Barrat. — Arch. J. Charlot (Centre d’histoire sociale du XXeme siècle. Université de Paris I).

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