CANONNE Jean-Charles, Fernand [Dictionnaire des anarchistes]

Par Hugues Lenoir

Né le 25 novembre 1950 à Vervins (Aisne). Postier, imprimeur, ouvrier du bâtiment (plaquiste). Fédération anarchiste, CNT.

Il est le fils de Marcel Canonne (1907-1975), né à Viesly (Nord), sans diplôme, qui fut ouvrier métallurgiste, marchand de charbon, taxi, puis, après la Seconde Guerre mondiale, entrepreneur de travaux publics. Sa mère, née Hattais (1921-1975) à Vervins, était bachelière. Elle fut quelques temps secrétaire puis devint mère au foyer tout en étant administratrice de l’entreprise familiale. Ses parents étaient, déclare-t-il « profondément humaniste, sans doute de sensibilité socialiste ». Il vécut et milita successivement en région parisienne et à Rennes.

Après une scolarité en école primaire en province, Jean-Charles Canonne obtint un BEPC. Il continua ses études au lycée technique d’État Raspail à Paris, ensuite au cours privé Denis-Huysmans, rue Monsieur-le-Prince à Paris, jusqu’en 1968, puis fit un bref passage à l’université de Vincennes en 1968-1969. Au sortir du service militaire en 1971, il travailla comme auxiliaire aux PTT dans le centre de tri de la gare de l’Est. Il y resta jusqu’à la fin de 1972. Ensuite il travailla dans l’imprimerie jusqu’en 1995 et dans le bâtiment jusqu’en 2010.

Son engagement comme militant anarchiste fit suite aux événements « considérables et inoubliables » (sic) de 1968. Mais aussi à la rencontre de Gaston Leval, Louis Mercier (voir ces noms), Antonio Tellez.
Jean-Charles Canonne adhéra à la FA en 1972-1973 et y monta le groupe Max-Stirner qui se transforma en Soleil-Noir peu de temps après. Hormis la vente du Monde libertaire au marché Montorgueil à Paris (75002), il créa avec le camarade Lambert, à La Poste, un bulletin d’entreprise, Gestion directe.
Entre 1974 et 1976, il s’intéressa à la littérature prolétarienne et populaire, ce qui le conduisit à rencontrer Michel Ragon qui le présenta à Henri Poulaille et Hélène Patou dans leur appartement de Cachan. À cette époque il constitua avec Jack Thievloy un comité de défense des écrivains afin de dénoncer le caractère bourgeois des prix littéraires. En 1974, il participa à de nombreuses actions de soutien à l’anarchiste italien Giovanni Marini et en particulier, avec quatre autres militants, au déploiement d’une banderole sur Notre-Dame de Paris. En 1974-1975, il adhéra quelque temps à la CNT française avec Jean-Louis Laredo et rencontra Étienne Deschamps et Jean-Louis Phan-Van dans les locaux de la rue de La-Tour-d’Auvergne (Paris IXe).

À la FA, en 1976, en compagnie de Ramon Pino (voir ce nom) il fonda le groupe Malatesta qui devint par la suite le groupe Emma-Goldman. C’est avec les militants de ce groupe qu’il fut l’un des fondateurs de la Revue anarchiste en mars 1977.

En avril 1978, avec Gérard Dupré (voir ce nom), il fit paraître le n° 1 du bulletin du Centre de propagande et de culture anarchiste (CPCA) afin de favoriser l’information sur le mouvement libertaire et de lutter contre son cloisonnement, voire son sectarisme. Il fut jusqu’en 1985 collaborateur de ce bulletin (30 numéros). La même année, Jean-Charles Canonne lança les Éditions Noir et Rouge et fit partie de la délégation de la FA au congrès de l’Internationale des Fédérations anarchistes à Carrare (Italie) où il défendit une motion sur la violence révolutionnaire.

En 1979, avec des militants du groupe Emma-Goldman, il mit sur pied la librairie coopérative Imagine rue de Lappe à Paris (XIe). En 1981, un attentat probablement d’extrême droite détruisit la librairie et mit fin à cette aventure.

Avec Franck Mintz (voir ce nom), en 1979, il participa à la création du Centre Max-Nettlau au 15, rue Gracieuse (Paris Ve) auquel participèrent l’exil espagnol, Roland Biard et Guy Malouvier (voir ce nom), et il milita à l’intercomité du Marais contre les expulsions et la rénovation du quartier.

En 1980, Jean-Charles Canonne et le groupe Emma-Goldman quittèrent la FA suite à des différends internes importants mais décidèrent de continuer le combat libertaire. Il fonda les éditions Nautilus en 1982. Un an plus tard, il fut co-fondateur de l’imprimerie Utopie (Paris XXe) avec Jean-Pierre Gault (voir ce nom) et Jean-Louis Phan-Van. Avec ce dernier, il participa en 1984 au collectif l’Entraide qui organisait la solidarité avec les libertaires victimes de la répression, en particulier les militants italiens dont Fedele.

Arrivé à Rennes en 1992, il adhéra au groupe local de la FA puis y créa le groupe F.-Sabate, publia la revue La Question sociale et participa à l’ouverture d’un local libertaire dans la ville.

Chômeur de décembre 1997 à février 1999, il milita dans le mouvement des chômeurs rennais et participa à l’occupation de la mairie le 7 janvier 1999. Fin 1997, il prit sa carte à la CNT et quitta la FA « afin de se consacrer uniquement à la CNT et à son développement ».

En janvier 2000, Jean-Charles Canonne fut l’un des fondateurs du syndicat CNT du bâtiment (SUB-TP 35), qui participa activement à la grève victorieuse de 10 jours dans le métro rennais. Cette année-là furent créées l’union locale de la CNT de Rennes et la Fédération du Bâtiment CNT. Il fut élu secrétaire fédéral. Poste qu’il occupe à nouveau aujourd’hui en 2010 et qui l’implique dans la préparation du 10e anniversaire de la Fédération de la construction (Paris, novembre 2010).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155384, notice CANONNE Jean-Charles, Fernand [Dictionnaire des anarchistes] par Hugues Lenoir, version mise en ligne le 13 avril 2014, dernière modification le 9 septembre 2020.

Par Hugues Lenoir

SOURCES : témoignage direct, août 2010.

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