CANTARELLI Vittorio [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy

Né à Castelnovo di Sotto le 16 octobre 1882, mort en décembre 1957 à Bruxelles ; cordonnier ; militant anarchiste et anarchosyndicaliste italien réfugié en France et en Belgique.

Vittorio Cantarelli, dont la famille s’était installée à La Spezia en décembre 1888, avait commencé à travailler comme apprenti cordonnier dès sa sortie de l’école élémentaire. Entré en contact très tôt avec le mouvement anarchiste, il devint rapidement le délégué des cordonniers à la Chambre du travail. En contact étroit avec Pasquale Binazzi et le groupe qui éditait l’hebdomadaire Il Libertario (La Spezia, juillet 1903 à octobre 1922) , il en devint le gérant à partir de mai 1905 jurqu’à fin décembre 1908. Il fut également le gérant du numéro unique de 3 Agosto (La Spezia, 3 août 1908) édité pour le premier anniversaire de l’accident de travail dans lequel avaient été tués plusieurs ouvriers des hauts fourneaux de Portoferraio (Elbe). En juillet 1909 il fut condamné à dix mois d’emprisonnement pour délit de presse.

En janvier 1910 il émigra en France d’abord à Nice, puis à Lyon et enfin à partir de septembre 1912 à Paris où il travailla toujours comme cordonnier et résidait dans le 18ème arrondissement.

En 1917 il rentrait en Italie et reprenait son militantisme syndical et politique à La Spezia où il devenait l’un des militants les plus influents. En juillet 1919, en tant que dirigeant de la Chambre du travail et de l’Union syndicale italienne (USI), il organisait en liaison avec le Comité d’action unitaire national de Milan, les manifestations contre la vie chère à La Spezia, puis il participait activement au mouvement d’occupation des usines et aux luttes contre la montée du fascisme.

Le 23 avril 1922, avec Malatesta, Fabbri et Binazzi, il fit partie de la délégation de l’USI et du journal Umanità Nova qui rencontra à La Spezia l’anarcho-bolchévique H. Sandomirsky qui faisait partie d’une délégation soviétique venue rencontrer divers diplomates européens lors d’un congrès à Gênes.

En septembre 1922, il s’expatriait en France et s’installait à Paris où il allait s’intégrer aux luttes antifascistes et syndicales menées par l’immigration italienne. En 1924 il fut le secrétaire du comité de défense de Bonomini* et en septembre 1925 participa, comme délégué de la Commission exécutive de la Chambre du Travail de La Spezia, au congrès tenu par l’USI à Paris. Début 1926, sous la menace d’un arrêté d’expulsion, il gagnait Zürich, puis rentrait en France en décembre où, après avoir tenu une conférence antifasciste, il était aussitôt arrêté et refoulé vers la Belgique.

Installé à Bruxelles il allait devenir l’un des plus actifs militants du Comité international de défense anarchiste (CIDA). De nombreuses réunions se tinrent à son domicile et il entretint des rapports avec de nombreux militants de l’époque dont C. Berneri*, Hem Day*, V. Gozzoli*, G. Damiani, M. Gamba, T. Gobbi, etc., ainsi qu’avec divers groupes antifascistes en France. En mai 1929 il s’installa à Anderlecht dans la banlieue bruxelloise où il continua ses activités antifascistes tant publiques que clandestines. En 1931 il fut en rapport avec Angelo Sbardelotto, auteur d’un attentat contre Mussolini, ce qui lui valut d’être condamné en 1932 en Italie à 30 ans de prison comme « complice ».

Très actif dans le groupe anarchiste italien de Bruxelles, V. Cantarelli continua son action antifasciste et dénonça également les déviations autoritaires du régime soviétique. Lors de la guerre d’Espagne, il fut avec Mario Mantovani*, l’animateur du Comité anarchiste de soutien qui envoyait des volontaires et récoltait de l’argent pour soutenir les familles de ces volontaires. Á la fin de la guerre d’Espagne, il continua à s’occuper de ces volontaires après leur rapatriement ainsi que des réfugiés.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, il intégra la Résistance d’abord en Belgique puis dans divers pays d’Europe occupée. Le 19 février 1941, il fut arrêté en Pologne par les nazis et immédiatement transféré au col du Brenner et remis aux autorités italiennes. Il fut interné à la prison de Civitavecchia pour y purger la peine à laquelle il avait été condamnée en 1932.

V. Cantarelli ne fut libéré qu’à la fin de la guerre et intégra immédiatement la Fédération communiste libertaire ligure (FCLL) puis le groupe de la FAI de La Spezia. En septembre 1945 il fut le délégué de La Spezia au congrès de la FAI tenu à Carrare puis au Congrès national tenu à Florence en mars 1946, date après laquelle il retourna définitivement en Belgique où, en décembre 1957, il décédait à Bruxelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155385, notice CANTARELLI Vittorio [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 13 avril 2014, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par Rolf Dupuy

SOURCES : Dizionario biografico degli anarchici…, op. cit. (Notice de G. Barroero & F. Montanari) — AD Gard 1M757 — L. Bettini, Bibliografia..., op. cit.

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