GAULTIER Foncette (Alphonsine Adelina, dite) [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy

Née le 9 mai 1871 à Paris 18e arr., morte le 18 novembre 1956 à Chateauroux (Indre). Militante anarchiste.

Foncette Gaultier aurait été la compagne de Sébastien Faure après le procès des Trente (1894).

« Très jeune de caractère et timide, j’ai d’abord modestement lutté aux côtés de Sébast, mais me manifestant toujours en anarchiste dont j’ai tout le tempérament... Ce n’est que plus tard, pendant la guerre surtout, que j’ai pris une part plus active à la lutte » (lettre à Charles Hotz, 2 janvier 1933, IIHS, Amsterdam).

Le 15 avril 1918 elle fut condamnée à 2 ans de prison et 500f d’amende par le Conseil de guerre pour « exhortation de militaires à la désobéissance et propos séditieux » : le 17 septembre 1917 elle avait pris le train à Montparnasse pour se rendre à La Ruche ; dans un compartiment elle avait donné à des soldats la brochure Paul Savigny ou l’histoire d’un homme qui n’a pas voulu tuer. A son arrivée à Rambouillet, elle avait été dénoncée, arrêtée et internée à la prison de Saint-Lazare où elle fut tenue deux mois au secret et fut la voisine de cellule de la militante socialiste Helène Brion. Selon le rapport d’un psychiatre, M. Fleury, elle était « d’une bonté maladive et dangereuse » et « depuis trois ans l’instrument moral de Sébastien Faure ». Elle obtint finalement le sursis en raison de son mauvais état de santé.

Au début des année 1930 elle vivait, semble-t-il, dans la grange d’un paysan de Molphey par Laroche-en Breuil (Côte d’Or), un certain Renaud, lecteur de L’En Dehors d’Armand, dans des conditions très précaires. En octobre 1932, un jeune camarade, Billon (?), lança dans L’En Dehors une souscription en faveur « d’une vieille militante habitant un abri dont le toit s’est effondré » ; il ne donnait toutefois pas son nom, peut-être par égard pour Sébastien Faure, selon Foncette Gaultier.

En 1933, plusieurs journaux libertaires prirent le relais de cette souscription, comme Le Libertaire et La Voix Libertaire, qui précisait qu’elle était une « vieille militante et dévouée camarade d’avant-guerre, mêlée intimement à la vie des groupes d’alors ». Ses principaux soutiens étaient Marius Berger à Orléans pour les Amis d’Henri Legay, Pierre Madel à Saint-Arnoult (Cher) et Céline Lambin (ou Méline) à Vierzon. On trouve plusieurs noms d’anarchistes connus sur les listes ; elle cite elle-même Jean Marestan et Henri Zisly.

En 1934 elle put habiter une petite maison construite par les compagnons sur un terrain de l’ancien château de Chanteau à Saint-Didier, entre Molphey et Saulieu, dont des parcelles avaient été rachetées par un certain Louis Léger après l’incendie du château en 1904.
C’est là qu’elle se prit d’affection pour Marcel Hongrois (né en 1924), jeune enfant de l’assistance publique qui, ultérieurement, lui aménagera une ancienne petite cave du château pour qu’elle puisse y stocker les conserves, lotions, boissons médicinales qu’elle confectionnait elle-même. Elle contribua à la prise de conscience et d’esprit de liberté du jeune Hongrois qui fin décembre 1943 sera l’un des fondateurs du premier maquis FTP de Côte d’Or, puis, instituteur en Algérie, l’un des animateurs de la lutte anti-OAS.

Elle bénéficia aussi par la suite de l’allocation mensuelle pour assistance aux vieillards, aux infirmes et aux incurables de la commune de Saint-Didier.

En 1948 les compagnons essayèrent de lui trouver un lieu accueillant pour finir ses jours.

En 1952 elle retournait dans l’Indre d’où ses parents étaient originaires pour entrer à l’asile de Roussines, le village où ils s’étaient mariés en 1856. Foncette Gaultier est décédée à l’asile de vieux de Saint-Denis à Chateauroux (Indre) le 18 novembre 1956, où elle avait peut-être été placée avec l’aide de Louis Briselance, et a été enterrée à la fosse commune.

« Jusqu’au dernier jour, elle s’était tenue en contact avec nos amis, qui se sont toujours intéressés à son sort et souciés de ne la voir manquer de rien », écrivit Nicolas Faucier dans sa nécrologie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155419, notice GAULTIER Foncette (Alphonsine Adelina, dite) [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 26 mars 2014, dernière modification le 10 août 2021.

Par Rolf Dupuy

SOURCES : L’Œuvre, 16 avril 1918 — La Plèbe, n°2, 20 avril 1918 — L’En dehors, oct. 1932 à janvier 1933 — Le Libertaire, 15 juin 1919, février à juin 1933 — Le Flambeau, 3 mars 1933 — La Voix Libertaire, année 1933 — Le Monde Libertaire, janvier 1957 (nécrologie de Nicolas Faucier) — Charles Hotz Papers, IISH Amsterdam — Notes de Marianne Enckell — Recherches & notes de Christian Hongrois , mai 2020.

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