Par Jean Maitron. Notice omplétée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy
Né le 7 février 1864 à Trélazé (Maine-et-Loire), mort début 1939 ; colporteur ; anarchiste.
En 1892, Émile Hamelin habitait 5, rue d’Italie à Roubaix, et figurait sur la liste des « anarchistes qui servent de correspondants au Comité central anarchiste qui fonctionne à Londres ».
En janvier 1893, il habitait 16 rue des Viviers au Havre et criait le Père Peinard.
Il s’installa à Brest à la fin de l’année 1893. Déjà condamné en 1883 pour outrage à agents par le tribunal d’Angers, Hamelin était connu pour ses idées anarchistes dès avant son arrivée à Brest.
Lors de l’enquête de novembre 1893, la police l’inscrivit sur la liste des anarchistes notables du Finistère voyageant hors du département. Il habitait alors Keranfurust Izella à Lambézellec (voir Adolphe Sèvre), et vendait des brochures dans la rue ainsi que Le Père Peinard et parfois La Révolte.
Son logement fut perquisitionné le 3 janvier 1894 dans le cadre de la répression de l’anarchisme.
Le 10 mars 1894, Émile Hamelin et sa compagne Aimée Manceau* quittèrent Brest pour retourner à Trélazé où il fut arrêté dès son arrivée. Il était alors domicilié aux Plaines, sur la commune de Trélazé.
Malgré les tracasseries policières, il continua à militer et, après l’épisode terroriste, il collabora aux Temps nouveaux de Jean Grave*.
En 1903, il était avec Malaguais* et Émile Guichard* le responsable du groupe anarchiste d’Angers-Trélazé et invita Louise Michel* à donner une conférence à Trélazé.
Membre du groupe local de l’Association internationale antimilitariste (AIA), il fut condamné le 7 mars 1906 par la cour d’assises de Nantes à un an de prison et 200 francs d’amende pour provocation de militaires à la désobéissance.
En septembre 1910, il était à nouveau signalé en Bretagne. Un télégramme du commissaire de police de Morlaix au préfet de Quimper et au commissaire de police de Guingamp, daté de septembre 1910, le décrivit ainsi : « Vêtu d’un pantalon velours marron, gilet lustrine noire, casquette bleue, porte un sac en toile grise contenant journaux et brochures anarchistes La Guerre Sociale, Les Temps Nouveaux, Le Libertaire ; distribue ses journaux de porte en porte et sur les places ».
Après le congrès national anarchiste d’août 1913, il rassembla des militants et fonda le groupe d’Angers de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR), qui eut son lieu de réunion à la coopérative de la Doutre, boulevard Henri-Arnault. En mai 1914, il était le secrétaire du groupe et habitait aux Plaines de Trélazé.
Pendant la guerre, il fit partie du groupe des amis de Ce qu’il faut dire, le journal pacifiste de Sébastien Faure*. Il souscrivit au Libertaire dès sa reparution.
En mai 1919, Hamelin distribuait L’Internationale de Raymond Péricat à Angers.
Dans les années 1920, il collabora à l’organe mensuel des Jeunesses syndicalistes, Le Cri des jeunes (Lyon, 1920-1925). Par la suite, il collabora à La Calotte, refondée par André Lorulot* en 1930. À sa mort, Lorulot lui consacra un article nécrologique dans L’Idée libre de février 1939.
Par Jean Maitron. Notice omplétée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy
SOURCES : Arch. Nat. F7/13053 et 13607 (anarchistes à signaler, 1913) et BB 18/2 290, 128 A 05. — Arch. Dép. Cher, État vert, 25 M 139. — Patrick Gouedic, « L’apparition de l’anarchisme à Brest (1889-1903) », mémoire de maîtrise, université de Bretagne-Occidentale, 1980. — René Bianco, Cent ans de presse, op. cit. — P. Berthet, « Les libertaires français face à la révolution bolchevik en 1919. Autour de Raymond Péricat et du Parti communiste », mémoire de maîtrise, CHS, 1991. — Vivien Bouhey, Les Anarchistes contre la république, PUR, 2008. — Louise Michel Papers, IISG Amstrdam. — Notes de Marianne Enckell. — Le Père Peinard 8 janvier 1893