Par Sylvain Boulouque, Daniel Goude, Guillaume Davranche
Né le 10 mars 1932 à Rochefort-Montagne (Puy-de-Dôme) ; militant communiste libertaire, puis communiste et syndicaliste paysan.
Paul Philippe était issu d’une famille de gauche anticléricale et socialiste. Ses grands-parents étaient agriculteurs, sa mère était institutrice et son père garagiste. Ils avaient aidé la Résistance pendant la guerre.
A l’université de Clermont-Ferrand où il suivait des cours de mathématique-physique-chimie, il anima, avec son ami Marc Gauthier, un journal libertaire ronéotypé, Interfac. Ils étaient en contacts avec les militants libertaires espagnols qui hébergeaient leurs réunions.
En 1952, Paul Philippe s’installa à Paris en tant qu’instituteur remplaçant. En septembre 1954, il quitta l’enseignement pour devenir permanent de la librairie de la Fédération communiste libertaire, au 145, quai de Valmy. Selon son témoignage, il y travaillait quinze heures par jour pour un salaire très inférieur au Smic. En 1954, il fonda et dirigea l’organe des Jeunesses communistes libertaires, Jeune Révolutionnaire, un bulletin ronéotypé puis imprimé qui parut mensuellement de 1954 à 1956.
A partir de la Toussaint 1954, Le Libertaire et la FCL consacrèrent la plus grande partie de leurs colonnes à la lutte contre la guerre d’Algérie.
Responsable du journal, Paul Philippe signa sous de nombreux pseudonymes. A l’issue du congrès de la FCL qui se tint à Paris du 28 au 30 mai 1955, il fut élu secrétaire général de l’organisation.
Après la disparition du Libertaire à l’été 1956, Paul Philippe, sous le coup de nombreuses condamnations pour ses articles parus dans la presse – plus de 150 000 francs d’amende –, décida de passer à la clandestinité avec Georges Fontenis et Pierre Morain. Durant leur cavale, ils furent soutenus par le réseau de la FCL et éditèrent en mars 1957 un unique numéro d’un bulletin ronéoté, La Volonté du peuple, en référence au populisme russe. Paul Philippe le composa et l’imprima lui-même sur une petite presse pédagogique Freinet. Tiré entre 1000 et 2000 exemplaires, le bulletin fut distribué à la sauvette.
Après l’arrestation des autres camarades en cavale, Paul Philippe ne bénéficiait plus que du soutien de sa compagne Line Caminade, dont il venait d’avoir un enfant. Il décida alors de se rendre à la police le 23 septembre 1957, et fut incarcéré à Fresnes. Insoumis, il ne voulait à aucun prix être envoyé à l’armée et, pour se faire réformer, il se rendit malade en faisant une « grève de la faim sans le dire ». Réformé le 30 décembre 1958, il fut ensuite réintégré dans l’enseignement qu’il quitta peu après.
Paul Philippe participa ensuite à un groupe de liaison d’anciens de la FCL nommé Action communiste (voir Georges Fontenis), puis entra à la Voie communiste. En 1959, il adhéra au PCF.
En 1960, il devint agriculteur et adhéra à la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Puy-de-Dôme (FDSEA 63). En 1965, la FDSEA 63 quitta la FNSEA, et Paul Philippe participa à la scission. Il fut élu à la Chambre d’agriculture et devient secrétaire de la FDSEA 63 de 1973 à 1982. Toujours adhérant au PCF, il fut, sous cette étiquette, élu maire de Saint-Rémy-de-Blot en 1982, fonction dans laquelle il a été réélu depuis à chaque suffrage, tout en souscrivant aux Ami-e-s d’Alternative libertaire, mensuel de l’organisation héritière de la FCL.
Par Sylvain Boulouque, Daniel Goude, Guillaume Davranche
SOURCES : Témoignage de l’intéressé — Georges Fontenis, Changer le monde, Alternative libertaire, 2008 — Guillaume Lenormant et Daniel Goude, Une résistance oubliée. Des libertaires dans la guerre d’Algérie, DVD, 2001.