Par Jacques Girault, adapté par Rolf Dupuy et Guillaume Davranche
Né à Entragues (Basses-Alpes) le 5 juin 1875 ; mort à La Seyne (Var) le 7 juillet 1954 ; forgeron ; anarchiste et syndicaliste.
Fils de cultivateurs et frère de Félix, Joseph Chandre fut admis en juillet 1899 comme forgeron à l’arsenal maritime de Toulon (constructions navales, atelier de la petite chaudronnerie). Il habitait alors à La Seyne.
À partir de la campagne pour la journée de huit heures, en 1905, il se distingua dans le syndicalisme, et appartint à l’Association internationale antimilitariste (AIA), dont une section existait dans le Var (voir Victor Busquère). En 1906, il cosigna un « Appel aux conscrits » émanant de l’AIA. Il fut renvoyé huit jours de l’arsenal pour y avoir introduit des brochures antimilitaristes.
Par la suite, il anima l’antenne seynoise du groupe anarchiste La Jeunesse libre de Toulon (voir Antoine Bertrand). Il fut inscrit au carnet B.
Le Syndicat CGT des ouvriers de l’arsenal était à majorité réformiste. A partir de l’élection du 7 mars 1911, la minorité révolutionnaire fut représentée au conseil d’administration (CA) par Antoine Bertrand et Joseph Chandre. Ils y furent réélus le 26 janvier 1912. Cependant Bertrand fut exclu du syndicat en janvier 1913 et, en février, Chandre ne représenta pas sa candidature au CA. En revanche, X. Collin fut élu. Il fut rejoint au CA le 7 mars 1914 par Toussaint Flandrin.
Joseph Chandre avait également siégé au CA de la bourse du travail.
Pendant la Grande Guerre, il fut affecté spécial à l’arsenal maritime.
En 1916, il participa à l’agitation pacifiste (voir Paul Nicolini), ce qui lui valut d’être emprisonné le 8 décembre. Le 13 février 1917, il fut révoqué de l’arsenal et son sursis d’appel fut annulé.
Après avoir, avec Antoine Bertrand, songé à déserter, il rejoignit son régiment à Digne où il resta jusqu’à sa démobilisation en février 1919, avec un certificat de bonne conduite.
Il réintégra alors l’arsenal (ateliers des machines) et rejoignit une action engagée pour percevoir son salaire depuis 1917, comme tous les ouvriers mobilisés. Devant le refus il fit intervenir le député Aiguier en 1921. Connu pour ses opinions libertaires, il prenait la parole lors des meetings à la bourse du travail de La Seyne, particulièrement lors des 1er mai 1919 et 1920.
Réélu membre du CA du syndicat le 12 mars 1920, il eut vingt-quatre jours de retenue de salaire après la grève de mai 1920. Le 20 mai 1920 il annonçait sa démission du CA en raison de « nouvelles occupations ». Il prit sa retraite le 19 juillet 1925.
Par Jacques Girault, adapté par Rolf Dupuy et Guillaume Davranche
SOURCES : AD Var, 4 M43, 4 M48, 4 M52, 4 M53, 3 Z76 — Arc. Troisième région maritime, CN 51, dossier individuel — renseignements fournis par Jean Masse — CQFD, année 1916 — Jean Masse, « Les anarchistes varois », Le Mouvement social d’octobre-décembre 1969 — René Bianco Un siècle de presse... , op. cit.