LAUZE Alphonse [dit Bois dur] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell, Daniel Vidal

Né le 22 juillet 1860 à Nimes (Gard). Confiseur, pâtissier.

Marié le 15 juin 1882 à Alix Charetier. Lauze possédait une bonne instruction primaire. En juillet 1880, il fut condamné par le tribunal correctionnel de Fontainebleau à un mois de prison pour vagabondage et falsification du livret, et privé des droits politiques. Militant anarchiste très actif, il fut le principal animateur d’un groupe libertaire de Nîmes avec Ferrière* et Bedos*. Lauze avait eu une existence mouvementée, voyageant beaucoup ; en 1887, à vingt-sept ans, il était allé déjà à Marseille, à Alger et Oran (1885). Il avait des contacts nombreux avec les anarchistes français et étrangers, avec ceux d’Italie en particulier.

C’est semble-t-il en 1885 qu’il vint pour la première fois à Marseille où il fut le gérant du journal Le Droit Social (Marseille, 2 numéros du 23 mai et 13 juin 1885) qui portait en exergue « Mort aux bourgeois » et auquel collaborèrent Auguste Chauvin*, Georges Deherme*, Etienne Bellot, Théophile Gouzet, Justin Mazade*, Minnie Lecompte*, Ugo Parini et Joseph Torrens. Il fut poursuivi et condamné pour cette gérance. Il participa avec Emile Ferrière à la constitution d’un groupe anarchiste, "Les jeunes combattants", dont la réunion constitutive se tint le 15 janvier 1886, dans une chambre du Café du Printemps situé square de la Couronne à Nîmes (Gard). Il avait d’abord été collectiviste, mais trouvant le groupe trop mou, il s’en était séparé. Une fiche de police rédigée en décembre 1886 dit de lui : « Vit avec son père de la pension que lui font ses autres enfants. Ne travaille jamais. N’est pas avec sa femme. Sa conduite et sa moralité laissent à désirer. »

Le 2 mars 1887 parut le premier numéro du journal L’action révolutionnaire, dont le numéro deux (et dernier) paraitra le 23 mars 1887. Ce journal était vendu par Lauze, à son domicile, 36 rue de l’Agau à Nîmes. Bedos (le gérant) et Ferrière étaient parmi les plus impliqués dans la création et la diffusion du journal.

Dans les Archives départementales du Gard, on trouve la copie d’un dossier de correspondance saisie chez Lauze à la suite d’une perquisition (un vol important ayant été commis à Nîmes, la police avait porté des soupçons sur le groupe anarchiste de la ville). Cette correspondance, si elle n’apporte pas grand-chose sur le plan théorique, montre du moins les préoccupations quotidiennes d’un anarchiste "moyen" et ses relations. Après l’échec du journal, Lauze quitta Nîmes pour Dieulefit (Drôme) puis, le 2 mai 1887, embarqua à Marseille pour l’Algérie, à bord de l’Isly. Là, il tenta de faire paraitre à nouveau le journal L’action révolutionnaire, mais aucune trace n’en subsiste.

En octobre 1890 il était à Lyon où, à la suite d’un meeting, il fut arrêté avec Jean Nahon* dit Ernest. Relaxé il alla alors à Genève en novembre ou décembre 1890 où il a sans doute participé à l’affichage du Manifeste en souvenir des anarchistes pendus à Chicago.

Revenu en France il se fixait pour un temps à Sète (Hérault) avant de revenir à Marseille en 1892 ; le 4 février 1893 dans le journal L’Agitateur (Marseille, 6 numéros du 14 janvier au 18 février 1893), il était démasqué comme indicateur de police. Il partait alors pour l’Algérie puis, plusieurs mois plus tard on le retrouvait à Toulon (Var) où il militait dans les syndicats avec Augustin Marcellin, lui aussi dénoncé comme indicateur. En 1895, il s’installa à Zurich (Suisse). Il séjourna à Alger en octobre 1896, avec sa femme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155560, notice LAUZE Alphonse [dit Bois dur] [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Marianne Enckell, Daniel Vidal, version mise en ligne le 27 mars 2014, dernière modification le 20 août 2017.

Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell, Daniel Vidal

SOURCES : Arch. Dép. du Gard 1M737, 6M414(2) — Arch. Dép. des Bouches-du-Rhône M6/3396, 3397, 4693 — Arch. Fédérales Suisses E21 14096—René Bianco, Un siècle de presse anarchiste, op.cit. — R. Bianco, Le mouvement anarchiste... , op. cit.— Notes J.F. Aupetitgendre .

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