RICHAUD (DE) César, Germain, Étienne [Dictionnaire des anarchistes]

Par Laurent Gallet

Né le 25 mars 1879 à Charleville (Ardennes), mort en 1929 ; presseur sur étoffes ; anarchiste et antimilitariste.

Étienne De Richaud fut signalé anarchiste en juin 1896.

Le 7 mars 1901, un grand meeting organisé par la Jeunesse antisémite et nationaliste de Lyon fut l’occasion d’échauffourées. Une cinquantaine de militants anarchistes aidés de quelques étudiants socialistes prirent d’assaut la tribune et parvinrent à s’en rendre maître. La bagarre générale qui prit corps se termina par l’évacuation des nationalistes. De Richaud était de l’expédition. Quelques jours plus tard, il ratissait avec une soixantaine d’autres anarchistes armés de cannes les rues et les cafés de Lyon pour y déloger les antisémites, sans succès toutefois.

En mars 1901, il figura parmi les membres fondateurs du groupe L’Idée nouvelle qui tint ses réunions au café de l’Isère, 26 rue Paul-Bert. Le groupe poursuivait un but d’instruction et d’éducation sociale.

Le 9 janvier 1902, lors d’une conférence publique faite par Liard-Courtois à la bourse du travail, De Richaud fut présent dans la salle en tenue militaire.

Le 22 juin 1907, il donna, avec Pierre Dumas, une conférence qui glorifiait la mutinerie des soldats du 17e régiment d’infanterie à Béziers. Cela leur valut une inculpation pour provocation au meurtre et à l’incendie. Lors de cette réunion, De Richaud invectiva les commissaires de police de la Guillotière et de Saint-Louis. Devant les assises, le 28 novembre, De Richaud récolta deux ans de prison et Pierre Dumas seulement dix-huit mois avec sursis, ayant bénéficié des circonstances atténuantes.

Le 29 novembre, le lendemain du procès, ils repassèrent en jugement pour l’affaire du manifeste « Bravo ! L’armée antimilitariste ! » qui glorifiait la mutinerie des soldats du 17e régiment d’infanterie à Béziers (voir Albert Bécirard). L’ensemble des inculpés furent libérés ; seul De Richaud, condamné la veille, ne fut pas libéré.

Dans la nuit de jeudi 27 au vendredi 28 juin 1912, des affiches antimilitaristes furent apposées sur les murs de Lyon. Ces placards furent signés par les anarchistes De Richaud, Laplanche, De Gaudenzi et Dubois, et les antimilitaristes Émile Mathis Claude Journet et Jean Benas.

Il fut inscrit au carnet B du Rhône sous le numéro 98.

Au moment de sa mort, en 1929, il était assez oublié et une trentaine de ses amis seulement l’accompagnèrent à sa dernière demeure. Le Semeur, organe de la bourse du travail de Lyon, publia néanmoins un article nécrologique où Étienne de Richaud était caractérisé par « son bon cœur et son mauvais caractère », et décrit comme « un révolté, un actif, un sincère qui paya son action révolutionnaire par de nombreuses années de prison et de multiples passages à tabac ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155579, notice RICHAUD (DE) César, Germain, Étienne [Dictionnaire des anarchistes] par Laurent Gallet, version mise en ligne le 9 avril 2014, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par Laurent Gallet

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 4M315, 4M316, 4M256 à 260, 2T97, 1Y237, 4M301.— L’Humanité, 30 novembre et 1 décembre 1907. — Le Libertaire, 8 décembre 1907. — Le Semeur, organe de la Bourse du Travail de Lyon, juin 1929. — Gilles Heuré, Gustave Hervé. Itinéraire d’un provocateur. De l’antipatriotisme au pétainisme, Paris, La Découverte, 1997, 364 p.

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