ALLEGRÉ Paul, Marius [Dictionnaire des anarchistes]

Par Maurice Moissonnier, notice révisée par Guillaume Davranche

Né le 19 août 1889 à Lagneu (Ain) ; ouvrier du bâtiment puis boulanger ; anarcho-syndicaliste.

Paul Allegré (1929)
Paul Allegré (1929)
Source : Arch. Nat. (dossier Boudoux)

Militant du Syndicat unique du bâtiment (SUB) de Lyon, Allegré fut, le 18 décembre 1924, candidat de l’UD-CGTU anarcho-syndicaliste au secrétariat de la bourse du travail de Lyon. Face à lui se trouvaient Champouret, candidat de l’UD-CGTU communiste, et Trivery, candidat de l’UD-CGT.

Au 1er tour, Allegré arriva en dernière position avec 16 voix contre 24 à Champouret et 19 à Trivery. Ce dernier, cependant, se désista en sa faveur : « Allegré est contre les partis politiques à la bourse du travail tandis que Champouret représente la candidature du Parti communiste », expliqua-t-il. Au 2e tour, 36 voix se portèrent sur Allegré contre 20 à Champouret.

Allegré devint dès lors la cible d’une violente campagne de dénigrement des communistes, qui l’accusaient d’avoir été élu avec les voix des réformistes.

Le 8 février 1925, l’UDU anarcho-syndicaliste, qui n’était plus reconnue par la CGTU, passa officiellement à l’autonomie. Le SUB et Allegré y furent affiliés.

En 1925, Allegré dirigea un comité d’action syndicaliste contre la guerre inspiré par les Jeunesses syndicalistes du Cartel autonome du Bâtiment, mis en place pour faire pièce, sur une base syndicaliste révolutionnaire, à la campagne du PCF contre la guerre du Rif.

Le 17 décembre 1925, il ne se représenta pas au poste de secrétaire de la bourse du travail. Le candidat de l’UD autonome fut Théophile Leclaire*, et il fut élu dans les mêmes conditions qu’Allegré un an auparavant.

Un conflit ne tarda pas à éclater cependant entre Leclaire et Allegré. Celui-ci, devenu boulanger, avait créé un syndicat autonome des boulangers, dont il était secrétaire. Mais Théophile Leclaire* s’opposait à ce que ce syndicat, jugé fantomatique, remplace le syndicat unitaire des boulangers à la bourse du travail.

Les 15 et 16 novembre 1926, lors du congrès fondateur de la CGT-SR à Lyon, Allegré fut élu à la commission administrative de la nouvelle confédération. Le 17 novembre, il présidait le meeting de présentation de la CGT-SR à la mairie du 6e arrondissement.

Le 18 novembre 1926, c’est Allegré, et non Leclaire, qui fut candidat de la CGT-SR au secrétariat de la bourse du travail. Il recueillit, au 1er tour, 31 voix contre 25 à l’unitaire Cleyet et 24 au confédéré Chapuis. Au 2e tour, les confédérés se reportèrent sur Cleyet, qui rassembla 40 suffrages contre 29 à Allegré. Cette fois, c’était un communiste qui était élu avec les voix des réformistes, ce que la CGT-SR ne manqua pas de dénoncer.

Le 12 décembre 1926, la tension éclata brutalement : communistes et anarcho-syndicalistes s’affrontèrent à la bourse du travail à coups de barres de fer et de bancs – un poêle à charbon en combustion fut même jeté dans l’escalier, menaçant de mettre le feu à l’établissement.

Le 7 janvier 1927, la vieille querelle entre Allegré et Leclaire dégénéra en un échange public de coups.

Le 27 juillet 1927, une commission d’enquête, nommée par le nouveau conseil d’administration de la bourse du travail, accusa Allegré d’avoir détourné de l’argent à son profit.

Attaqué sans relâche par des adversaires aussi nombreux que divers, Allegré disparut de la bourse après que le syndicat autonome des boulangers, qui l’avait délégué au conseil d’administration fut remplacé, le 3 août, par le syndicat unitaire.

En septembre 1928, il fut arrêté pour escroquerie à l’assurance en compagnie de Boudoux, Léon Cadoret, Antoine Guillet, André Guillaud et Lucien Sirac. Il habitait alors au 7, rue Moncey, était marié et avait deux enfants.

En février 1935, le syndicat des plâtriers-peintres de Lyon le désigna, pour le représenter au conseil d’administration de la bourse.

Les anciens militants du Cartel autonome du Bâtiment ont conservé de lui l’image d’un homme « qui lisait parfois jusqu’à quatre heures du matin ». Il se retira près d’Issoire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155624, notice ALLEGRÉ Paul, Marius [Dictionnaire des anarchistes] par Maurice Moissonnier, notice révisée par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 28 mars 2014, dernière modification le 1er septembre 2022.

Par Maurice Moissonnier, notice révisée par Guillaume Davranche

Paul Allegré (1929)
Paul Allegré (1929)
Source : Arch. Nat. (dossier Boudoux)

SOURCES : Arch. Nat. 19940474/222 (dossier Boudoux) — Arch. bourse du travail de Lyon — Le Semeur, organe de la bourse du travail de Lyon, décembre 1924, novembre 1926, janvier-août 1927, février 1935 — La Voix du Travail, octobre-novembre 1926 — Interview de militants du Cartel autonome du Bâtiment de Lyon (1923-1936) — Claire Auzias, Mémoires libertaires, Lyon 1919-1939, L’Harmattan, 1993 — Boris Ratel, « L’anarcho-syndicalisme dans le bâtiment en France entre 1919 et 1939 », mémoire de maîtrise d’histoire sociale, université Paris-I, 2000.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable