BERNERI Camillo [Dictionnaire des anarchistes]

Né le 20 mai 1897 à Lodi (Italie), mort à Barcelone le 5 mai 1937 ; enseignant, maçon, journaliste et traducteur.

Jeune socialiste, Berneri se trouvait en Suisse pour perfectionner son français lorsqu’éclata la Première Guerre. Il fit à Genève la connaissance de Louis Bertoni*. De retour en Italie, il poursuivit sa propagande antimilitariste mais passa trois ans à l’armée, ce qui ne l’empêcha pas de se marier en 1917 avec Giovanna Caleffi et d’entreprendre des études de philosophie. Il collaborait très activement à la presse anarchiste, débattant en particulier avec Luigi Fabbri et Errico Malatesta sur la nature de l’URSS et sur le syndicalisme.

En avril 1926, il s’exila à Nice où il resta jusqu’au début de l’année suivante ; puis, avec sa femme et leurs deux filles (voir Marie Louise et Giliane Berneri), ils s’établirent à Saint-Maur-des-Fossés en banlieue parisienne. Berneri se consacra alors à dénoncer les infiltrations fascistes dans les milieux exilés, dont il sera lui-même victime.

Arrêté une première fois en avril 1927, après la conférence internationale de L’Haÿ-les-roses (voir Makhno, ainsi que la participation de Berneri au débat sur l’organisation), il fut dès lors étroitement surveillé par la police. Le 11 décembre 1928, il fut expulsé de France et, jusqu’en 1930, ne cessa d’être harcelé par les polices belge, française, hollandaise, allemande et luxembourgeoise, au cours d’exils et de séjours en prison successifs. Il n’obtint de permis de séjour en France qu’en 1935, peu avant de partir pour l’Espagne. Il continuait toutefois de publier abondamment dans la presse anarchiste de langue italienne, en Suisse, aux États-Unis et en France.

Après plusieurs voyages en Espagne, il s’établit à Barcelone où il créa la section italienne de l’AIT et participa à la création de la section italienne de la colonne Ascaso, dont il fut délégué politique. Il ne resta pas longtemps au front ; de retour à Barcelone il prit en mains les émissions en italien de la radio et, depuis le 9 octobre, publia l’hebdomadaire Guerra di Classe. En novembre, il s’opposa à la militarisation et à l’entrée de la CNT au gouvernement sans toutefois condamner les ministres anarchistes, gardant l’espoir qu’ils fassent avancer la cause révolutionnaire : en avril 1937, dans sa lettre ouverte à Federica Montseny, il réclamait une prise de position claire contre les manœuvres des communistes et de leurs alliés.

Le 5 mai 1937 au soir, une patrouille vint arrêter chez eux Berneri et son ami Francesco Barbieri ; leurs cadavres furent retrouvés dans la nuit.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155630, notice BERNERI Camillo [Dictionnaire des anarchistes], version mise en ligne le 22 mars 2014, dernière modification le 23 février 2022.

ŒUVRE : Parmi les œuvres de Berneri, certaines ont été publiées d’abord en français : Le péché originel, Orléans 1931 ; Le juif antisémite, Paris 1935 ; Guerre de classes en Espagne, Nîmes 1938 ; Le Léonard de Freud. Voir aussi ses Œuvres choisies, Paris, 1988. Des articles sous sa signature ont paru dans L’En dehors, Le Combat syndicaliste, la Revue anarchiste, Terre Libre, L’Espagne nouvelle notamment. Pour une bibliographie plus complète, voir la notice dans le DBAI.

SOURCES : Notice de Gianni Carrozza dans Dizionario biografico degli anarchici italiani, op. cit.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable