COURTINAT Georges [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice revue par Rolf Dupuy et Guillaume Davranche

Né le 2 mars 1888 à Saint-Maurice-le-Girard (Vendée), mort le 25 avril 1955 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ; tailleur de pierre ; anarcho-syndicaliste.

Fils de Désiré Courtinat et de Justine Chalon, Georges fit son service militaire de 1908 à 1913 au 3e régiment d’infanterie coloniale à Rochefort puis fut mobilisé en août 1914 et rendu à la vie civile le 24 juillet 1919. Il était titulaire de la Crioix de guerre.

Membre du syndicat du Bâtiment de La Rochelle (Charente-Inférieure) au sortir de la Grande Guerre, Georges Courtinat fut l’un des animateurs de la minorité syndicaliste révolutionnaire de la fédération CGT du bâtiment. Cette tendance l’emporta au congrès fédéral de Dijon, en mai 1921, et Georges Courtinat fut élu trésorier de la fédération par le comité national le 23 juillet 1921, Couture étant secrétaire.

Après la scission syndicale de décembre 1921, Courtinat fit partie du comité de rédaction de La Bataille syndicaliste, organe de la tendance syndicaliste révolutionnaire de la CGTU, qui parut en mai et juin 1922, en vue du congrès confédéral de Saint-Étienne, auquel il fut délégué par plusieurs syndicats du bâtiment.

Après la victoire des syndicalistes pro-Moscou au congrès de Saint-Étienne, qui se tint du 25 juin au 1er juillet 1922, la minorité anarcho-syndicaliste récréa le Comité de défense syndicaliste (CDS) et Courtinat en fut un des animateurs sur la région parisienne.

Après 1922, il succéda à Antoine Pommier comme trésorier du Comité de défense sociale (CDS, voir Jean-Louis Thuillier). En 1927, il était toujours trésorier du Bulletin du CDS, dont le secrétaire était A. Pommier.

En juin 1923, il fut condamné avec Monier et Julien Le Pen pour des articles antimilitaristes parus dans Le Travailleur du Bâtiment.

Lors du IXe congrès de la Fédération unitaire du Bâtiment, tenu du 4 au 7 juillet 1923 à Paris, il présenta avec Couture le rapport moral. Celui-ci fut adopté à l’unanimité, mais Couture et Courtinat ne demandèrent pas le renouvellement de leur mandat, fidèles à leur attachement à la non-rééligibilité des « fonctionnaires syndicaux ». Ils demeurèrent néanmoins membres de la commission exécutive fédérale. Au cours de ce même congrès, Courtinat fut l’un des douze signataires de la motion sur l’orientation syndicale qui, affirmant son attachement à la Charte d’Amiens et votée largement, mit les communistes en minorité.

Le congrès CGTU de Bourges, auquel Courtinat assista du 12 au 17 novembre 1923, entérina la domination des communistes. Peu après les minoritaires se regroupèrent au sein de la Minorité syndicaliste révolutionnaire (MSR), à laquelle Courtinat appartint.

En décembre, il participa également avec Boudoux, Jouteau, Parant, Le Pen et Mercenier à la constitution du Cercle syndicaliste Fernand Pelloutier qui avait son siège à la Fédération du bâtiment, 33 rue de la Grange-aux-Belles, et dont Boudoux fut le secrétaire. Courtinat demeurait alors 118, boulevard de la Villette, à Paris 19e.

L’assassinat de Clos et Poncet le 11 janvier 1924 devait provoquer la scission de la CGTU. La fédération CGTU du bâtiment, dominée par les anarcho-syndicalistes, entra en négociation avec la fédération CGT, en vue d’une fusion dans l’autonomie. Les pourparlers se poursuivirent plusieurs mois en vain. Au conseil national fédéral des 27 et 28 juillet 1924, Courtinat défendit, avec Frago et Le Pen, le principe d’une poursuite des négociations. Leur motion ne recueillit que 3 voix contre 7, et les pourparlers furent rompus.

En juin 1924, le bureau de la MSR fut renouvelé. Courtinat en devint alors cosecrétaire, avec Le Pen.

La Fédération du bâtiment quitta officiellement la CGTU le 31 octobre 1924. Les 1er et 2 novembre était constituée l’Union fédérative des syndicats autonomes (UFSA), et Courtinat fut membre de son conseil d’administration provisoire (voir Lucien Huart). Il fut également nommé gérant de La Bataille syndicaliste, désormais porte-voix de l’UFSA et de la Fédération du bâtiment, et qui devait paraître jusqu’en octobre 1925.

En parallèle se tint le congrès de l’Union Anarchiste, du 1er au 3 novembre 1924, au terme duquel Courtinat entra au conseil d’administration du Libertaire quotidien avec Mualdès, Saling, Theureau et Doucet.

Georges Courtinat fut également très lié aux anarchistes italiens en exil. En 1925, c’est à lui qu’il fallait adresser les commandes pour l’ouvrage de Mario Traverso, Due Giubilei : 29 luglio 1900, édité par le groupe Pietro Gori. Puis il fut le gérant de plusieurs bulletins comme L’Agitazione (3 numéros de mai à octobre 1926) et les numéros uniques de Guerra di Classe publiés à l’occasion des 1er mai 1927, 1929 et 1930 par le Comité d’émigration de l’Union syndicale italienne (USI) au profit des prisonniers politiques.

Installé à Paris puis à Drancy en 1929, il était, depuis 1931, employé comme chef d’équipe tailleur de pierres aux Ponts et chaussées au service de la navigation de la Seine. Il fut secrétaire général du syndicat des ouvriers des Ponts et chaussées du département de la Seine.

En 1946, Georges Courtinat était encore directeur gérant de L’Ouvrier des Ponts-et-Chaussées, organe du syndicat. Ce journal fondé en 1938 avait cessé de paraître en 1940 puis revint en mars 1946, tiré à 3800 exemplaires.

Courtinat fut aussi signataire en 1948 du Manifeste des Groupes de liaison internationale (voir Albert Camus). Il est mort le 25 avril 1955 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155653, notice COURTINAT Georges [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice revue par Rolf Dupuy et Guillaume Davranche, version mise en ligne le 28 mars 2014, dernière modification le 1er juillet 2020.

Par Jean Maitron, notice revue par Rolf Dupuy et Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. F7/13651 et F7/13586. — Arch. Dép. Marne, 30 M 68. — Arch PPo, 77W1146 (rapport du 23 avril 1946, communiqué par Gilles Morin). — Etat civil. — L. Bettini, Bibliografia…, op. cit. — René Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit. — Josiane Garnotel-Obœuf « Étude de presse : Le Libertaire quotidien, 4 décembre 1923-26 mars 1925 », mémoire de maîtrise, université Paris-I, 1970. — Boris Ratel, « L’anarcho-syndicalisme dans le bâtiment en France entre 1919 et 1939 », mémoire de maîtrise d’histoire sociale, université Paris-I, 2000. — Notes de Marianne Enckell.

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