MASSOT Jules [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean-Luc Pinol, notice complétée par Guillaume Davranche

Né le 9 mars 1880 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), mort le 5 avril 1952 à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) ; ouvrier tourneur ; anarchiste et syndicaliste.

Jules Massot fut condamné, le 16 mai 1903, à deux mois de prison avec sursis pour violences et coups par la Cour d’appel de Dijon.
Installé à Paris vers 1908, il était en 1912 adhérent du Foyer populaire de Belleville, affilié à la Fédération communiste anarchiste (FCA), et membre du conseil d’administration du Libertaire. En avril 1912, il cosigna une affiche intitulée « À M. Georges Berry, pourvoyeur de bagnes », éditée par le Comité d’entente pour l’action antimilitariste.

Le 28 juillet 1912, en tant que membre du conseil syndical du syndicat des métaux de la Seine, il cosigna un manifeste contre la loi Berry-Millerand, affirmant que le syndicat viendrait en aide aux jeunes camarades qui choisiraient la désertion pour échapper à la loi. Le manifeste exhortait également les femmes à faire la « grève des ventres ».

De janvier à avril 1913, il hébergea son demi-frère, Charles Gandrey, un des animateurs de la FCA. Il habitait alors au 52, bd de Belleville, à Paris (XXe arr.).

Militant du syndicat des métaux de la Seine, il approuva l’exclusion d’Alphonse Merrheim par l’assemblée générale du syndicat, le 11 janvier 1914. Le syndicat des métaux de la Seine prit ensuite son autonomie et se constitua en Union syndicale des travailleurs sur métaux de la région parisienne. Massot en fut élu trésorier le 6 juin 1914. Il publia à ce sujet l’article « Un conflit syndical » dans Le Libertaire du 21 février 1914.

Mobilisé au début de la guerre, inscrit au carnet B, il fut affecté le 24 octobre 1914 comme tourneur à l’atelier de précision de la section technique d’artillerie, place Saint-Thomas-d’Aquin, à Paris (VIIIe arr.). Le 2 juin 1915, il fut signalé comme suspect au colonel directeur de l’atelier. Il fut alors mis sous surveillance, sans résultat. En 1916, il fréquentait les réunions des Amis du Libertaire, de Ce qu’il faut dire (voir Sébastien Faure) et des anciens du Foyer populaire de Belleville.

Le 28 juillet 1916, il adhéra au Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI). Il était alors adhérent du Syndicat du personnel des établissements militaires de la Seine.

En mars 1919 Massot fut signataire, au nom du syndicat des métaux, d’une protestation – signée également de Sirolle, Boudoux, Reimeringer, Le Meillour, Dondon, etc. – contre les perquisitions effectuées au siège du Libertaire après l’attentat commis par Émile Cottin contre Clemenceau.

Après la guerre, Jules Massot fut un des principaux animateurs de la minorité révolutionnaire de la Fédération des Métaux. En juillet 1921, il était, avec Berrar, co-secrétaire du syndicat des Métaux de la Seine, adhérant aux Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR).

Après la scission confédérale, Jules Massot participa à la mise sur pied de la Fédération unitaire des métaux. Lors du Ier congrès fédéral, à Saint-Étienne, les 24 et 25 juin 1922, il s’opposa avec succès à Théo Argence et Henri Raitzon qui proposaient que le siège de la fédération soit fixé à Lyon. Jules Massot, qui entendait consacrer ses efforts à la réorganisation des syndicats de la Seine, ne fut pas candidat au secrétariat fédéral, et Lucien Chevalier fut élu. Malgré tout, il obtint 17 voix et fut désigné pour porter la contradiction à Merrheim au congrès des Métaux d’Alsace-Lorraine. Il devait par la suite être élu trésorier de la Fédération unitaire des métaux.

Lors du Ier congrès de la CGTU (25 juin-1er juillet 1922, Saint-Étienne), Jules Massot vota, avec Berrar, la motion Monmousseau, qui se disait alors partisan de l’indépendance à l’égard du PCF. Il fut élu à la commission exécutive de la CGTU. Il intervint fréquemment, en 1922-1923 à Paris et en province, dans les réunions syndicales et dans les grèves, et notamment dans la campagne contre l’impôt sur les salaires.

En janvier 1923 à Essen (Allemagne), Jules Massot assista, en tant que délégué de la CGTU, à un meeting contre l’occupation de la Ruhr organisé par le Comité d’action contre l’impérialisme et la guerre. Le 10 janvier, de retour en France, il fut arrêté à Saint-Quentin (Aisne) et inculpé pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État.

Durant son incarcération à la Santé, il eut de très vifs échanges avec Monmousseau au sujet de l’orientation syndicale, et prit conscience que Monmousseau était désormais favorable à la liaison organique PCF-CGTU.

Remis en liberté le 7 mai, il bénéficia cependant d’un non-lieu le 13 juin.
Du 29 au 31 juillet, Jules Massot fut délégué au IIe congrès de la Fédération unitaire des métaux, où il apparut rallié à la minorité, avec Lucien Chevalier, Henri Bott, Benoît Broutchoux et Théo Argence. En séance, il s’éleva contre le noyautage des syndicats par les « commissions syndicales » du PCF. Il ajouta que, si le mouvement ouvrier avait un passé révolutionnaire c’est « parce que les partis politiques ont fait faillite », et il déclara : « Si [...] demain, les syndicats, profitant des événements révolutionnaires, s’emparaient des moyens de production et d’échange, à ce moment-là nous n’aurions pas besoin du parti politique car le syndicalisme [...] c’est la base, c’est la structure de demain. » Au terme du congrès, la minorité refusa de participer à la commission exécutive fédérale.

En octobre 1923, à l’approche du congrès de Bourges, les Groupes syndicalistes révolutionnaires (GSR, voir Benoît Broutchoux) le présentèrent sur leur liste de candidats à la commission exécutive confédérale de la CGTU.

Le 27 octobre 1923, à l’assemblée générale des Métaux de la Seine, en vue
du congrès confédéral, Massot fut mis en minorité.
Du 12 au 17 novembre 1923, il fut délégué au congrès CGTU de Bourges. Ayant jusque là siégé avec les GSR, il se radicalisa au cours des débats et rallia les anarcho-syndicalistes du Comité de défense syndicaliste (CDS, voir Pierre Besnard). Il déclara alors : « je dois reconnaître que j’ai été un naïf à Saint-Étienne. J’ai voté avec la majorité à ce moment-là. Jusqu’à une certaine époque, j’ai cru en effet que le syndicalisme n’aurait pas été mis sous tutelle ; aujourd’hui, mes illusions se sont envolées et je déclare ici franchement, catégoriquement, que, maintenant, je marche avec la motion [anarcho-syndicaliste] du Bâtiment. »

Après le congrès de Bourges, Massot appartint à la Minorité syndicaliste révolutionnaire (MSR), regroupement des GSR et du CDS.

Après l’assassinat de Nicolas Clos et Adrien Poncet, le 11 janvier 1924, de nombreux syndicats minoritaires rompirent avec la CGTU. Jules Massot, pour sa part, resta à la CGTU et continua à y militer pendant un an. Cependant, après le congrès des usines métallurgiques du 30 mars 1924, estimant avoir été insulté, il rendit son tablier, démissionna du syndicat et ne fit plus parler de lui.

Vers 1929, il participa à la création de l’Amicale des vieux syndicalistes de la métallurgie avec Victor Labonne et Charles Salembier. Cette amicale d’une soixantaine de membres s’était fixé pour but la solidarité entre ses membres, une réunion mensuelle et un banquet fraternel annuel qui se tenait boulevard de Belleville.

Massot fut rayé du carnet B le 3 août 1931. Il n’avait plus, à l’époque d’activités politiques depuis plusieurs années.

Il se maria en 1936 à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155687, notice MASSOT Jules [Dictionnaire des anarchistes] par Jean-Luc Pinol, notice complétée par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 8 avril 2014, dernière modification le 29 septembre 2021.

Par Jean-Luc Pinol, notice complétée par Guillaume Davranche

SOURCES : État civil de Chalon-sur-Saône. — Arch. Nat. F 7/13053, 13777, 13778. — Arch PPo GA/129. — Le Libertaire du 21 février 1914 et du 2 mars 1919. — l’Humanité, années 1921-1924. — Comptes rendus des congrès de la Fédération unitaire des Métaux, 1922 et 1923. — Arch. Jean Maitron.

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