PAILLETTE Paul, Ambroise, Henry [Dictionnaire des anarchistes]

Par Eric Coulaud, Marianne Enckell

Né le 15 avril 1844 à Paris, mort le 22 février 1920 à Paris (XXe arr.) ; poète et chansonnier anarchiste, végétarien et amour-libriste.

Détail d’une carte postale, 1914.
Détail d’une carte postale, 1914.

D’abord ouvrier ciseleur, Paul Paillette commença à fréquenter les réunions anarchistes vers 1887 et fit partie de divers groupes : Les hommes de peine, Les libertaires du 20e arrondissement, Le groupe Cosmopolite, etc. En 1888, il prit part au mouvement entrepris contre les bureaux de placement ; selon la police il se déclarait partisan d’actions violentes à mener contre ces établissements.

Il habitait 51, rue du Mont-Cenis à Paris et devint par la suite un chansonnier des cabarets de Montmartre, auteur de poésies où il exprimait ses idées libertaires, appelant de ses vœux une société plus juste comme dans Temps d’anarchie (ou Heureux Temps) chantée sur l’air du Temps des Cerises :

« Quand nous en serons au temps d’anarchie,
Le travail sera récréation au lieu d’être peine
Le corps sera libre et l’âme sereine
En paix fera son évolution. »

Il publiait et vendait lui-même ses vers sous forme de brochures qu’il réunit ensuite dans l’ouvrage Les Tablettes d’un Lézard, et animait par ses chansons révolutionnaires de nombreuses fêtes libertaires. Végétarien et partisan de l’amour libre, l’idée lui vint d’organiser en 1891 des déjeuners végétariens dans la salle d’un « établissement de vin » parisien, rue Boissy-d’Anglas, qui devint alors un lieu de rencontres pour les amour-libristes, sous cette devise : « Tout le bonheur a son nid dans le bonheur commun. Femme libre, amour libre ».

Il collaborait également à bon nombre de revues et journaux libertaires dont L’Avant-garde cosmopolite (Paris, 1887), L’Esprit de révolte (Paris, un numéro unique multigraphié en juillet 1888) ou L’Age d’or (Paris, 1900).

Il écrivit durant la Première Guerre mondiale dans les journaux d’E. Armand, Pendant la Mêlée puis Par-delà la Mêlée (son poème « Civilisation », publié le 1er octobre 1916, fut censuré par les autorités), ainsi que dans La Bataille et Ce qu’il faut dire (Paris, 1916-1917).

Veuf et sans ressources, il vivait dans depuis 1910 à l’hospice Debrousse, 148 rue de Bagnolet, à Paris 20e. En février 1914, il écrit à « Mes chers enfants » : « Si tu as des bottines de réforme, je serai, volontiers, preneur. » Plusieurs fêtes furent organisées à son bénéfice, notamment le 9 novembre 1913 par l’Université populaire, ou encore en novembre 1916 avec le concours de Xavier Privas et la participation de Sébastien Faure. Il était considéré comme le doyen des chansonniers montmartrois, et sa mort fut annoncée dans Le Libertaire du 29 février 1920.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155698, notice PAILLETTE Paul, Ambroise, Henry [Dictionnaire des anarchistes] par Eric Coulaud, Marianne Enckell , version mise en ligne le 22 mars 2014, dernière modification le 24 août 2022.

Par Eric Coulaud, Marianne Enckell

Détail d'une carte postale, 1914.
Détail d’une carte postale, 1914.

ŒUVRE : Tablettes d’un lézard, Paris, 1910.

SOURCES : Léon de Bercy, Montmartre et ses chansons, Paris, 1902 — Ephéméride anarchiste — R. Bianco, « Cent ans de presse anarchiste… », op. cit. – Notes de Rolf Dupuy — Vivien Bouhey, "Les anarchistes contre la République", annexes 24 et 38. — Robert Brécy, Autour de La Muse rouge (Groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires) 1901-1939, Éditions Christian Pirot, 1991. — Etat civil.

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