REAL Jean-Baptiste [Dictionnaire des anarchistes]

Jean-Baptiste Réal est un ancien criminel de droit commun, condamné plus de 12 fois pour des délits liés à sa condition précaire (vol, vagabondage, rupture de ban, etc.). Jusqu’en 1876, il se faisait discret sur le plan politique. Alors installé à Roanne, expulsé des usines à cause de son casier judiciaire, il était devenu écrivain public. Il fut arrêté en mars 1876, à Roanne, lors de l’affaire des « Affiches séditieuses » avec Marius Rausch, François Bonnet, Claude Poyet et Jean-Marie Brossard. En effet, lors des élections législatives de 1876, une série d’affiches dactylographiée fut retrouvée collée dans toute la ville de Roanne (« Vive la Révolution sociale ! Á bas tout ce qui ne produit pas et qui consomme ! Vive la Révolution sociale ! »). Celles-ci s’en prenaient aux candidats, à l’État, aux élections et réclamaient une fédération de Communes. C’est la première fois que des revendications anarchistes étaient faites sur Roanne. Si le meneur Marius Rausch fut rapidement appréhendé et condamné à 4 ans de prison et entre 50 francs et 150 francs d’amende, c’est Réal, en tant qu’écrivain et multirécidiviste qui fut le plus lourdement condamné avec 5 ans de prison et d’une amende de 5 000 francs.
C’est suite à cette condamnation qu’il devint un militant anarchiste régulier à sa sortie de prison en 1881. La police qualifiait de « très intelligent ». S’il se fit discret dans un premier temps, il rejoint rapidement le premier groupe anarchiste de Roanne, crée en mai 1882, à la suite de la grève des tisseurs du début d’année. Sans être un leader du mouvement anarchiste local, il devint un militant régulier connu et permit à celui-ci de se développer en mettant ses compétences d’écrivain public pour ses compagnons roannais. Il fut aussi lecteur public au sein du groupe « Le Revolver », prônant la doctrine anarchiste à ceux qui le lui demandaient, ainsi que le correspondant régulier de divers journaux anarchistes. Ne cachant pas son anarchisme, il fit l’objet d’une surveillance régulière de la part de la police et fut un suspecté par défaut dans les attentats du Café Helvétique en 1883 et de la prison de Roanne en 1884.
Il fut aussi membre de la Libre-Pensée de Roanne.
Il mourut finalement le 20 mai 1895, à 57 ans. Il vivait dans une telle misère que ses deux filles étaient obligées de se prostituer pour survivre. Ayant gagné le respect de tous les socialistes de Roanne, c’est un cortège funèbre de plus de 250 personnes qui l’accompagnent durant son enterrement civil.