RITZERFELD A. [ou Léopold] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Marianne Enckell

Né vers 1851, peut-être mort en novembre 1893. Employé ; gérant de La Révolte.

Ritzerfeld était au début des années 1880 le principal animateur avec Clément Duval du groupe La Panthère des Batignolles ; il habitait 128 rue de Courcelles à Paris 17e. En janvier 1885, il était signalé par la police pour être allé « chercher les drapeaux rouges qui ont servi pour l’enterrement de la mère de Louise Michel ainsi que les armes nécessaires pour le meeting ».

Le 13 juin 1874, il avait été condamné à huit jours de prison par le tribunal correctionnel de Paris, avec cinq autres personnes, pour des incidents survenus à la Gare Saint-Lazare et visant Gambetta et Ordinaire.

En octobre 1888, il annonça la formation d’un nouveau groupe anarchiste à Levallois-Perret. En 1891 il fut de septembre à novembre (n°21 à 29) l’administrateur gérant de L’En Dehors (Paris, 1891-1893) fondé par Zo d’Axa*. Il participa également à la rédaction du journal de Jean Grave* La Révolte (Paris, 1887-1894) Lors d’un emprisonnement de Grave, il fut le gérant du journal d’août à septembre 1892. Grave l’évoqua en ces termes :

« Au journal, Ritzerfeld et Paul Reclus* s’occupaient du reste. Ritzerfeld était un garçon intelligent, mais qui n’avait pas su se plier à aucun travail régulier. Il vivait aux crochets de sa mère, déjà âgée qui, elle-même, vivait d’une maigre pension que lui faisaient des parents, riches marchands de vin à Bordeaux… Lui venait, depuis quelques temps déjà, au journal deux ou trois fois par semaine, m’aidant à la besogne sans rechigner, faisant les courses, la correspondance ou allant à la Bibliothèque nationale – je lui avais obtenu une carte – pour y copier tous les passages d’auteurs que l’in me signalait pour le Supplément [littéraire]. Il était un exemple de notre mauvaise organisation sociale qui ne sait pas fournir de place aux aptitudes. Ritz était un paresseux. Et, pourtant, il restait toute la journée au bureau, copiant des adresses, ou tout autre travail assommant, sans aucune rémunération. Il mourut de bonne heure. En lui je perdis un bon camarade et un bon collaborateur ».

Il s’agit sans doute de Léopold Ritzerfeld dont La Révolte annonçait le décés de phtisie en novembre 1893. Mais il pourrait y avoir deux personnes portant le même nom, puisque Grave dans ses souvenirs mentionne une visite de Ritzerfeld après l’évasion du bagne de Clément Duval, soit après 1901.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155747, notice RITZERFELD A. [ou Léopold] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Marianne Enckell, version mise en ligne le 22 mars 2014, dernière modification le 25 janvier 2019.

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Marianne Enckell

SOURCES : Arch. P. Po. B.A./74, rapport du 15 janvier 1885, cité par Vivien Bouhey — R. Brécy, Histoire du Mouvement syndical, op. cit. — Jean Maitron, Le Mouvement anarchiste... op. cit. — R. Bianco, « Un siècle de presse anarchiste… », op. cit. — J. Grave, Quarante ans de propagande…, op. cit.Journal des débats, 14 juin 1874, Gallica — La Révolte, 28 octobre 1888, 9 décembre 1893 — Vivien Bouhey, op. cit., annexe 24.

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