ANGIOLILLO Michele [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell

Né à Foggia (Italie) le 5 juin 1871 ; mort exécuté à Madrid le 20 août 1897. Typographe, adepte de la propagande par le fait.

Enrôlé dans l’armée en 1894, Angiolillo devint anarchiste à la lecture de brochures militantes et prit part à des actions de protestation contre le gouvernement italien. Condamné à 18 mois de prison pour la publication d’articles jugés subversifs, il s’enfuit d’Italie et trouva refuge à Marseille, où il apprit le métier de typographe. En septembre 1895, il se rendit à Barcelone sous le nom de José Sants et travailla à l’imprimerie de la revue anarchiste Ciencia Social. Détenu après l’attentat de la rue Cambios Nuevos en juin 1896, il retourna ensuite à Marseille. Mais il fut expulsé en Belgique (où il avait vécu en 1888-1889) par la police française qui le soupçonnait de préparer un attentat. A Bruxelles, il adhéra à un syndicat de typographes. En 1896, il se rendit à Londres (où il se lia d’amitié avec Malatesta et Rudolf Rocker), puis à Lisbonne, Paris et finalement Madrid, où il rencontra le libre-penseur José Nakens.

Le 8 août 1897, dans la station balnéaire de Santa Agueda (Pays basque), il tua de quatre coups de revolver le président du Conseil espagnol, Antonio Cánovas del Castillo, politicien réactionnaire, responsable de la torture et de l’exécution des anarchistes à Montjuich (Barcelone), et se laissa immédiatement arrêter. Jugé les 14 et 15 août, il fut condamné à mort et exécuté au garrot vil le 20 août 1897, dans la prison de Vergara. Lors de son procès. il aurait déclaré vouloir venger « non seulement nos frères d’Espagne, mais ceux d’Italie, de France, tous ceux qu’on a persécutés et exécutés sans merci », et se serait exclamé : « C’est maintenant le tour de Felix Faure ; ce c…-là y passera comme Carnot » (le Figaro, 12 août 1897). Cette phrase alimenta évidemment la rumeur d’une conspiration anarchiste internationale : "En Belgique, il fit partie de divers complots anarchistes internationaux", écrivait par exemple Le Courrier de Bruxelles à sa mort.

En septembre 1897, un placard faisant l’apologie de l’attentat était affiché à Agen. Imprimé sur papier rouge, il était intitulé Germinal !, le dernier mot prononcé par le condamné, et portait sa photo encadrée d’une pièce de vers appelant aux armes les prolétaires et prédisant de sanglantes représailles (Journal de Genève, 14 septembre 1897).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155796, notice ANGIOLILLO Michele [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, version mise en ligne le 26 mars 2014, dernière modification le 26 mars 2014.

Par Marianne Enckell

SOURCES : Algemeen Rijksarchief (Brussel), Vreemdelingenpolitie, Individueel Dossier 604.512 : M. Angiolillo. — H. Vanden Broeck, "Omdat zij de vrijheid..., p. 154, 172 = De geschiedenis van het anarchisme in België, en ligne — Dizionario biografico degli anarchici italiani, op. cit. — Ephéméride anarchiste — Journal de GenèveLe Figaro.

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