BELLOTI Victorine [dite Veuve BELLOTI, née TRUCANO] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche, Dominique Petit

Née le 12 mai 1839 à San Maurizio (Italie) ; chapelière ; anarchiste illégaliste ; inculpée du « procès des Trente ».

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

Victorine Trucano était-elle l’épouse de Belloti, signalé par l’indicateur Droz dans un rapport du 5 mars 1881 : « Une lettre, lue jeudi soir venant d’Imola où nous avons comme correspondant Belloti, annonce que de nouveaux groupes collectivistes révolutionnaires viennent de se former à Matella, Baratella, Gatéo, Cesame, Saraceno et d’autres localités. Ce Belloti a été rédacteur au journal L’Ateo de Livourne. » Le journal d’orientation rationaliste était paru de 1877 à 1880.

En 1892-1893, elle fit partie de la « bande Ortiz » pour laquelle elle agit, vraisemblablement, comme receleuse.

Au mois d’octobre 1893, elle s’installa au 1, bd Brune, à Paris 14e avec son fils Louis et une partie de la bande (Paul Chericotti, Marie Milanaccio et son compagnon Orsini Bertani). C’est là que le butin des cambriolages était entreposé.

Lors la descente de police du 19 mars 1894, Mme Belloti et son fils furent entourés par des individus vêtus de blouses, coiffés de casquettes, qui les en traînèrent au poste. Ils ne firent aucune résistance, pensant qu’il y avait erreur et qu’après explication, on les remettrait en liberté. Mme Bellotti laissa même chez elle son plus jeune enfant. Elle fut arrêtée et incarcérée avec son fils Louis. Selon le journal L’Intransigeant, Mme Bellotti et son fils avaient été arrêtés comme anarchistes, voleurs et receleurs sur la dénonciation d’une femme qui voulait se venger d’eux.

Du 6 au 12 août 1894, elle comparut avec toute la « bande Ortiz » devant les assises de la Seine dans le cadre du « procès des Trente » (voir Élisée Bastard). Défendue par Me Félicien Paris, elle fut acquittée.
Elle était accusée d’avoir aidé au transport de malles suspectes. Elle s’en défendit :
Le président. — Il est avéré, dit l’accusation, que vous avez aidé la veuve Milanaccio, huit jours avant son arrestation, à transporter, sur l’ordre d’Ortiz dans un endroit ignoré, une malle et un sac de voyage contenant des objets soustraits frauduleusement.
Femme Bellotti. — Tout cela est faux. Je me demande pourquoi je suis ici et mon fils aussi.
L’avocat général Bulot déclara à la fin de l’audience : "Quant à la mère Belloti et à son fils, c’étaient des anarchistes pauvres, nourris par leurs compagnons. Je ne vois pas d’inconvénients à ce qu’ils soient remis en liberté. Ils ont fait partie du petit phalanstère anarchiste du boulevard Brune mais ils n’ont pas pris part au vol. »
Défendue par Me Félicien Paris, elle fut acquittée. Elle avait effectué 5 mois de détention préventive.
Après l’acquittement, elle réclama au commissaire de police les objets saisis chez elle. Le commissaire répondit qu’il n’était pas concierge et qu’elle ne lui avait rien confié. Au parquet, où elle avait ensuite porté ses réclamations, on avait répondu à Mme Bellotti qu’on ne pouvait rien lui rendre tant que les délais de cassation ne seraient pas expirés.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°238.620.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155808, notice BELLOTI Victorine [dite Veuve BELLOTI, née TRUCANO] [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, Dominique Petit, version mise en ligne le 22 mars 2014, dernière modification le 11 août 2022.

Par Guillaume Davranche, Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

SOURCES : Journal des débats du 15 juillet 1894 et du 6 au 13 août 1894 — Alphonse Bertillon, Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières, Paris, Imprimerie Chaix, 1894 — Le Figaro 8, 9 août 1894 — L’Union libérale 9 août 1894 — Le Petit Journal 10 août 1894 — La République française 10 août 1894 — L’Intransigeant 7 septembre 1894 — Archives de la Préfecture de police de Paris Ba 438, 1500 — Note Eric Coulaud.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable