DUPRAT Louis [François, Louis] [dit Paul ou Pilloux] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche, Rolf Dupuy

Né à Saint-Martin (Gers) le 27 octobre 1857 ; ouvrier tailleur puis marchand de vins ; inculpé du procès des Trente.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Ouvrier tailleur, Louis Duprat fonda à Paris, avec Vilhem et Conchot*, en juin 1882, le groupe anarchiste L’Aiguille. Tous les trois appartenaient au syndicat des tailleurs – exclusivement anarchiste – et qui ne groupa qu’une dizaine d’adhérents dont Bordes*, Cahuzac et les frères Bourdin.

En 1884, il prit une part active à l’agitation des ouvriers sans travail, en concurrence avec les blanquistes.

En 1884-1885, il fut un des principaux rédacteurs de Terre et Liberté (voir Antoine Rieffel).

Par la suite, Duprat fréquenta le Cercle anarchiste international qui, fondé en 1888, était le principal lieu de rencontre anarchiste à l’époque (voir Alexandre Tennevin). Il s’y classa plutôt parmi les partisans de l’action ouvrière collective et était proche d’Émile Pouget*. Lors de la grande grève des dockers britanniques, en septembre 1889, il proposa en réunion d’envoyer à Londres un télégramme « les encourageant à la vigueur et excitant toutes les corporations à suivre les ouvriers des docks ».

En 1890, il s’établit comme marchand de vin rue Joquelet, puis 11, rue Ramey, à Paris 18e, et son échoppe devint un des rendez-vous anarchistes de la capitale.

Louis Duprat dut fuir en Grande-Bretagne au moment de la vague de répression anti-anarchiste de 1892-1894. Il y vécut quelque temps sur Great Coram Street avec le compagnon Molas, puis avec sa compagne Louise Pioger (dite Quitrime) au 24, Grafton Street, à Soho. Il fut un militant particulièrement actif dans la proscription.
Duprat fut jugé par contumace dans le cadre du « procès des Trente » du 6 au 12 août 1894 (voir Élisée Bastard). Il fut condamné par défaut, le 21 octobre, à vingt ans de travaux forcés.

Cinq mois plus tard, alors que la situation politique s’était détendue, Duprat rentra en France pour demander la révision du procès. Arrivé à Paris le 4 mars 1895, il fut arrêté le jour même, en compagnie de Sébastien Faure*, alors qu’il se rendait au palais de justice, sur l’île de la Cité. Il comparut le 12 mars 1895 devant le cours d’assises de la Seine, qui l’acquitta.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155882, notice DUPRAT Louis [François, Louis] [dit Paul ou Pilloux] [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, Rolf Dupuy, version mise en ligne le 20 mars 2014, dernière modification le 24 avril 2020.

Par Guillaume Davranche, Rolf Dupuy

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES : Le Journal des débats du 15 juillet 1894 — La Presse du 30 décembre 1884 — Le Gaulois du 5 mars 1895 — La Croix du 6 mars 1895 — Le Petit Parisien du 13 mars 1895 — CQFD, n° 4, s. d. [23 février 1945] — Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste en France (1880-1914), Gallimard, 1975 — René Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit. — Constance Bantman, « Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914 : Échanges, représentations, transferts », thèse en langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes, Paris-XIII, 2007 — notes de Dominique Petit.

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