LIÉGEOIS François [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche, Dominique Petit

Né le 14 octobre 1863 à Villette (Meurthe-et-Moselle) ; cordonnier ; anarchiste illégaliste ; inculpé du « procès des Trente ».

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

François Liégeois, fit, en 1892-1893, partie de la « bande Ortiz » pour laquelle il servit, vraisemblablement, de receleur.
Il fréquentait le « repaire » de la bande au 1, bd Brune, à Paris 14e. Après la descente de police du 18 mars 1894, le 24 mars 1894, la police découvrait, chez Liégeois, une grosse valise déposée par Chericotti. Dans cette valise se trouvait un grand nombre d’objets venant de Nogent-les-Vierges. Il fut arrêté le 27 mars et incarcéré. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°269.808.
Du 6 au 12 août 1894, il comparut avec toute la bande devant les assises de la Seine dans le cadre du « procès des Trente » (voir Élisée Bastard). Interrogé par le président, il déclara :
— « Q. Vous êtes lié avec Chericotti.
— R. Je le connaissais depuis dix jours à peine et je lui ai donné l’hospitalité pendant trois jours. Il a mangé chez moi.
— Q. Êtes-vous anarchiste ?
— R. Non, je ne suis pas anarchiste.
— Q. Vous vous déclarez antipatriote ne reconnaissant pas le cambriolage comme une action blâmable.
— R. Ce n’est pas exact, j’ai dit que l’ouvrier qui a travaillé toute sa vie sans rien pouvoir amasser peut prendre où il trouve, quand il a faim. J’ai connu Chericotti dans un restaurant de Montmartre, il est venu chez moi avec une valise, me demandant de la garder ; j’ai accepté.
— Q. Vous ne saviez pas que c’étaient des objets volés ?
— R. Je ne l’ai jamais su, je le voyais propre, rangé il m’avait plu d’abord et je lui ai rendu service.
— Q. Il vous encombrait d’objets.
— R. Oui il m’en à apporté plusieurs et je l’ai envoyé chez Selle pour y mettre ceux qui me gênaient.
— Q. Mais il avait un nombre de colis inusité qui aurait dû éveiller votre attention.
— R. II m’a dit que c’étaient des commissions. Je ne savais pas ce que contenaient ces valises. On m’accuse de vivre de vol et de professer le cosmopolitisme. Depuis mon retour du service militaire j’ai fait quatre patrons dans Paris et je travaille tous les jours. Toutes les accusations ne reposent sur rien. »
Défendu par Me Gautier-Rougeville, il fut acquitté.
François Liégeois figurait sur l’Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières de septembre 1894.
S’agissait-il du même François Liégeois qui était noté sur l’état récapitulatif des anarchistes du 31 décembre 1894, il habitait 13 rue Chappe ? Sur les états du 31 décembre 1896 et de 1901, il demeurait 22 rue Durantin, il était classé « dangereux ». Son dossier à la Préfecture de police portait quant à lui le n°334.147.
Le 3 octobre 1900, l’indicateur Finot signalait qu’il était membre, avec notamment Pierre Louvet, Noël et Brossard, du petit groupe de cordonniers anarchistes qui se réunissait à Montmartre rue Burq, chez le marchand de vin Lisle.
Le même indicateur notait le 10 novembre 1900, que quelques camarades fondaient un groupe absolument fermé, où seuls les ouvriers cordonniers anarchistes pouvaient aller. Ce groupe se réunissait Aux Lions Caulaincourt (Port Caulaincourt). Parmi ses principaux membres se trouvaient François Liégeois, Pierre Louvet, Lille et Brossard. Liégeois était signalé dans les réunions du groupe Les Iconoclastes animé par Janvion.
François Liégeois était avant la première guerre mondiale militant de la Fédération Communiste Anarchiste (FCA).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155916, notice LIÉGEOIS François [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, Dominique Petit, version mise en ligne le 28 mars 2014, dernière modification le 13 juin 2021.

Par Guillaume Davranche, Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Fiche Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

SOURCES :
Archives de la Préfecture de police BA 1498, 1500,1508, 1513 — Journal des débats du 15 juillet 1894 et du 6 au 13 août 1894. — La Gazette des tribunaux 8 août 1894 — Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières, Paris : Imprimerie Chaix, 1894. — Notice François Liégeois et Pierre Louvet du Dictionnaire des militants anarchistes. — Archives départementales de Meurthe-et-Moselle. État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable