ROUBINEAU Paul [dit Paul] [Dictionnaire des anarchistes]

Par René Bianco, Mauricette Laprie

Né le 19 juin 1876 à Bordeaux (Gironde), mort le 14 février 1927 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; cocher, pâtissier. Anarchiste et syndicaliste à Bordeaux et à Marseille.

Fils de père inconnu et de Marie Roubineau, cuisinière, demeurant 101 rue Porte Dijeaux à Bordeaux ; parfois orthographié Robineau, Robunaud, Robinet.
Employé dans une librairie –licencié pour ses opinions manifestes d’anarchiste, garçon boulanger, il devint cocher au printemps 1893, pour une maison de produits alimentaires « Au Faisan Doré », rue Sainte-Catherine à Bordeaux.
Inscrit sur la liste des anarchistes de Bordeaux en décembre 1893, à la suite d’une prise de parole lors d’une réunion tenue 98 rue Condorcet, le commissaire de police le qualifia « d’anarchiste militant très énergique pour son âge ». Il fut surpris dans la nuit du 13 au 14 janvier 1894 en flagrant délit d’affichage de placards anarchistes sur les murs de l’hôtel de ville de Bordeaux, en compagnie de Jean Faure et Maurice Malissin ; arrêté, placé dans une cellule séparée au Fort du Hâ, il fut remis en liberté provisoire sous caution le 19 janvier. Son jeune âge 17 ans, lui permit de ne pas passer en jugement.
Il quitta furtivement Bordeaux le 9 février, pour se rendre à Paris. Revenu à Bordeaux le 29 juillet Il embaucha aux « Nouvelles Galeries », qui le remercièrent le 6 février 1895, le 16 mars, il trouva un emploi de garçon de courses dans une pâtisserie viennoiserie, rue Sainte-Catherine, où il resta jusqu’au 5 février 1896.
Le 6 février 1896 à, il quitta Bordeaux pour Paris ou Marmande. Le 24 février 1896, de retour d’Espagne, il participa à une réunion du Groupe des Libertaires, rue Leyteire. Ses déplacements furent scrupuleusement surveillés par le commissariat central « 10 août 1896, serait parti travailler dans le Médoc… se serait rendu à Royan en passant par Soulac. On croit qu’il est allé rejoindre le compagnon COSTE employé au casino de Royan… 12 août de retour à Bordeaux… 16 août Saint Laurent du Médoc… 17 août Bordeaux... 22 septembre parti vendanger ?... 10 octobre de retour à Bordeaux... 25 novembre quitte Bordeaux pour une destination inconnue muni d’une lettre de recommandation de M. Jourde, député de la Gironde pour Paris, la Belgique ?... ».
Dans un rapport du 29 juin 1897 au Préfet de la Gironde, le commissaire central le soupçonna « d’être celui qui aurait placé la bombe explosive au pied de la statue de Strasbourg, place de la Concorde à Paris » le 17 juin.

Entre 1897 et 1903, ses voyages entre Paris et Bordeaux seront très fréquents. Dans une lettre du 10 février 1903 il demanda à être radié de la liste de surveillance des anarchistes. Cependant dans son rapport le commissaire émit des doutes « « prétend avoir renié l’anarchie, ne fréquente plus aucun compagnon, pour s’affilier à la Patrie française et faire de la propagande en faveur de M. Ballande, député de Bordeaux ». Il se ravisa le 11 mai : « il parait versé dans le nationalisme … a quitté Bordeaux pour Paris ». Le Préfet de la Gironde le raya de la liste le 15 juin.

Le 14 mai 1908, la 10ème chambre du Tribunal correctionnel de la Seine le condamna par jugement contradictoire à un an de prison pour vol – il habitait Paris depuis octobre 1899.

Il s’établit à Marseille à une date inconnue. S’il s’agit bien de la même personne, Paul Roubineau dit Paul fut avant la Première Guerre mondiale un militant très actif des Jeunesses syndicalistes révolutionnaires (JSR) et du Comité de Défense sociale (CDS). C’est notamment lui qui, le 1er octobre 1912, au meeting de la salle Levy aux Chartreux, mit Rousset->154686] en garde « contre ceux qui veulent, de son auréole, en faire un tremplin électoral ». Paul Roubineau accompagna quelquefois Jean Marestan dans ses conférences.

En 1913 il appartenait au Groupe d’études sociales qui réunissait des anarchistes de toutes tendances. Cette même année 1913, il participa avec J. Casanova, L. Denis et H. Cachet à la fondation du journal La Gifle (Marseille, 2 numéros en novembre) qui menait campagne contre « les fonctionnaires syndicaux » et notamment contre «  le pontife Boisson, ce guignol qui préside aux destinées du syndicat unique du bâtiment » (cf. n°2).

Alors qu’il résidait au 39 rue Coutellerie à Marseille, il fut mobilisé dans la 18ème section des infirmiers, du 19 août 1914 au 10 février 1919, cité à l’ordre du régiment pour « s’être particulièrement distingué au cours d’évacuation de jour et de nuit sur des pistes violement bombardées du 10 au 19 mai 1917 », la Croix de guerre étoile de bronze lui fut décernée. Il se retira à Marseille où il mourut en 1927.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155970, notice ROUBINEAU Paul [dit Paul] [Dictionnaire des anarchistes] par René Bianco, Mauricette Laprie, version mise en ligne le 27 mars 2014, dernière modification le 23 mai 2020.

Par René Bianco, Mauricette Laprie

SOURCES : Arch. Dép. Gironde 1 M 471, 1 M 508. — Registre matricule de Bordeaux, classe 1896, n° 2734. — L’Express du Midi, 18 juin 1897. — État civil de Bordeaux (Gironde) et Marseille. — Arch. Dép. Marseille M6/3355, 3851, 3860, 10810. — R. Bianco, Le Mouvement anarchiste à Marseille, op. cit. — R. Bianco, Un siècle de presse anarchiste, op. cit.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable