TERZAGHI Carlo (Charles) [dit Angelo AZZATI, Matteo SCHIPPOLINO, Charles NEGRO] [Dictionnaire des anarchistes]
Par Marianne Enckell
Né à Lodi (Italie) en 1845, mort à Genève le 11 décembre 1897. Rédacteur, typographe, publiciste, indicateur de police.
Peu après la Commune de Paris, Terzaghi fonda à Turin le journal Il Proletario Italiano pour défendre ses idées. En septembre 1871 il prit contact avec Bakounine et Marx pour obtenir leur soutien en vue de fonder une section de l’Internationale à Turin. Délégué à plusieurs congrès, il fut vite soupçonné de jouer un double rôle (les Jurassiens lui avaient déjà refusé son mandat pour le congrès de Saint-Imier du 15 septembre 1872), ce que confirma une enquête de Cafiero en novembre 1872 (Le cas Terzaghi, publié à Genève en 1875), et il fut expulsé de la Fédération italienne le 15 mars 1873.
En novembre 1874 il s’établit à Genève où il rédigea et composa Il Proletario (décembre 1874-mai 1875, gérant Henri Perret). Ecarté par ses collaborateurs, il publia alors Re Quan Quan (bilingue, Genève, décembre 1876-février 1878, 4 numéros), où il tentait de répliquer aux critiques de la Fédération jurassienne, de Malatesta, Cafiero et d’autres, mais où il défendait aussi les mesures répressives du gouvernement italien. Changeant souvent de nom, il se spécialisa dans les provocations et les délations contre anarchistes, socialistes et républicains, contribuant à l’expulsion de nombreux militants italiens de Suisse. Responsable de L’Ere Nouvelle (1884) sous le pseudonyme d’Angelo Azzati, il publia un dernier journal, L’Explosion, organe de lutte pour la vie (Carouge/Genève, avril 1884, deux numéros), où il polémiquait notamment avec Georges Herzig*, l’accusant de craindre "la concurrence des vrais révolutionnaires".
L’enquête menée en 1885 par le procureur de la Confédération sur les menées anarchistes révéla son rôle de confident. Mais il continua de se faire passer pour un militant sous l’un ou l’autre de ses pseudonymes.
En 1887, sous son pseudonyme d’Azzati, il collabora à la deuxième série de La Révolution cosmopolite (Paris ; voir Malato) avec un autre mouchard, l’ancien policier Castagneto qui avait pris Preti pour pseudonyme. Habitait-il alors Paris ?
Par Marianne Enckell
SOURCES : Marc Vuilleumier, « La police politique en Suisse 1889-1914 », in Cent ans de police politique en Suisse, 1889-1989, Lausanne 1992 — Pier Carlo Masini, Cafiero, Milan 1974 — Rapport du procureur général de la Confédération au Conseil fédéral sur les menées des anarchistes en Suisse (mai et juin 1885), Berne, 1885, p. 596 — René Bianco, « Un siècle de presse anarchiste », op. cit. — Journal de Genève, avril 1884 et 24 juillet 1885 – Umanità Nova, 20 février 2011 – Piero Brunello, Storie di anarchici e di spie, Donzelli 2009 — Charles Malato, "Mémoires d’un libertaire", Le Peuple (Paris), 1937-1938).