DELAGARDE Victor, Louis, Achille

Par Jean Maitron, complété par Guillaume Davranche

Né le 16 septembre 1890 à Paris (Ve arr.) ; mort le 4 décembre 1954 à Orléans (Loiret) ; mécanicien en instruments de précision ; anarchiste et syndicaliste, puis communiste.

Fin 1913, Victor Delagarde cumulait les fonctions au sein de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR). Il était à la fois secrétaire du groupe de Paris 5e-13e, secrétaire adjoint de la FCAR – Marcel Hasfeld étant secrétaire – et secrétaire adjoint de l’union régionale parisienne de la FCAR constituée le 31 août 1913, François Cuisse en étant le secrétaire. Il habitait alors 19, rue Croulebarbe, à Paris 13e.

Il appartenait aussi aux amis des Temps nouveaux ainsi qu’au groupe des Amis du Libertaire, et était syndiqué à l’Union corporative des ouvriers mécaniciens.

En février 1914, il fut élu secrétaire de l’Union régionale parisienne de la FCAR en remplacement de Cuisse. Les groupes adhérents étaient alors : Paris 5e-13e (secrétaire : Guillaume) ; Paris 11e-12e (secrétaire : Laurent Desgouttes) ; Paris 14e (secrétaire : Lucien Assié) ; Paris 15e (secrétaire : Joseph Richard) ; Paris 16e (secrétaire : Hubler) ; Paris 17e (secrétaire : Albert Vigneau) ; Paris 18e (secrétaire : François Dalmau) ; Paris 19e (secrétaire : René Cocogne) ; Foyer populaire de Belleville (secrétaire : Joseph Liger) ; Club anarchiste-communiste (secrétaire : Albert Togny->154700) ; Asnières (secrétaire : Gabriel Lacaze) ; Boulogne (secrétaire : Jacquin) ; Le Bourget (secrétaire : Duhamel) ; Clichy (secrétaire : Kléamer) ; Courbevoie (secrétaire : Pierre Le Meillour) ; Montreuil (secrétaire : François Appert) ; Pantin-Aubervilliers (secrétaire : Louis Bouffechoux).

Mobilisé le 1er août 1914 au 59e régiment d’artillerie puis, placé en sursis d’appel le 26 juillet 1915, il fut affecté spécial aux usines Morane, rue Jenner à Paris. Élu délégué ouvrier dès 1915, il fut licencié pour avoir fait la grève pour la paix en mai 1918, et affecté au 13e régiment d’artillerie puis, le 1er juillet 1919, il fut transféré au 6e dragons.

Lorsqu’il fut démobilisé, le 13 août 1919, il fut embauché par l’Association des ouvriers en instruments de précision (AOIP), société coopérative de production dont il devait devenir le directeur vers 1929.

Delagarde adhéra, en février 1919, au groupe des Jeunesses socialistes révolutionnaires de Paris 13e. En septembre 1920, il fut élu secrétaire de la section administrative du syndicat des ouvriers sur métaux (section de la petite mécanique, tourneurs en optique, etc.).

Militant de la minorité révolutionnaire de la CGT, il fut, en octobre 1920, élu au Comité central des Comités syndicalistes révolutionnaires où il se signala par sa grande activité. En novembre de la même année, il fut élu conseiller ouvrier prud’homme de la Seine, section des métaux et industries diverses et le demeura jusqu’en 1932.

En 1921, Victor Delagarde adhéra au Parti communiste (SFIC). Il écrivit dans La Vie ouvrière et L’Humanité.
Au congrès du Parti tenu à Lyon en janvier 1924, il fut élu membre suppléant du Comité directeur. Dès novembre 1924, il était exclu du premier rayon du Parti « pour avoir fait éditer et diffuser des documents visant à discréditer le Comité central de l’Internationale communiste et à détruire, dans l’esprit des militants, la confiance dans la direction du Parti communiste désignée par l’Internationale ». Il avait protesté contre l’accusation d’indiscipline dans une lettre du 5 octobre 1924 publiée par les Cahiers du Bolchevisme le 5 décembre et avait rendu publique, le 22 novembre 1924, une autre lettre dénonçant le régime bureaucratique en Russie, prenant la défense de Trotsky, mais niant vouloir former une tendance de « droite » dans le Parti et entraver le travail politique.
Le 5 décembre 1924, la conférence nationale extraordinaire vota à l’unanimité moins trois abstentions l’exclusion de Monatte, Rosmer et Delagarde. Le congrès national de Clichy confirma cette sanction le 20 janvier 1925.
Il fut arrêté peu après à la suite d’une grève dite des « bras croisés » de la société d’éclairage et de chauffage des véhicules, rue Guynemer, à Issy-les-Moulineaux.
Il fit partie du noyau de la revue La Révolution prolétarienne, créée en janvier 1925 autour de Monatte. En mai 1925, V. Delagarde y publia un article sur les congrès d’usines de la métallurgie parisienne.

En 1927, V. Delagarde était membre du Groupe d’études et d’action syndicales des métallurgistes de la Région parisienne, aux côtés de J. Roumeguère, A. Mahouy, etc., qui s’opposait à la direction au sein de la CGTU. Le 25 avril 1927, Delagarde prit la parole au cours du congrès du Syndicat des Métaux de la Région parisienne.
En août 1927, il signait en tant que membre de la Ligue syndicaliste un texte sur l’unité syndicale (voir Maurice Chambelland).
Il déclara plus tard cesser toute activité militante. Il travailla un temps dans l’AOIP puis dans le privé. En février 1935, il participa à un rassemblement pour fêter les dix ans de la création de La Révolution prolétarienne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156030, notice DELAGARDE Victor, Louis, Achille par Jean Maitron, complété par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 24 mars 2014, dernière modification le 23 novembre 2019.

Par Jean Maitron, complété par Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. F7/13053, F7/13586, F7/13777. — Arch. PPo. non versées. — Jean Maitron, Le Mouvement anarchiste en France, op. cit. — Syndicalisme révolutionnaire et Communisme, les Archives de Pierre Monatte, Maspero, 1968. — Christian Gras, Alfred Rosmer, Maspero, 1971. — Greffe du Tribunal de grande instance de Paris, 23 octobre 1984. — La Révolution prolétarienne, n° 5, 30, 33, 192 et 391. — Notes de Julien Chuzeville.

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