DUCHEMIN Edmond, Michel, Lucien [dit Michel PETIT] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, Julien Lucchini

Né le 22 avril 1867 à Châteauroux (Indre), mort le 2 mai 1913 sur l’île de Bréhat (Côtes-du-Nord) ; médecin ; anarchiste.

Edmond Duchemin était né d’une mère franco-mexicaine née au Mexique, Bertha Maria de Jesus Harouard (1837-1908) et d’un père militaire sous l’Empire, Arthur, François, Guillaume Duchemin (1831-1907) qui s’étaient rencontrés lors des guerres du Second Empire. Son père devint ensuite percepteur, et Edmond Duchemin passa son enfance entre Laval et Châteauroux. Étudiant en médecine, il vivait entre Paris, où il suivait ses études et Dinan, où résidait sa famille. Reçu médecin, il exerça tout d’abord à Paris, puis à Bièvres. Le 27 avril 1901, il avait épousé à Paris (VIe arr.) Marie, Anne, Philomène Le Luez (1870-1927).

En 1904, il quitta Bièvres pour l’île de Bréhat, puis Maël-Carhaix (Côtes-du-Nord). Cette même année 1904, il entama une collaboration régulière aux Temps nouveaux, l’hebdomadaire anarchiste-communiste fondé en 1895 par Jean Grave dont il était déjà, depuis plusieurs années, un lecteur enthousiaste. Si l’on en croit le témoignage d’Alfred Mignon (Max Clair), Jean Grave fut à l’origine de cette collaboration puisqu’il demanda alors à Duchemin de s’occuper d’une rubrique hebdomadaire d’hygiène « à l’usage des travailleurs ». Entré dans la rédaction en sa qualité de médecin, sa collaboration ne se limita pas, loin s’en faut, à cette seule rubrique. Durant six à sept ans environ, Edmond Duchemin signa plus d’une centaine d’articles, la plupart sous le pseudonyme de Michel Petit, devenant une des plumes les plus fécondes des Temps nouveaux.

Intellectuel, érudit et soucieux des questions d’éducation et de pédagogie libertaire, il était en contact avec le pédagogue espagnol Francisco Ferrer et apporta sa contribution à la Escuela Moderna de Barcelone. Rappelant le souvenir de celui qui avait été son ami, Alfred Mignon lista dans sa nécrologie quelques-uns des projets préconisés par Edmond Duchemin en matière d’éducation : « décentralisation des écoles, suppression des agglomérations d’écoliers, fondation d’écoles de villages [...], coopératives d’instruction avec personnel volontaire et ambulant ».

Actif dans les mouvements de protestation qui précédèrent, puis qui suivirent l’exécution de Francisco Ferrer, Edmond Duchemin s’était ému de ce qu’un certain Michel Petit ait été arrêté à Paris pour ces motifs, et demanda à Jean Grave de faire suivre l’information auprès de ses réseaux journalistiques, afin de disculper cet homonyme.

Les lettres qu’il écrivait à Jean Grave témoignent pour leur part de son rôle de promoteur de l’hebdomadaire puisqu’il y affirmait inciter quelques-uns de ses amis, en particulier des instituteurs, à s’abonner aux Temps nouveaux. Temps nouveaux qu’il n’eut de cesse de défendre face aux critiques de nombre de contemporains du mouvement déplorant l’aspect « doctrinaire » de l’hebdomadaire et son accès difficile. Par lettre du 4 janvier 1909, il défendait ainsi l’hebdomadaire, « journal du genre des T.N., (genre qu’il a toujours eu et qu’il doit toujours avoir) », et son fondateur : « Tant que vous vous porterez bien et que vous aurez le temps d’exprimer vos idées, ça sera bien, n’importe par quel moyen ! »

Décrit par Alfred Mignon comme un « esprit fin, ardent » et « souvent paradoxal », Edmond Duchemin vit sa collaboration diminuer progressivement pour cause de maladie à partir de l’année 1909-1910. Ses articles se firent rares, bien qu’il en ait signé encore quelques-uns, dont un remarqué sur la révolution mexicaine. Rongé par la maladie, Edmond Duchemin s’éteignit sur l’île de Bréhat le 2 mai 1913, et y fut inhumé deux jours plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156037, notice DUCHEMIN Edmond, Michel, Lucien [dit Michel PETIT] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, Julien Lucchini, version mise en ligne le 22 février 2014, dernière modification le 10 février 2019.

Par Jean Maitron, Julien Lucchini

ŒUVRES : Les habitations qui tuent, Les Temps Nouveaux, 1909. — Le Nourrisson, Les Temps Nouveaux, 1911. — Le petit chemin, Brochure mensuelle 110, 1932.

SOURCES : Les Temps nouveaux du 10 mai et du 21 juin 1913 (nécrologie par Alfred Mignon). — IFHS, Fond Jean Grave. 14 AS 184(a), sous-dossier Edmond Duchemin. — Archives de la famille.

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