Par Rolf Dupuy, Guillaume Davranche
Né le 15 décembre 1859 à Deuil (Seine-et-Oise, Val d’Oise) ; imprimeur ; anarchiste individualiste.
Henry Dupont fit partie de la fraction dissidente de l’anarchisme « officiel » qui, hostile au syndicalisme et au grève-généralisme, s’affirma « individualiste », anti-organisationnelle, illégaliste et fidèle la « propagande par le fait » (voir Pierre Martinet).
Il collabora au journal L’International publié à Londres de mai 1890 à janvier 1891 par des militants de cette mouvance : Bordes, Parmeggiani et Molas. Lors du lancement de L’International, il écrivit à Jean Grave pour lui demander la liste des abonnés de La Révolte, et, sans surprise, se fit éconduire. Dans le n°2, il écrivait : « Il semble juste, même aux yeux des plus ignorants, que celui qui a faim doive prendre ce qu’il lui faut, là où il se trouve, et tuer au besoin quiconque tenterait de s’opposer à son acte réparateur. » Il ajoutait, dans le n°3 : « Vole, c’est ton devoir. »
Selon un rapport de la direction de la Sûreté en date du 13 juin 1892, le journal, frappé d’interdiction, circula sous des titres d’autres journaux existant tels L’Industrie française à Londres (n°8) ou supplément au Courrier de Londres et de l’Europe, (n°9) (cf).
En 1891, Henry Dupont, qui habitait 29 boulevard de Clichy, a sans doute collaboré aux trois numéros du journal Le Faubourg, et fut en 1892 l’imprimeur du journal-affiche La Chronique sociale (au moins un numéro le 17 mars 1892) rédigé par Pierre Martinet.
En 1892 Dupont fut condamné à Reims à deux ans de prison suite à un meeting tenue à Dalery (Marne), puis un peu plus tard à six mois pour une lettre injurieuse écrite aux juges.
Il se réfugia alors à Londres, où il s’installa 29, Alfred Place. En mai-juin 1893, il fit paraître au moins 3 numéros d’une nouvelle série de L’International. Dans La Révolte du 20 mai 1893, Matha le dénonça en ces termes : « Les camarades de Londres, préviennent les compagnons du continent que le mouchard Coulon, démasqué dans le procès de Walsall (Angleterre), fait paraître un nouveau journal, L’International [sic], avec la collaboration du nommé Dupont. Avis aux camarades ! » Dupont protesta dans une lettre adressée à Jean Grave le 27 mai : « Je n’en suis plus à faire mes preuves d’anarchisme, c’est assez dire que L’International est et reste anarchiste, sans chapelle. »
Dupont vécut ensuite à King Street, Holloway ou Claxton Grove, et à Fulham avec Constant Martin.
En 1896, il vivait sur Fitzroy Street, puis revint à Paris où, à partir d’avril, il fut le gérant du quotidien individualiste La Renaissance (voir Pierre Martinet).
Par Rolf Dupuy, Guillaume Davranche
SOURCES : Archives Jean Grave, IFHS. — Le Père Peinard, 20 novembre 1892 et 19 février 1893. — La Révolte du 20 mai 1893 — Jean Grave, Quarante ans de propagande anarchiste, Flammarion, 1973. — Jean Maitron, Histoire du mouvement anarchiste en France, tomes 1 et 2, Gallimard, 1975. — René Bianco, « Cent ans de presse..., op. cit. — Constance Bantman, Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914 : Echanges, représentations, transferts, thèse en langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes, Paris-XIII, 2007.