GLEIZE Joseph, Antoine, Élie [Dictionnaire des anarchistes]

Par René Bianco complété par Rolf Dupuy, Françoise Morel Fontanelli, Thierry Bertrand

Né le 10 février 1891 à Puy-Saulnier (Hautes-Alpes) et mort à Marseille en 1965 ; nickeleur ; ouvrier coutelier ; émailleur ; doreur argentier ; militant anarchiste et pacifiste à Marseille.

Fils d’un cultivateur et d’une cultivatice, Joseph Gleize s’engageait comme volontaire dans la marine à Toulon, le 11 avril 1910, pour 3 ans. Il était renvoyé dans ses foyers en avril 1913.
Appelé à faire la guerre en août 1914, il en revenait en 1918 comme réformé suite à une tuberculose pulmonaire. En 1927 il obtenait une pension de 40% pour pleurite de la base (imputable au service).

Correspondant du journal Le Réfractaire à Béziers en 1912, il vint s’établir à Marseille après la Première Guerre mondiale. Doreur-argentier de profession, en décembre 1920, il monta un petit commerce et exploita avec sa femme Jeanne un magasin de coutellerie à son compte 93, rue d’Aubagne. Par ailleurs, dans sa cave, il possédait un atelier où il exerçait le métier de galvanoplastie. En 1930, il fut introduit dans le milieu anarchiste marseillais par un compagnon catalan.

Selon Martial Desmoulins, « c’était un petit homme rondelet mais très dynamique. Il exerçait le métier d’artisan coutelier et émailleur et avait eu des contacts avec les copains de Thiers qui fut toujours… un centre très actif de nos idées. Il était entré en relations avec eux par l’entremise d’un représentant en coutellerie, un nommé Gonon, que nous nommions « D’Auvergne »… qui fit une propagande active chez ses clients, tous des petits artisans, en les abonnant à La Voix Libertaire … Gleize était un garçon très dévoué, toujours prêt à rendre service… Pacifiste convaincu, il propageait La Patrie Humaine qu’il refilait à ses amis et à ses clients. Admirateur de Sébastien Faure… il voulait faire partager ses idées à tous ceux qu’il rencontrait, au café, dans le train… il avait chez lui un stock de brochures et il a placé des douzaines d’Encyclopédie Anarchiste, les vendant à crédit aux copains. »

Au début des années 1930, il accueillait chez lui de nombreux hommes venant se faire vasectomiser par un jeune docteur autrichien qui avait été présenté au groupe de Marseille par les compagnons espagnols. Il s’agit sans doute de Norbert Bartosek. En 1934, il fut le secrétaire de l’UL-CGTSR de Marseille. Il fut membre de la Fédération Anarchiste Provençale (FAP) dont il avait été élu trésorier avec Casanova (secrétaire) et Martial Desmoulins lors du congrès régional le 17 mars 1935. Il rédigea le texte de l’affiche éditée à l’occasion des élections de 1936, texte qui fut également tiré en tracts à 20 000 exemplaires dans le cadre de la campagne anti-électorale menée par cette organisation. Il collabora au Bulletin intérieur de la FAP (Toulon, au moins 11 numéros d’octobre 1935 à août 1936) dont le responsable était F. Dumas. Anarchiste militant, il fut l’un des fondateurs et le secrétaire de l’Athénée Libertaire de Marseille qui se réunissait au bar Le Petit Poucet ou dans le boulevard Dugommier tous les mercredis soir.
De juin 1936 à mars 1938, il fut avec Luca Bregliano l’animateur du Comité de Défense Sociale de Joseph Fancella, un compagnon condamné à 20 ans de travaux forcés après avoir tué un fasciste sur le port de Marseille. Ce comité était adhérent au comité local pour les victimes politiques en Italie dont le siège se trouvait au domicile de Gleize, 94 rue d’Aubagne. En décembre 1939, il figurait sur une liste de personnes ayant reçu à leur demande l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure.

J. Gleize fut inquiété par la police allemande en janvier 1943, mais réussit à se tirer d’affaire en citant à profusion l’œuvre de Nietzsche.

Dans les années 1950 il était membre du groupe de Marseille de la Fédération Anarchiste (FA). Il se remaria à Marseille en décembre 1958 avec Marie-Jeanne David. Peu de temps avant sa mort, survenue en 1965, il fit don de quelques brochures, tracts et affiches au CIRA de Marseille.

J. Gleize était également franc-maçon – « la franc maçonnerie passait avant tout » (cf. témoignage de Desmoulins) - et appartenait avec entre autres Voline, Roumilhac et Tony Peduto à la Loge La Parfaite Union (Grand Orient de France). A son enterrement Martial Desmoulins constatait amèrement « Nous étions deux camarades. Les copains ont la mémoire courte, même les frères en maçonnerie. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156060, notice GLEIZE Joseph, Antoine, Élie [Dictionnaire des anarchistes] par René Bianco complété par Rolf Dupuy, Françoise Morel Fontanelli, Thierry Bertrand, version mise en ligne le 12 mars 2014, dernière modification le 14 décembre 2018.

Par René Bianco complété par Rolf Dupuy, Françoise Morel Fontanelli, Thierry Bertrand

SOURCES : CAC Fontainebleau 1994 05500 art.241.— Arch. Dép. (13) M 6/10812 et 20 novembre 1939 ; 1R1343 — Le Combat syndicaliste, 23 mars 1934. — L’Adunata dei Refrattari, du 6 juin 1936. — Notes D. Dupuy. — Bulletin du CIRA, Marseille, n°19-20, 1983, « Souvenirs ou la fin d’une vie » par M. Desmoulins. — Anne et Henri Dalgon, Le Mazet du Raïol ou une symphonie dans la tourmente, éditions Lacour, Nîmes,1988. — Léo Campion, Les anarchistes dans la Franc-Maçonnerie. — Françoise Morel, Le mouvement anarchiste marseillais dans l’entre-deux-guerres, maîtrise, Aix-Marseille I, 1997. — Françoise Fontanelli Morel, "I Comitati Pro Vittime Politiche d’Italia" à Marseille dans l’entre-deux-guerres. Histoire d’une organisation anarchiste en exil, Aix-Marseille I, Master II, 2011.

Version imprimable