Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Guillaume Davranche
Né le 29 janvier 1877 à Fontenay-sur-Loing (Loiret), suicidé le 18 novembre 1921 à Paris (IVe) ; anarchiste individualiste.
Militant de tendance individualiste, Émile Hureau collabora avant la première guerre mondiale à l’hebdomadaire L’Anarchie et surtout à la première série de L’Idée Libre, fondée par André Lorulot qui disait de lui qu’il était « un militant de grande valeur ».
Émile Hureau habitait Paris 9e était dit « sans profession » quand il fut appelé au service militaire en novembre 1898 au 150e régiment d’infanterie, avant de passer à la 6e section de commis et ouvriers militaires de l’administration (COA). Il fut libéré le 25 septembre 1901 avec le certificat de bonne conduite.
En 1914, il fut mobilisé à la 3e section de COA, puis réformé en octobre pour « dépression mélancolique avec obsessions hypocondriaques ».
En 1915, il édita un tract antimilitariste intitulé « J’accuse », qui entraîna son arrestation. Le 23 juillet 1915, le 3e conseil de guerre le condamna à trois ans de prison pour « complicité de diffamation envers l’armée, provocations de militaires à la désertion et publication d’informations concernant les opérations militaires de nature à favoriser l’ennemi et à exercer une influence fâcheuse sur l’esprit de l’armée et des populations ».
Malgré qu’à deux reprises — en avril et en juin 1917 —, la commission de réforme, vu son état mental, l’ait classé dans le service auxiliaire, il fut dirigé le 6 août sur la 2e section métropolitaine d’exclus, tandis que sa compagne, également condamnée à trois ans, restait incarcérée. En octobre 1917, la commission de réforme lui diagnostiqua une « psychasthénie ». Il fut démobilisé le 12 février 1919 et se retira au 32, rue Gay-Lussac, à Paris 5e.
Après guerre il collabora à la série Les Publications mensuelles de l’Idée libre, toujours dirigées par Lorulot, et au journal Le Réveil de l’esclave, dont l’administrateur était Auguste Gorion et le directeur à partir du n°16 (novembre 1921) Manuel Devaldès qui avait remplacé Lorulot.
Le 2 juillet 1921, il fut condamné à quatre mois de prison pour « vol et recel ».
Pratiquement sans ressources, Émile Hureau se suicida après sa sortie de prison en se jetant dans la Seine.
Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Guillaume Davranche
ŒUVRE : Le Secret de l’univers devant la science officielle. Les Jésuites, la classe ouvrière et la révolution.
SOURCES : Registres militaires de Paris. — Arch. Nat. F7/13053. — André Lorulot, Histoire de ma vie. — L’Idée Libre, février 1918, février et mars 1922. — René Bianco, « Un siècle de presse », op. cit.