BARAK Michel

Par Robert Mencherini

Né le 9 octobre 1927 à Paris (IXe arr.), mort le 4 décembre 2008 à Jouques (Bouches-du-Rhône) ; professeur à l’Université d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ; militant communiste ; exclu en 1980 après avoir lancé l’Appel d’Aix-en-Provence.

Son père, Nachmann dit Nathan Barak, d’origine juive russe, quitta la Bessarabie, vers 1908, sans doute pour échapper aux pogroms. Engagé dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale, il fut naturalisé par décret, le 22 novembre 1915. Il se maria en 1920 avec Jeannette Glücksmann, d’origine juive polonaise. Le couple eut deux enfants : Francine et Michel.

Michel Barak et sa sœur passèrent leur enfance à Paris. Il fréquenta l’école primaire de la rue des Petits-Hôtels (Xe arr.). Son père, fourreur, militait à la gauche du Parti radical (proche de Pierre Cot), dans le IXe arrondissement.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Nathan qui avait divorcé en 1938, fuit les persécutions antisémites en zone Sud. Les Barak se déplacèrent à Toulouse, Marseille, Grasse, Grenoble, Bagnères-de-Bigorre. Après un passage clandestin en Espagne et l’internement dans un camp, Michel Barak et les siens rejoignirent le Maroc par Algésiras. Ils furent de nouveau internés pour un temps dans le camp de Médouina, près de Casablanca.

À la Libération, de retour en France, Michel Barak reprit ses études au lycée Thiers de Marseille, à la Sorbonne à Paris, puis à Aix-en-Provence, en droit et en histoire. Il suivit, à cette occasion, les cours de Georges Duby et rencontra Georges Mounin.

Il adhéra à l’Union de la Jeunesse républicaine de France à Paris, puis au Parti communiste français en juin 1946, et continua à militer à Aix-en-Provence et à Marseille. En 1947, journaliste à Rouge-Midi, il fut arrêté pendant les grandes grèves. Après dix jours d’incarcération, il fut libéré le 11 décembre 1947.
Dans les années cinquante, devenu instituteur dans les quartiers nord de Marseille, militant du Syndicat national des instituteurs, lors d’une de la commission nationale des Jeunes dont il était membre, en mai 1952, il intervint sur la situation des suppléants et en décembre 1952, sur celle des normaliens. Il participa aux luttes contre la guerre d’Algérie. Enseignant coopérant au Maroc de 1957 à 1964, il signa avec [Jean Baby-15418], la pétition des « 481 » en faveur de négociations avec le GPRA. Adressée le 11 février 1959 au Président de la République, elle fut publiée le 14 février 1959 dans Al Istiqlal. Les signataires furent reçus par le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) à Rabat. Du fait de leur écho dans la presse marocaine, ces actions entraînèrent une crise des relations franco-marocaines. La France résilia le contrat de plusieurs signataires, dont les membres de la mission culturelle française, contraints de rentrer en France. Ce fut le cas de Raymond Jean.

En 1948, Michel Barak épousa Stéphanette Fiorini, avec qui il eut quatre enfants. Il divorça en 1966 et se remaria avec Suzanne, Jacqueline Poquet. Il eut un cinquième enfant avec Jeanne Fouet.

Michel Barak enseigna ensuite à Marseille comme professeur agrégé d’histoire, en 1964 au lycée Nord, puis au lycée de Marseilleveyre. De 1967 à juin 1974, il fut professeur à l’Institut d’études politiques de l’Université d’Alger. Par la suite, maître-assistant au Centre d’Aix de l’Université de Provence, il poursuivit ses recherches au Centre d’histoire politique de cette université.

À l’Université, Michel Barak milita alors à la cellule Jacques Duclos du PCF – il en devint rapidement secrétaire – et à celle du petit village de Simiane-Collongue où il résidait. Il fut délégué à la conférence fédérale du PCF à Marseille les 17 et 18 janvier 1975, au Parc Chanot, qui adopta les « thèses » pour le XXIIe congrès du PCF et proposa l’abandon de la perspective d’une « dictature du prolétariat », abandon dont il était partisan. Il intervint aussi dans ces débats sur les questions de morale et contre les tendances normatives.

Il œuvra au rapprochement entre chrétiens et communistes aussi bien à l’Université que dans la ville d’Aix où la cellule Jacques Duclos organisa un débat public sur ce thème au Palais des congrès en novembre 1977, en présence d’Antoine Casanova. Elle prit aussi en charge à l’Université de Provence, au début 1978, une quinzaine « Culture et politique » combinant une vente du Livre marxiste, une conférence sur Louis Aragon, des expositions et d’autres débats.
Pendant cette période, des désaccords opposèrent rapidement Michel Barak et sa cellule à la fédération du PCF, aussi bien à propos de la tactique électorale pour le second tour des élections municipales de mars 1977 que sur les activités propres de la section d’Aix-en-Provence. Il intervint à la conférence fédérale du PCF, les 12 et 13 juin 1977, au Parc Chanot à Marseille, autour des problèmes de l’union. Il dénonça aussi l’ouvriérisme et les violations de la démocratie au sein du PCF. Une motion de la cellule Jacques Duclos reprit ces critiques à la fin juin 1977. En décembre 1977, la conférence de ville du PCF d’Aix-en-Provence se déroula dans un climat d’affrontement avec la direction fédérale.

La rupture de l’Union de la gauche et l’échec aux législatives de mars 1978 furent durement vécus en milieu enseignant et par les militants communistes. Un bilan critique fut tiré au comité de section d’Aix Centre, le 30 mars 1978. Mais la direction du PCF refusa le débat. Après un article de Raymond Jean, publié dans Le Monde du 31 mars 1978 et dénoncé par l’Humanité, Michel Barak adressa une lettre à Roland Leroy, le 2 avril. Le Monde en publia des extraits le 12 avril 1978.
L’assemblée générale de la cellule Jacques Duclos proposa le 28 avril 1978, un texte pour publication dans l’Humanité, sinon dans Le Monde. Ce document qui circula de manière informelle obtint d’abord 300 signatures, puis plus de 1500, et fut publié dans Le Monde du 20 mai 1978. Michel Barak précisa le sens de cet appel dans L’Express du 22 au 22 mai et Le Monde du 31 mai 1978 (article co-signé par Georges Labica). Une violente campagne de dénonciation fut alors entreprise dans l’Humanité, La Marseillaise et les diverses instances du PCF. En retour, la cellule Jacques Duclos reçut le soutien d’universitaires non communistes d’Aix-en-Provence (Le Monde, 20 juillet 1978).

Michel Barak fut pris à partie le 30 juin 1978 dans une réunion de la cellule de Simiane-Collongue, en présence d’Henri Sarian, secrétaire de l’UD-CGT et membre du bureau fédéral du PCF. Exclu du PCF en 1980, Michel Barak publia cette année-là Fractures au PCF, un ouvrage retraçant le conflit l’opposant, avec ses camarades, à la direction du parti. Il poursuivit son engagement militant en participant, en particulier, à la campagne présidentielle de Pierre Juquin en 1987-1988 et à l’association critique Carrefour 13.Signataire, parmi les premiers, de l’Appel du comité de Vigilance pour une paix réelle au Proche-Orient, du 4 novembre 2000, il militait avec sa fille Colette à l’Union juive française pour la paix, en faveur de la reconnaissance des droits du peuple palestinien dont il était le porte-parole à Marseille. Il fut le fondateur du groupe d’Aix-en-Provence de l’UJFP. Intransigeant !l quitta l’UJFP peu après.

Sa crémation se déroula aux Milles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15609, notice BARAK Michel par Robert Mencherini, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 17 septembre 2021.

Par Robert Mencherini

ŒUVRE : « Quelques tentatives marseillaises d’organisation de la navigation à vapeur, 1832-1854 », Provence Historique, Marseille, 1971, fasc. 83, pp. 38-88, « Intérêts régionaux, haute banque parisienne et pouvoirs d’État (à propos d’un projet marseillais de navigation à vapeur transatlantique en 1840) », Revue Historique, 1974, n° 510, pp. 331-372, « Typologie des crises dans les pays méditerranéens,XVIe-XXe siècles », Cahiers de la Méditerranée , Université de Nice, 1977 (avec M. Aymard, C. Carrière, S. Clapier, Fractures au PCF. Des communistes parlent (préface de Georges Labica), Aix-en-Provence/Paris, Édisud/Karthala, 1980.

SOURCES : Rouge-Midi, 12 décembre 1947 — La Marseillaise 30 et 31 mai 1978. — l’Humanité, 6 juin 1978. — Entretiens avec Michel Barak, février 2003.— //socio13.wordpress.com. — Notes de Jacques Girault.— L’École libératrice. — Notes de Marie Barak, décembre 2018.

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