MALATO Charles [Armand, Antoine, Charles Malato de Cornet, dit] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Constance Bantman, Guillaume Davranche

Né à Foug (Meurthe-et-Moselle), le 7 septembre 1857 ; mort à Paris le 7 novembre 1938 ; journaliste et écrivain, puis correcteur ; anarchiste.

Charles Malato (1891)
Charles Malato (1891)
Album Bertillon, 1894.

Des années 1880 à la Grande Guerre, Charles Malato fut une figure notoire de l’anarchisme en France, et un « nœud de réseau » de l’anarchisme européen. Influencé par le blanquisme et le carbonarisme à ses débuts, puis chaud partisan du grève-généralisme, enfin du syndicalisme révolutionnaire, il ne se départit cependant jamais complètement d’une vision barricadière voire garibaldienne de la révolution. Publiciste et écrivain fécond, il fut aussi un chroniqueur engagé et facétieux du mouvement anarchiste français, avant d’en être mis au ban pour son ralliement à la « guerre du Droit ».

Son père, Antoine Malato, issu de la noblesse napolitaine, avait été un combattant de la révolution italienne de 1848, du 2 décembre 1851 puis de la Commune de Paris. Sa mère était d’origine lorraine. Ses parents furent condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie en 1874. Âgé de 17 ans, leur fils Charles, qui terminait ses études classiques et se destinait à la médecine, les suivit à « la Nouvelle ». Toute la famille quitta Brest le 1er mars 1875 à bord du Var.

Républicain internationaliste

En Nouvelle-Calédonie, le jeune Charles travailla comme agent des télégraphes ; très intéressé par la vie des Kanaks, il fut avec Louise Michel l’un des rares Français à soutenir leur révolte de 1878. Sa mère mourut en déportation, mais son père et lui en revinrent en juin 1881. Malato se définissait à cette époque comme un « républicain internationaliste ».

Arrivé à Paris, il habita quelque temps dans les bas-fonds du 20e arrondissement (un « enfer social » selon ses termes) : le sordide passage Papier (actuel passage du Surmelin). Il travailla comme rédacteur pour l’Agence continentale, une agence de presse économique et politique dirigée par un ancien combattant garibaldien devenu patron, Raqueni. L’ancien communard Olivier Pain le fit entrer au Réveil lyonnais, un quotidien radical-socialiste qui fit rapidement faillite. Il revint alors à l’Agence continentale et écrivit son premier roman-feuilleton, David Marx —« payé en félicitations » — pour un quotidien franco-italien fondé par Raqueni, La Gazette du soir. Mais Raqueni était plus affairiste qu’idéaliste, et ses combinaisons politico-journalistiques écœurèrent Malato. C’est de cette époque que date sa prise de conscience socialiste : « Au passage Papier j’étudiais les dessous du prolétariat ; à La Gazette du soir [...] je vis de près le monde des politiciens professionnels. »

La Gazette du soir ayant fait faillite, Malato, sorti de la gêne — et du passage Papier — créa sa propre agence de presse : l’Agence cosmopolite, 16, rue d’Argenteuil, à Paris Ier. Il éditait des dépêches tirées de sa lecture de la presse étrangère, et, bien qu’il fît croire à sa clientèle que l’agence avait des correspondants dans toute l’Europe, Malato en était « à la fois directeur, traducteur, copiste, secrétaire et caissier ». L’Agence cosmopolite semble l’avoir fait vivre jusqu’à son arrestation en avril 1890.

En 1884-1885, Malato était un lecteur assidu de La Bataille, quotidien socialiste œcuménique de l’ancien communard Lissagaray, mais il ne trouvait son compte ni dans le blanquisme ni dans le broussisme, trop modéré à son goût. Assistant à un meeting durant l’été 1885, il fut en revanche vivement impressionné par un orateur anarchiste qui tint tête à une salle blanquo-guesdiste hostile ; il s’agissait de Joseph Tortelier.

En octobre 1885, Malato prit part, presque par hasard, à une manifestation populaire contre le quotidien Le Gaulois, qui avait illuminé sa façade pour célébrer la victoire réactionnaire aux législatives. « Ce fut à cette occasion que je pus constater la plasticité des foules, leur élan et aussi leur manque de solidité », devait-il écrire plus tard. S’étant retrouvé à la tête des manifestants, il prononça, galvanisé, son premier discours révolutionnaire depuis le piédestal de la statue de la place de la République, avant que la police ne disperse la foule.

Anarchiste insurrectionnel

Malato était mûr pour entrer dans le mouvement révolutionnaire. Il trouva des comparses dans un cercle littéraire avancé qu’il fréquentait à Montmartre, La Butte. Avec Jacques Prolo, Léon Schiroky* et le Belge Gérondal*, il fonda alors le Groupe cosmopolite, politiquement proche du Cri du peuple de Séverine car « ignorant encore ou insoucieux des rivalités marxistes et bakouninistes ». Le groupe fit sa première apparition en mai 1886 lors de la commémoration de la Commune au Père-Lachaise. En septembre sortit le premier numéro de son journal, La Révolution cosmopolite, qui tira quatre numéros à 5 000 exemplaires et fut domiciliée au 10, passage des Rondonneaux (actuelle rue Émile-Landrin) à Paris 20e, « un vaste et assez beau logement » où cohabitaient Malato, Prolo et Schiroky.

L’ébéniste Émile Méreaux avait adhéré au Groupe cosmopolite pour y prêcher l’anarchisme. C’est lui qui, à forces de persuasion, y amena Malato et, finalement, tout le groupe. Après l’adhésion de nombreux Italiens au groupe, celui-ci tenta de lancer une Ligue cosmopolite pour répliquer à la Ligue des patriotes de Déroulède — le titre de « Ligue des antipatriotes » (voir Joseph Tortelier) leur semblant inutilement provocateur vis-à-vis du sentiment populaire.

Au sein du mouvement anarchiste parisien, le Groupe cosmopolite représentait l’élément insurrectionnaliste, presque garibaldien, se distinguant aussi bien du doctrinarisme de La Révolte (voir Jean Grave) que de l’action directe quotidienne de la Ligue des antipropriétaires (voir Joseph Tortelier). Quelques années plus tard, Malato écrivait à ce sujet : « La principale différence entre nous et les compagnons était que ceux-ci ne voyaient guère que l’idée pure ou des faits minimes en eux-mêmes, qui nous passionnaient peu — déménagements à la cloche de bois, expropriations individuelles —, tandis que nous rêvions prise d’armes, mouvements d’ensemble, insurrections générales. » 

En décembre 1887, Malato et de nombreux anarchistes se mêlèrent aux manifestations boulangistes, mais ne purent y faire prévaloir leur slogan « Vive la sociale » sur celui de « Vive Boulanger ! ». Ils engagèrent alors une campagne de meetings intitulée « Ni parlementarisme, ni dictature : la sociale ! ».

En juillet 1888, Malato édita, avec Léon Ortiz (Schiroky) et Alain Gouzien, l’unique numéro de L’Esprit de révolte. A la même époque, il fit la connaissance d’Ernest Gegout* qui dirigeait L’Attaque, hebdomadaire en train de glisser du socialisme révolutionnaire à l’anarchisme. Bientôt L’Attaque substitua à la prose de Guesde, Vaillant et Deville, celle de Sébastien Faure, Lucien Weil et Malato. L’Attaque fut clairement antiboulangiste.

À l’époque, Malato adhéra à l’idée dont Tortelier s’était fait l’inlassable propagandiste : la révolution par la grève générale. Ce fut le thème du discours qu’il prononça avec Tortelier et Louise Michel dans un meeting à l’occasion de la grève des terrassiers parisiens, en août 1888.

Les 1er et 8 septembre 1889, Malato participa au congrès anarchiste international de la salle du Commerce, à Paris. Délaissant la question de l’illégalisme, qui fut au centre des débats, il intervint au sujet de l’attitude des anarchistes en cas de guerre, et prôna l’insurrection armée.

Le boulangisme continuait de le préoccuper. Dans le journal anarchiste britannique Freedom, dont il était alors correspondant en France, il écrivait en novembre 1889 : « L’anarchisme a progressé, mais il est peu probable qu’il parviendra à s’opposer au boulangisme avec succès, qui dans un an aura peut-être balayé la République. »

Charles Malato publia alors son premier livre politique, Philosophie de l’anarchie, dans lequel il combattait l’ultraspontanéisme qui avait caractérisé l’anarchisme des années 1880. Malato pensait fermement que, dans une période révolutionnaire, les anarchistes devaient avoir un « programme », c’est-à-dire des solutions prêtes à proposer pour entraîner la foule derrière eux, sous peine de la voir suivre les partis autoritaires. Il ne devait jamais se départir de cette idée. Le livre critiquait également certains simplismes en vogue dans les milieux anarchistes, comme le refus absolu du vote, amalgamé au parlementarisme. Jean Grave, dans La Révolte, contesta le caractère anarchiste de cette « philosophie ». En réponse, Malato railla « le pape de la rue Mouffetard ». Les deux hommes échangèrent alors quelques amabilités publiques.

L’Attaque fut interrompue par des poursuites judiciaires à la veille du 1er mai 1890, à cause d’un article de Malato, « La lutte ». En fait l’article ne parlait pas du 1er mai, Malato ne croyant pas aux « révolutions à jour fixe », mais la justice y décela des appels au « meurtre et au pillage ». Le 28 avril 1890, Malato et Gegout furent condamnés à quinze mois de prison et à 3 000 francs d’amende. Le matin même, le ministère de l’Intérieur rédigea un arrêté d’expulsion de Malato, comme « agitateur italien ». L’État contestait donc sa nationalité française, son père ne s’étant jamais fait naturaliser et sa mère ayant été déchue de sa nationalité du fait de son mariage avec un étranger.

Malato et Gegout purgèrent leur peine à Sainte-Pélagie, où ils fréquentèrent des prisonniers de toutes nuances, dont le marquis de Morès, agitateur monarchiste et antisémite. Cela convainquit Malato qu’après le boulangisme, l’antisémitisme serait le nouveau visage de la réaction, et qu’il faudrait le combattre. Malato vit également arriver Jean Grave, condamné à six mois de prison pour un article de La Révolte, et les deux hommes se réconcilièrent.

Malato fut libéré avec Gegout en juillet 1891 et, pour éviter un scandale, le ministère de l’Intérieur préféra suspendre l’arrêté d’expulsion le visant. Il s’installa alors au 7, rue Eugène-Sue, à Paris 18e.

Les deux amis publièrent alors un livre drolatique, bourré de portraits hauts en couleurs et d’anecdotes sur l’univers de la prison politique : Prison fin-de-siècle. En tournant en dérision leur propre expérience carcérale, ils avaient pour ambition de dissiper « à tout jamais le prestige du martyre politique ». Cette approche humoristique devait marquer plusieurs des livres suivants de Malato. Parallèlement, il publia Révolution chrétienne et révolution sociale, où il spéculait sur la forme que prendrait l’inéluctable révolution. Le livre formulait au passage quelques idées prosyndicalistes et proféministes, en dénonçant la « tyrannie masculine ».

En 1892, Malato désapprouva la campagne de Sébastien Faure contre le 1er mai et cosigna en février la déclaration affirmant que le « 1er Mai, lancé par des politiciens, est devenu révolutionnaire et à tendances anarchistes » (voir Jacques Prolo).

Les attentats de Ravachol, en mars 1892, provoquèrent une première vague de répression anti-anarchiste. Malato, sachant que son nom figurait sur une liste de personnalités à mettre sous les verrous, préféra l’exil. Le 4 avril, déguisé en clergyman « rigide et mal rasé », il débarqua à Londres, où il s’installa au 163, Great Titchfield Street, au cœur de la « Petite France » londonienne. Il vécut ensuite sur Euston Road, puis à Hampstead. Pour semer les mouchards, il utilisa parfois le pseudonyme Polydore Barbanchu.

Dans La Libre Parole, Édouard Drumont profita de la vague de répression pour attaquer violemment les anarchistes, trouvant dans le fait que le baron de Rothschild avait été abonné à l’Agence cosmopolite quelques années auparavant la preuve que Malato était un « agent des Juifs ». Depuis Londres, ce dernier fit insérer une réponse virulente dans L’En-Dehors de Zo d’Axa*. Après l’Affaire Dreyfus, il devait tourner Drumont en dérision dans un drame satirique en 2 actes, Barbapoux.

Pour subsister à Londres, Malato donna des cours de français et fit du secrétariat pour Henri Rochefort, également proscrit. Il vouait alors une grande admiration au célèbre pamphlétaire, auquel il savait gré de s’être détaché à temps du boulangisme. Durant cette période, il donna à L’Intransigeant une « correspondance » depuis Londres, sous le pseudonyme Cosmos, ainsi qu’à La Cocarde, sans en épouser les doctrines.

Avec Nicolas Nikitine*, Malato créa en décembre 1892 Le Tocsin, imprimé chez lui, 1, Woburn Buildings, à Tavistock Square. Ce journal de la proscription anarchiste à Londres vécut jusqu’en octobre 1894 et, par-delà une rhétorique violente d’incitation au terrorisme, prit clairement position en faveur de l’entrée des anarchistes dans les syndicats. Malato fréquentait alors, avec Émile Pouget, les cercles français, italiens et britanniques où cette nouvelle orientation était en train de s’élaborer.

Soucieux d’agrémenter la vie de la communauté française en exil, Malato fit partie du comité d’organisation d’une fête au Grafton Hall, le 1er avril 1893. Il y fut donné à cette occasion un vaudeville en un acte de sa composition, Mariage par la dynamite. 

Dans les semaines qui suivirent, Malato se rendit à Bruxelles avec Malatesta et Delorme* pour participer à un éventuel coup de main à l’occasion de la grève générale. Ils revinrent bredouilles. Le 12 janvier 1894, c’est cette fois dans le nord de l’Italie, en proie à des troubles populaires, que Malato partit faire le coup de feu. Là non plus, le soulèvement n’eut pas de suites. Avec ses huit camarades, Malato dut quitter la région de Bielle sans avoir réussi à entraîner les populations, et s’en retourna à Londres.

Entre-temps, son éditeur, Stock, avait publié son autobiographie, De la Commune à l’anarchie. Témoignage de grande valeur sur la vie des proscrits en Nouvelle-Calédonie et sur l’atmosphère du mouvement révolutionnaire parisien des années 1880, le livre commentait également l’actualité politique. Malato n’y condamnait ni n’y glorifiait les attentats, et appelait le mouvement anarchiste à faire preuve de solidarité : « Croire que quelques explosions peuvent suffire à renverser toute une société est une erreur aussi profonde que de s’imaginer la révolution susceptible d’être décrétée à jour fixe et tirée au cordeau. Que des audacieux, jaloux à l’excès de leur autonomie et se sentant étouffer dans le groupement, préfèrent agir en solitaires, rien de plus juste, il faut respecter leur initiative et surtout ne pas les traiter de mouchards quand ils font quelque chose. Mais, de leur côté, ils sont tenus à respecter également l’action des méthodistes et à ne pas leur lancer à tout propos l’accusation de cheffisme. »

Malato eut en effet à souffrir sur ce point. Le milieu de la proscription anarchiste à Londres était tiraillé par de violentes querelles intestines, et certains militants — notamment Parmeggiani* — menèrent à l’époque une féroce campagne contre les « chefs » anarchistes (Pouget, Malato, Sébastien Faure, Merlino...) accusés de trahir la révolution. Quelques années plus tard, dans son roman Le Voleur, Georges Darien* devait dépeindre le Malato de cette période sous les traits d’un idéaliste nommé Talmasco, dépassé par les événements, prônant l’union alors qu’on lui lançait des horions.

Après l’attentat d’Émile Henry, Malato accepta de répondre à une interview qui parut à la une du Matin du 28 février 1894. Il y revendiqua son « admiration » et son « respect » pour Auguste Vaillant qui avait jeté une bombe contre les « rois de la république ». En revanche, il déclara nettement que « l’acte d’Émile Henry,qui est pourtant un anarchiste de haute intelligence et de grand courage, a surtout frappé l’anarchie. [...] J’approuve toute violence qui vise l’obstacle, qui frappe l’ennemi, non celle qui frappe aveuglément. [...] Si nous sommes réellement ce que nous avons toujours proclamé, des amis de la masse et non des décadents névrosés, nous devons jeter à cette masse, qui a bien le droit d’aller au café, non de la dynamite, mais des idées. » Il donnait également des explications d’ordre psychologique au geste d’Henry, qu’il avait connu intimement.

Malato regagna la France après l’amnistie de février 1895. Le 26 avril, il fut arrêté par la police, au titre de l’arrêté d’expulsion d’avril 1890 qui courait toujours contre lui. Les journaux s’en firent l’écho et la Place Beauvau rapporta la mesure deux jours plus tard. Le 28 avril 1895, Malato fut relâché. À son retour en France, le 9 mai, sa femme Louise, Léonie Louis (née en France en 1873) fut à son tour brièvement détenue par la police à Dieppe avant d’être relâchée.

Malato était désormais rédacteur à L’Intransigeant, de Rochefort. De là, il fit campagne contre la monarchie espagnole, enlisée dans une guerre coloniale à Cuba et lancée dans une répression sanglante du mouvement anarchiste catalan. Le 10 septembre 1896, il fit partie des fondateurs du Comité français de Cuba libre (CFCL), avec Henri Rochefort et Achille Steens*. Il participa à la campagne menée par le CFCL jusqu’à sa mise en sommeil en mars 1897. Parallèlement, il s’était également engagé à fond, avec Tarrida del Marmol*, dans la campagne pour l’amnistie des huit anarchistes condamnés à mort après l’attentat de la rue Cambios Nuevos à Barcelone. Le 28 décembre 1896, il fut un des orateurs du grand meeting du CFCL en faveur de la révolution cubaine et contre « l’Inquisition en Espagne ».

En 1897, il fut brièvement recruté comme professeur par Émile Janvion et Degalvès* pour leur projet d’école libertaire. Dans le même temps, il publia Les Joyeusetés de l’exil, chronique humoristique de la vie et des dissensions de la « Petite France » à Londres. Dans son rapport de 1897 sur l’anarchisme en France, le commissaire spécial Moreau écrivait de Malato : « Écrivain de valeur, orateur supportable, fort instruit, fort disert, parlant quatre ou cinq langues, c’est évidemment une personnalité. [...] Il ira quelque jour se faire fusiller en Espagne, en Italie ou ailleurs, attiré par le mirage d’une révolution à faire. »

Dreyfusard, anticlérical et franc-maçon

Au moment de l’Affaire Dreyfus, Malato essaya de retenir Rochefort qui, repris par ses vieux démons boulangistes, glissait sur la pente nationaliste. Au printemps 1898, il décida alors de partir en Espagne, où des amis l’avaient appelé pour faire évader de Montjuich le révolutionnaire Ramón Sempau. La tentative d’évasion échoua. Malato gagna alors Valence, où des émeutes avaient éclaté en juillet suite à la déroute espagnole à Cuba, puis à Carthagène, à son tour en ébullition. Finalement, ayant fait chou blanc, Malato se résigna à rentrer en France.

Là, l’Affaire Dreyfus battant son plein, Malato ne put revenir à L’Intransigeant, devenue antisémite, et rallia L’Aurore d’Ernest Vaughan. Il s’y retrouva avec Émile Janvion, Bernard Lazare et Urbain Gohier, mais aussi Clemenceau avec lequel il garda ses distances.

En octobre 1898, il cosigna le manifeste de la Coalition révolutionnaire (voir Broussouloux) puis, en 1899, il entra au Journal du Peuple, quotidien du dreyfusisme d’extrême gauche fondé par Sébastien Faure. Le 11 juin 1899, il prit part à la manifestation de défense de la république à Longchamp, qui se doubla de débordements anticapitalistes. C’est dans ce cadre qu’il fut arrêté par la police. Le lendemain, le tribunal correctionnel le condamna à 50 francs d’amende pour port d’arme prohibée (un nerf-de-bœuf).

Après la faillite du Journal du peuple, en décembre 1899, Malato revint à L’Aurore et, pendant quelques années, se tint à l’écart du mouvement anarchiste. Sans doute en raison du désenchantement consécutif à l’Affaire, qui avait également mis Sébastien Faure sur la touche. Malato déploya alors son activité dans la queue de comète du dreyfusisme. Adhérant à la Ligue des droits de l’homme, à la Libre-Pensée et à la franc-maçonnerie, toujours rédacteur à L’Aurore, il donna beaucoup de temps à l’écriture et au journalisme (voir son œuvre ci-dessous) et se consacra à la lutte anticléricale.

Au sein de la franc-maçonnerie, il milita sans succès pour l’admission des femmes. En 1902, il participa à la lutte contre les congrégations et, le 3 août, fut ainsi arrêté au cours d’une manifestation anticléricale.

Lorsque Clemenceau prit la direction de L’Aurore, en juin 1903, Malato préféra quitter le quotidien, et écrivit quelque temps dans L’Action. Il s’efforça ensuite de vivre de ses pièces de théâtre et de ses romans. En 1904, sa pièce antireligieuse Fin du ciel fut interdite par la censure.

Cette période d’engagement de Malato dans la franc-maçonnerie fut vivement critiquée dans le mouvement anarchiste. Tandis qu’aux Temps nouveaux, Jean Grave lui battait froid, Émile Janvion l’attaquait sans répit dans L’Ennemi du peuple. Francis Jourdain qui, en revanche, lui faisait bon accueil au Libertaire, se souvenait d’un personnage dont « la pureté et le désintéressement, l’enthousiasme et la sincérité étaient [...] désarmants. Aimable et passionné, cordial et ardent, d’une douceur et d’une politesse que pouvait soudain remplacer une extrême violence, paraissant toujours embarrassé de sa cravate, de son chapeau, de son parapluie et plus encore de ses bras, distrait, courageux, scrupuleux, touchant, délicieusement comique, sympathiquement ridicule, Malato était un personnage qui prêtait à rire et imposait le respect. [...] Il contait avec un même engouement ses incarcérations et ses déconvenues de conspirateur. [...] Il y avait du quarante-huitard et du Don Quichotte en cet anarchiste toujours en proie à la nostalgie de la barricade, et dont on a pu dire justement qu’il n’était, au fond, qu’un bon et sincère républicain. »

Dans Le Libertaire du 20 novembre 1904, il expliqua que son initiation maçonnique n’impliquait nullement le renoncement à ses idées révolutionnaires, le Grand-Orient de France (GODF) respectant le principe du « maçon libre dans sa loge libre ». Cette mise au point ne dissipa pas la défiance. Émile Janvion, cité comme témoin à décharge au « procès des Quatre » en 1905, ne se priva pas d’un coup de griffe : Malato était selon lui d’autant plus éloigné de la propagande par le fait que, depuis l’Affaire Dreyfus, il avait créé un « confusionnisme bourgeois » dans l’anarchisme. Et de le qualifier de « républicain espagnol » et de « Louise Michel en culottes ».

Malato devait finalement démissionner de la franc-maçonnerie en 1908.

Compagnon de route du syndicalisme révolutionnaire

Courant 1905, on vit Malato réapparaître à la tribune des meetings ouvriers et antimilitaristes. Deux causes probables à cela : d’une part l’impulsion donnée l’année précédente par la création de l’Association internationale antimilitariste (AIA), d’autre part la campagne orchestrée par Pouget, à la CGT, pour la grève générale du 1er mai 1906.

Mais l’année 1905 fut surtout, pour Malato celle de l’affaire dite « de la rue de Rohan », qui allait lui valoir six mois de prison. Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, à l’angle des rues de Rivoli et de Rohan, un individu lança deux bombes sur le cortège du président de la République Émile Loubet et du roi d’Espagne Alphonse XIII, alors en visite à Paris ; 17 personnes furent blessées dont plusieurs grièvement. Les deux chefs d’État en sortirent indemnes. Le coupable, qui ne fut jamais arrêté, aurait été Aviño, un anarchiste espagnol, connu sous le nom d’Alexandre Farras. Ce qui est certain, c’est que la police était au courant du complot, puisque dès le 25 mai elle avait arrêté l’Espagnol Pedro Vallina et l’Anglais Bernard Harvey, qu’elle soupçonnait de préparer un attentat. La justice inculpa également Malato et le cordonnier Caussanel, qui jouait le rôle de boîte aux lettres pour la correspondance que Malato recevait du mouvement anarchiste espagnol. Il fut établi que Caussanel avait reçu de Barcelone, pour Malato, des bombes semblables à celles de la rue de Rohan. Malato affirma qu’il n’avait jamais commandé de bombes à ses correspondants, et que pour lui il s’agissait d’un coup monté par la police espagnole pour le compromettre. Il s’était débarrassé des bombes en question.

En juillet, alors qu’il était toujours sous les verrous, Malato fit paraître un livre qui devait être fort bien reçu dans les milieux syndicalistes, et qui resterait son roman le plus connu, La Grande Grève, tout à fait dans la note de la campagne menée alors par la CGT.

Le « Procès des quatre » se tint du 27 au 30 novembre. Malato fut défendu par Me Wilm, et de nombreuses personnalités vinrent témoigner en sa faveur : Matha, du Libertaire, Rochefort, de L’Intransigeant, Hinck et Vaughan, de L’Aurore, Émile Janvion, Lucien Descaves*, Amilcare Cipriani*, Fortuné Henry, Sébastien Faure, l’ancien bagnard Liard-Courtois*, le critique littéraire Charles Martel, le journaliste Léon Jaubert, les députés socialistes Chauvière, Meslier, Jaurès, Dejeante, le président de la Ligue des droits de l’homme Francis de Pressensé, ainsi qu’Aristide Briand et Gérault-Richard. Plusieurs Espagnols témoignèrent également en sa faveur : l’ancien ministre de la Ire République espagnole Estebanes, le journaliste Tarrida del Marmol* et le leader anticlérical Alejandro Lerroux.

Devant l’obscurité de cette affaire, manifestement encombrée de manipulations policières tant espagnoles que françaises, les quatre prévenus furent acquittés.

À l’approche du 1er mai 1906, Malato participa à la campagne d’agitation pour la grève générale. Le 22 avril, il fut ainsi parmi les orateurs de la CGT au grand meeting donné aux travailleurs immigrés à la bourse du travail de Paris, avec plusieurs orateurs étrangers. Il y prit de nouveau la parole lors d’un meeting des employés en grève, le 8 juin, avec Victor Griffuelhes, Beausoleil, Albert Lévy, Émile Janvion et René de Marmande. Il fit également la promotion de ce mouvement au niveau international, en écrivant un article pour le numéro unique de Verso l’Emancipacione, un journal réalisé en italien par Malatesta pour vanter l’initiative française.

Malato était alors bel et bien de retour dans le mouvement ouvrier militant et, jusqu’en 1914, il serait régulièrement invité comme orateur aux tribunes des meetings libertaires et syndicalistes révolutionnaires.

À l’automne 1906, il collabora à L’AIA, le bulletin de l’Association internationale antimilitariste édité par Eugène Merle et Miguel Almereyda. Il collabora ensuite au titre créé, avec Gustave Hervé, par ces deux militants : La Guerre sociale.

Durant le premier semestre 1907, il orchestra, avec Sébastien Faure, une campagne en faveur de Francisco Ferrer, qui encourait la peine de mort en Espagne pour « complicité » dans l’attentat de Morral contre Alphonse XIII. Le 12 juin, à Madrid, Ferrer fut acquitté, et s’empressa de gagner Paris où il retrouva ses amis, dont Malato « dont l’actif dévouement sut intéresser à sa cause toute la libre-pensée française » nota L’Humanité.

Était-ce dû à l’écho de sa campagne pour Ferrer ? Toujours est-il qu’à partir de cette époque, la junte du Parti libéral mexicain, animée à Los Angeles par Ricardo Florès Magón, chargea Malato d’être son porte-parole en Europe. Dès lors, il publia de loin en loin des articles sur la situation sociale au Mexique.

Courant 1908, Malato eut la surprise d’hériter de 100 000 francs d’un vieux camarade inconnu. Il proposa alors à Émile Pouget de lui confier cette somme pour qu’il lance le quotidien dont il rêvait. Mais Malato traversait à ce moment-là des difficultés financières : il ne travaillait plus à L’Aurore, et devait s’occuper de sa compagne, infirme. Finalement, il ne put remettre guère plus de 20 000 ou 30 000 francs à Pouget. Ce fut une des causes du mauvais départ de La Révolution, dont Malato fut un des principaux rédacteurs pendant ses deux mois d’existence.

À partir de 1908, avec Sébastien Faure, Louis Matha et Aristide Pratelle*, Malato fit partie du comité français de la Ligue internationale pour l’éducation rationnelle de l’enfance, fondée par Francisco Ferrer. À l’automne 1909, il prit une part active à la campagne pour la libération de Ferrer — en vain cette fois.

Courant 1911, Malato s’éloigna de La Guerre sociale, même s’il garda une relation cordiale avec Gustave Hervé. En avril 1911, il devint un des piliers de la rédaction de La Bataille syndicaliste. Sans y adhérer, il prit également la parole dans plusieurs meetings de la Fédération révolutionnaire communiste (FRC) et donna des articles au Libertaire, notamment un long éditorial en faveur de la Révolution mexicaine dans le numéro du 20 mai 1911.

Ce même mois, son nom fut largement mêlé, dans la presse, à l’Affaire du complot contre la police (voir Paul Trouillier). Après le dégonflement de l’affaire, Malato porta plainte — pour la forme — contre le préfet Lépine et son bras droit Mouquin, artisans probables des « fuites » vers les journalistes.

En 1913-1914, il prit part à la campagne pour la libération de Masetti, soldat italien qui avait tiré sur un officier pour protester contre la guerre de Tripolitaine. En novembre, il écrivit dans le numéro unique du journal Liberiamo Masetti (voir Émile Aubin) et, en février 1914 dans Pro Vittime Politiche (voir Raffaele Nerucci).

« Don Quichotte » patriote

Lors de la crise internationale d’août 1914, Malato fut, au sein de La Bataille syndicaliste, un de ceux qui insistèrent pour que le quotidien, jusqu’au dernier moment, rappelle les positions confédérales de grève générale contre la guerre.

En revanche, dès le 4 août, il modifia sa ligne, appelant à transformer la guerre impérialiste en guerre civile... sur le sol allemand. Dans son article « Le bris du vieux monde », il écrivit : « Puisque la guerre, malgré tout, a éclaté, il faut qu’elle prenne un caractère que n’ont pas prévu ceux qui la préméditèrent. [...] Que la guerre sociale s’éveille sur les bords de la Spree et du Danube, terrorisant les potentats qui parlent de “leurs peuples” comme de troupeaux et qui n’entrevoyaient qu’une guerre politique et étatiste ! [...] Donc levez-vous, amis, au chant de La Marseillaise, la cause de la France est redevenue la cause de l’humanité ! » Le 9 août, il s’adressait « aux républicains allemands » et les adjurait de former un « corps de volontaires de la liberté allemande ». Dès le 17 août, dans « Fuori i barbari », il appelait les syndicalistes, anarchistes et socialistes italiens à militer pour l’intervention de l’Italie dans la guerre, « aux côtés de la République française qui n’est encore qu’étatiste et bourgeoise, mais que nous élargirons jusqu’à la faire sociale et libertaire ». Le 24 août, il proposait de former un « corps franc », comme il en avait existé en 1870, pour mener des actions de guérilla sur le territoire allemand. Il démarcha en ce sens le gouvernement français, qui ne donna pas suite (BS du 5 septembre). Le 15 novembre, il fit une longue réplique à Malatesta qui venait de publier dans Freedom un article intitulé « Les anarchistes ont-ils oublié leurs principes ? » Par la suite, il attaquera épisodiquement les pacifistes, qualifiés de « doctrinaires formalistes » et d’« habitants de la Lune ».

Il rendit visite à Georges Dumoulin, mobilisé à Boulogne-sur-Mer. Dans une lettre à Pierre Monatte, Dumoulin en fit alors le portrait suivant : « Don Quichotte vieux, voûté, au long nez maigre comme une lame de couteau, se dandinant comme un chien battu... J’ai eu la cruauté de me moquer de lui, de rire de son corps franc, de ses fusils à entonnoir et de sa chemise rouge [garibaldienne]. Il souffrait comme un enfant. Puis il s’est dressé contre moi, contre Merrheim, contre nous, “les cœurs secs et sceptiques” : “Oui, oui, s’écriait-il, j’aime mieux mes Napolitains pouilleux, mes Andalous se chauffant au soleil, ayant de la flamme, des notions d’idéal et de liberté, que vos grands peuples industriels ! ” Comme il était sincère quand même ! »

Pendant toute la durée de la guerre, Malato allait être une des plumes les plus bellicistes et patriotes de La Bataille syndicaliste, puis de La Bataille et, en février 1916, il cosigna le « Manifeste des Seize » (voir Jean Grave). Cependant, dans une lettre à Jean Grave du 6 avril 1918, il regretta que les signataires se soient laissés caractérisés par la presse bourgeoise comme « les anarchistes intellectuels » : « C’était proclamer abrutis les autres anarchistes et créer une aristocratie vaniteuse qui ne doit pas s’afficher ainsi dans un mouvement populaire. »

Malato ne pouvait que constater, avec regret, que la résistance à la guerre était principalement le fait des anarchistes et syndicalistes de la jeune génération. En novembre 1917, dans La Bataille, il s’en prit aux minoritaires de la CGT, les taxant d’un « révolutionnarisme de décadence qui subtilise, ergote, ignore superbement les réalités » et leur reprochant de vivre « dans une cave avec le corporatisme ou dans la Lune avec la métaphysique ».

Début 1918, il séjourna quelques mois à Londres avec son neveu, puis résolut de partir au front, ce dont il était dispensé en raison de son âge (60 ans). « Mon temps d’activité est fini, sinon dans le grand milieu humain, du moins dans le milieu appelé aujourd’hui anarchiste », écrivit-il à Jean Grave le 17 mars 1918. Il annonça, dans La Bataille du 30 mai, qu’il allait signer son engagement volontaire, et fut incorporé le 8 juin 1918. Peu après, il rencontra dans la rue Ernest Gegout, qu’il n’avait pas revu depuis des années. Il lui fit une confidence que ce dernier reproduisit dans L’Attaque  : quelques années auparavant, à Londres, un médium lui avait prédit : « Vous avez eu une vie très mouvementée, vous aurez trois femmes et, à la soixantaine, vous mourrez dans un combat. » Malato conclut : « La première partie de sa prophétie est accomplie, la seconde vient de se réaliser, car j’ai perdu ma troisième femme, et la conclusion ne saurait tarder : j’ai 60 ans passés et je vais au-devant du fatum.  »

La prophétie cependant ne se réalisa pas : Malato fut affecté successivement à l’École militaire comme secrétaire d’état-major, à l’hôpital du lycée Michelet à Vanves, puis au centre Faidherbe, mais il ne fut pas envoyé au front.

Fantôme d’une époque révolue

Après la fin du conflit, Malato donna quelques articles aux Temps Nouveaux et à Plus Loin, organes des ex-anarchistes d’union sacrée (voir Marc Pierrot). Devenu correcteur à l’Assemblée nationale, il adhéra, le 1er janvier 1928, au syndicat des correcteurs, où se retrouvaient de nombreux libertaires. Il continuait aussi à suivre de près et à soutenir les activités de la maison d’édition La Escuela Moderna, issue de l’œuvre de Francisco Ferrer.

Malato publia ses souvenirs dans le journal Le Peuple, du 5 octobre 1937 au 29 mars 1938, sous le titre « Mémoires d’un libertaire ».

Il fut incinéré le 11 novembre 1938 au Père-Lachaise. Son neveu lut une allocution rédigée par son oncle et qui se terminait ainsi : « Mourant en libertaire qui s’est toujours efforcé de marcher vers la réalisation de son idéal, je me permettrai de vous donner à vous, vivants, ce conseil : “Soyez bons, mais soyez forts...” »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156107, notice MALATO Charles [Armand, Antoine, Charles Malato de Cornet, dit] [Dictionnaire des anarchistes] par Constance Bantman, Guillaume Davranche, version mise en ligne le 8 mars 2014, dernière modification le 8 octobre 2022.

Par Constance Bantman, Guillaume Davranche

Charles Malato (1891)
Charles Malato (1891)
Album Bertillon, 1894.

ŒUVRE : Avant l’heure, Groupe cosmopolite, Bibliothèque révolutionnaire cosmopolite, Paris [1887] — Philosophie de l’anarchie, Paris, Bibliothèque cosmopolite, 1889 — Prison fin-de-siècle. Souvenirs de Pélagie (avec Ernest Gegout), Charpentier & Fasquelle, 1891 — Révolution chrétienne et révolution sociale, Albert Savine, 1891 — Mariage par la dynamite, vaudeville en un acte, inédit, 1893 — De la Commune à l’anarchie, Stock, 1894 — Contes néocalédoniens, (sous le pseudonyme Talamo), May & Mantoux, 1897 — Les Joyeusetés de l’exil, Stock, Bibliothèque sociologique, 1897 — L’Homme nouveau, Stock, Bibliothèque sociologique, 1898 — La Prochaine, paru en feuilleton dans Le Journal du peuple en 1899 — César, pièce satirique en 2 actes, Librairie républicaine René Godfroy, Paris, s.d. — La Sape, pièce sociale en 3 actes, 1900 — Barbapoux, drame satirique en 2 actes, Librairie républicaine René Godfroy, 1900 — Les Mémoires d’un gorille, (sous le pseudonyme Talamo), May & Mantoux, 1901-1905 — Un Jeune Marin, (sous le pseudonyme Talamo), May & Mantoux, 1901 — Admission de la femme dans la Franc-maçonnerie, GODF, rapport présenté en ten∴ sol∴ le 26 juin 1901 — L’Admission de la femme dans la Franc-maçonnerie, GODF, rapport présenté le 24 décembre 1902 — Les enfants de la liberté, (sous le pseudonyme Talamo), May & Mantoux, 1903 — Fin de ciel, fantaisie irreligieuse en 4 acte et 5 tableaux (interdite par la censure, inédite), 1904 — La Grande Grève, Librairie des publications populaires, 1905 — En guerre !, pièce de théâtre, 1905 — Les Classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique, Giard & Brière, 1907 — Pierre Vaux ou Les Malheurs d’un instituteur, Rouff & Cie [1907] — Entre deux amours, paru en feuilleton dans L’Humanité en 1910, puis chez J. Rouif en 2 volumes — L’Assassinat de Ferrer. Éclaircissements, éd. du Réveil, Genève, [1911] — Les Fiancés de l’An II, paru en feuilleton dans L’Humanité en 1911 — Le Général Vendémiaire, paru en feuilleton dans L’Humanité en 1911 — Les Comuneros, paru en feuilleton dans La Bataille syndicaliste en 1912 — Maria Pacheco, paru en feuilleton dans La Bataille syndicaliste en 1913 — Perdu au Maroc, Rouff, 1915 —Le Nouveau Faust, drame politico-fantaisiste en 4 actes, La Escuela moderna, Barcelone, 1919 — Les Forains, Doin, Bibliothèque sociale des métiers, 1925.

SOURCES : État-civil de Foug (Meurthe-et-Moselle) — Arch. Nat. F7/13053 — Arch. PPo. non versées. —Correspondance de Jean Grave (IFHS) — Lettres à Rachel Hénault, fonds Ferrer, CIRA — Émile Darnaud, Les Compagnons ariégeois, groupe d’études, 1888 — Georges Darien, Le Voleur, Stock, 1898 — L’Idée libre, janvier-juin 1904 — La Presse du 23 avril 1906 — L’Humanité des 20 et 24 juillet 1907 — Edgar Troimaux, Les Procès célèbres de l’année judiciaire 1905-1906, Librairie universelle, 1907 — Portrait par Victor Méric dans Les Hommes du jour nº50, 26 décembre 1908 — L’Humanité du 13 mai 1911 — La Presse du 24 juin 1918 — La Bataille syndicaliste du 4 août 1914 — Alfred Rosmer, Le Mouvement ouvrier pendant la guerre, Librairie du travail, 1936 — Georges Dumoulin, Carnets de route, L’Avenir, 1938 ― nécrologie par Jean Marestan dans L’En-Dehors de janvier 1939 ― Francis Jourdain, Sans remord ni rancune, Corrêa, 1954 ― Pierre Monatte, « La fondation de La Vie ouvrière »,La Révolution prolétarienne d’oct-nov-déc. 1959-janvier 1960 — Léo Campion, Les Anarchistes et la franc-maçonnerie, Marseille, 1969 — Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste, Gallimard, 1975 —Maurice Dommanget, Histoire du Premier Mai, Le mot et le reste, 2006 — Constance Bantman, « Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914 », thèse soutenue à l’université Paris-XIII, 2007 — Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), L’Insomniaque/Libertalia, 2014 — notes de Marianne Enckell et de Françoise Fontanelli.

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