BEVANT Eugène [Marie, Eugène] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, Guillaume Davranche, Rolf Dupuy

Né le 22 juin 1884 à Minzier (Haute-Savoie) ; mort le 2 août 1961 à Paris ; anarchiste et pacifiste.

Fils de paysans, Eugène Bevant devint anarchiste vers 1902.

En 1905, refusant la conscription, il décida de s’insoumettre. Il se cacha alors quelque temps à Paris où il fit la connaissance d’Alphonse Barbé. Pressé par ses parents, il accepta finalement de rejoindre son régiment en janvier 1906. En mars, il fut traduit en conseil de guerre pour son insoumission et condamné avec sursis. Envoyé à la caserne, il déserta quatre jours plus tard.

Il se réfugia en Suisse, où il resta environ dix-huit mois. Il s’y mêla aux milieux militants, et fut expulsé pour avoir pris part à une campagne antimilitariste. En décembre 1907, il se réfugia en Allemagne, où il contacta les anarchistes. Trois jours plus tard, il fut déclaré indésirable. Le 31 décembre 1907, enfin, il débarquait à Londres.

Dans la capitale britannique, il fit partie du Groupe des insoumis et déserteurs avec Georges Ozon, Marcel Viriaut, A. Pedu et P. Robert.

Quand la guerre éclata, en août 1914, il ne répondit évidemment pas à l’appel, mais deux de ses frères furent mobilisés et devaient mourir au front, l’un en 1915, l’autre en 1918.

Eugène Bevant resta à Londres jusqu’à son arrestation par la police britannique, qui le remit aux autorités françaises le 19 décembre 1916. Le 24 janvier 1917, le conseil de guerre de Grenoble le condamna à cinq ans de travaux forcés, peine aussitôt suspendue pour l’envoyer au front. Il déserta dès qu’il le put et se cacha à Paris. Il y revit Alphonse Barbé, et tous deux participèrent à l’activité pacifiste des Amis du Libertaire.

Au bout de quelques mois, Eugène Bevant fut de nouveau arrêté et emprisonné à la prison militaire de Grenoble. En 1919, il tenta de s’évader mais se brisa une jambe et resta infirme pour le restant de ses jours. Repris, il comparut à nouveau le 18 août 1920 devant le conseil de guerre de Grenoble. Il fut soutenu par Le Libertaire, qui ouvrit une souscription en sa faveur, et Alphonse Barbé vint témoigner en sa faveur. Bevant fut condamné à dix-huit mois de prison, et fut expédié « à Biribi », en Algérie.

Quand il quitta le pénitencier militaire d’Aïn-Beïda (Algérie) le 19 mars 1924, alors qu’il avait 40 ans et était infirme, l’armée exigea qu’il accomplisse deux ans de service militaire en supplément de ses peines de prison. Le Comité de défense sociale se mobilisa pour obtenir son amnistie, en vain. Eugène Bevant dut rejoindre le 159e régiment d’infanterie alpine à Briançon. Au bout de sept mois, il déserta à nouveau et se réfugia à Bruxelles d’où, le 1er novembre 1924, il écrivit au Libertaire pour raconter son périple.

Il semble avoir été repris par la suite et écroué de nouveau à Albertville puisqu’en 1926 ; Claude Content et Émile Bauchet échafaudèrent un plan pour le faire évader – en vain.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156166, notice BEVANT Eugène [Marie, Eugène] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, Guillaume Davranche, Rolf Dupuy, version mise en ligne le 13 mars 2014, dernière modification le 3 décembre 2022.

Par Jean Maitron, Guillaume Davranche, Rolf Dupuy

SOURCES : Archives du ministère de la Défense nationale. — Le Libertaire, 12 septembre 1920 et du 4 novembre 1924. — L’Humanité, 8 novembre 1924. — État civil de Minzier.

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