FANCELLA Giuseppe [Joseph] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Antoine Olivesi . Notice complétée par Françoise Morel Fontanelli et Rolph Dupuy

Né le 2 février 1896 à Villaputzu en Sardaigne, mort à Cagliari le 6 novembre 1972 ; chauffeur ; anarchiste ; membre de l’Athénée Libertaire ; Comité Pro Vittime Politiche d’Italia ; Fédération Anarchiste Provençale.

Joseph Fancella demeurait 15, Traverse du Moulin à Vent à la Madragueville (Marseille 15°arrt) avec sa femme Zirolia Marie-Jeanne et son fils, il fut naturalisé français le 24 juin 1933. Fils de paysan, il n’avait jamais fréquenté l’école et avait appris à lire durant la guerre.
À Marseille depuis 1920, il n’était pas fiché au Casellario Politico Centrale et n’était pas connu en Italie comme militant anarchiste. Joseph Fancella illustre assez bien cette catégorie de militants qui découvrit l’anarchisme et ses théories au contact des autres fuoriusciti dans les milieux ouvriers de l’antifascisme marseillais. Il milita à l’Athénée Libertaire de Marseille et fut membre de la Fédération Anarchiste Provençale dont le secrétaire était Denegri. Il diffusait la presse anarchiste et récoltait des fonds pour les victimes politiques d’Italie, comme le laisse supposer le carnet trouvé en sa possession lors de son arrestation et dans lequel il consignait les ventes des numéros du Libertaire et le nom des souscripteurs en faveur des victimes politiques.

En pleine agitation post-électorale, le 5 mai 1936, il tua dans un hangar du môle E, au Cap Pinède, le fasciste Nicolas Oscillante. Interrogé, il répondit qu’il « avait été agressé par un groupe de sabianistes dont sa victime faisait partie », il déchargea six balles de revolver sur lui. Maître Moro Giaffieri, déjà avocat du toscan Gino Lucetti, plaida l’ambiguïté de la situation alors que l’opinion publique se déchaînait contre cet étranger naturalisé responsable d’un assassinat « exécuté avec un cynisme révoltant ».

Le 24 avril 1937, Fancella fut condamné par la cour d’assises d’Aix-en-Provence à vingt ans de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour. Il fut également déchu de sa nationalité.

Un comité de soutien animé notamment par Joseph Gleize et Luca Bregliano fut alors formé, le Comité de Défense Sociale en faveur de Fancella dont le siège se trouvait au 94, rue d’Aubagne, au domicile de Joseph Gleize, puis au Bar Provence sur le Cours Lieutaud. Par ailleurs, nous trouvons la trace d’un comité en faveur de Joseph Fancella à Saint-Antoine, un groupe affilié à la Fédération Anarchiste Provençale dirigé par Marius Brun. En onze mois, le comité récolta 8682, 50 Francs dans la seule région marseillaise.

Lors du congrès régional de la FAI tenu à Marseille sous la présidence de Luigi Bertoni, le 11 avril 1937, devant 80 militants, Luca Bregliano fit une brève relation financière durant laquelle il informa ses compagnons qu’il manquait 3000 Francs pour régler les honoraires des avocats de la défense. À la fin de la séance, 400 Francs furent récoltés. Le 4 juillet 1937, un grand nombre de groupes marseillais de toute nationalité se retrouvèrent au Bar International de Saint-Antoine sous l’égide du Comité de Défense Sociale afin de créer un vaste mouvement de protestation « contre l’infamie des jugeurs d’Aix ». Si la campagne de soutien en faveur de Fancella fut importante dans la région marseillaise, elle fut plutôt discrète au niveau national et les évènements d’Espagne et la marche vers la guerre balayèrent rapidement le cas de Joseph Fancella.

En août 1939, il fut incarcéré à la maison centrale de Caen puis à Fontevraud. Le 4 février 1946, il bénéficia d’une remise gracieuse de cinq ans de travaux forcés. À sa sortie de prison en 1951, il avait alors 55 ans, il revint dans son village natal où il continua de participer à la propagande anarchiste dans la région de Cagliari.

Giuseppe Fancella est mort à Cagliari le 6 novembre 1972.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156204, notice FANCELLA Giuseppe [Joseph] [Dictionnaire des anarchistes] par Antoine Olivesi . Notice complétée par Françoise Morel Fontanelli et Rolph Dupuy , version mise en ligne le 11 mars 2014, dernière modification le 5 janvier 2019.

Par Antoine Olivesi . Notice complétée par Françoise Morel Fontanelli et Rolph Dupuy

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6 10812 ; 1 M 805 ; 2 U 2 1902 (dépôt d’Aix-en-Provence) ; PHI 103668 JO avril 1940 — DBMOF — L’Adunata Dei Refrattari des 6/06/1936 (article de Luca Bregliano), 22/05/1937 (article de Bixio Sorbi « Le Glorie del Fronte Popolare » et 11/09/1937 (Communiqué rendant public le verdict de la cour d’assise) — Le Libertaire n°537, 548 et 552 des 23/02, 6/05 et 3/06/1937 — Il Risveglio Anarchico n°968 du 12/03/1937 —Anne et Henri Dalgon, Le Mazet du Raïol ou une symphonie dans la tourmente, éditions Lacour, Nîmes, 1988—Françoise Morel, Le mouvement anarchiste marseillais dans l’entre-deux-guerres, maîtrise, Aix-Marseille I, 1997— Fontanelli Morel Françoise, « I Comitati Pro Vittime Politiche d’Italia » à Marseille durant l’entre-deux-guerres. Histoire d’une organisation anarchiste en exil, Master II, Aix-Marseille I, 2011. — L’Internazionale, 15 décembre 1972.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable