GODARD Charles, Pierre, Marie, Joseph, Frédéric [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Guillaume Davranche, Marianne Enckell

Né le 27 avril 1862 à Toulouse (Haute-Garonne) ; étudiant en médecine ; anarchiste.

Selon une note du commissaire spécial des chemins de fer et des ports du 17 septembre 1884, Charles Godard était issu d’une famille fortunée de Toulouse ou des environs et diplômé en droit. Il aurait milité à Lyon, avant de se rendre à Paris, où il s’installa au 14, avenue des Gobelins, dans le 13e arrondissement.

Il se fit remarquer pour la première fois à la suite des événements de l’esplanade des Invalides, le 9 mars 1883 (voir Louise Michel). Le 11 mars, il était au meeting des ouvriers du bâtiment au chômage, salle Rivoli, avec un groupe d’anarchistes qui, mené par Émile Digeon*, appela sans succès l’assistance à aller renforcer le rassemblement de protestation place de l’Hôtel-de-Ville. Conseiller municipal et rédacteur à La Lanterne, Yves Guyot s’y opposa. La tribune fut alors envahie par les anarchistes, qui molestèrent le journaliste. Une bagarre s’ensuivit, au terme de laquelle Charles Godard, Léon Jamin* et Fernande d’Erlincourt* furent arrêtés par la police. Ces deux derniers bénéficièrent d’un non-lieu, mais Godard et Émile Quinque* furent déférés au parquet.

Le 10 avril 1883, la 11e chambre du tribunal correctionnel les condamna : Godard à trois mois de prison et à 200 francs d’amende, et Quinque (par défaut) à six mois de prison et à 200 francs d’amende pour coups et blessures.
Charles Godard partit ensuite faire de la propagande à Marseille, où il donna des conférences notamment au Cercle Esquiros et au Cercle phalanstérien. Il fut également, avec Louis Bouisson*, un des animateurs de L’Affamé, qui parut pour 6 numéros, du 15 mai au 27 juillet 1884.

Lors de l’épidémie de choléra à Marseille, à l’été 1884, les anarchistes de la ville firent de l’agitation. Ils appelèrent la population ouvrière à manifester devant la mairie le 20 juillet, et furent entendus par environ 2000 personnes. La police dispersa la foule et arrêta six personnes, dont Bouisson. A ce moment Godard avait déjà quitté la ville.

Le 8 août, Bouisson et cinq autres personnes comparurent devant la 4e chambre du tribunal correctionnel qui les condamna pour infraction à la loi de 1848 sur les attroupements. Godard fut condamné par défaut à 400 francs d’amende pour 8 délits de presse. Arrêté le 26 août, il fut finalement remis en liberté pour « manque de pièces à son dossier » et regagna Paris. Cependant, la Cour d’assises des Bouches-du-Rhône le condamna par défaut en décembre à un an de prison ferme.

En novembre 1890, Godard avait quitté le mouvement anarchiste où la rumeur disait qu’il était devenu bookmaker.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156209, notice GODARD Charles, Pierre, Marie, Joseph, Frédéric [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Guillaume Davranche, Marianne Enckell, version mise en ligne le 12 mars 2014, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par Rolf Dupuy, Guillaume Davranche, Marianne Enckell

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône M6/3392, 3393. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, Aix 17 U 5 sexto, Greffe du tribunal d’Aix, procédures criminelles, dossier n°76 (procès de L’Affamé. — Le Gaulois, du 12 mars et du 11 avril 1883. — René Bianco, « Le mouvement anarchiste à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône de 1880 à 1914, thèse de 3e cycle, université de Provence, 1977. — Le Matin du 21 au 23 juillet 1884, 20 novembre 1890. — L’Intransigeant du 22 juillet 1884. — René Bianco, « Un siècle de presse anarchiste d’expression française dans le monde (1880-1983, doctorat d’Etat, université de Provence, 1988.

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