Par Jean Maitron, notice révisée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy
Né le 18 juillet 1887 à Paris 3e, mort le 1er décembre 1945 à Antony (Seine, Hauts-de-Seine) ; postier ; anarchiste et syndicaliste.
Fils d’un mécanicien et d’une ouvrière cartonnière, Henri Lemonnier – que la police prénomme alors François par erreur – était en février 1913 membre du groupe de Paris 5e-13e de la Fédération communiste anarchiste (FCA), et secrétaire du groupe de la Jeunesse anarchiste. Il fit partie de la commission de six membres que la FCA chargea, en avril 1913, de préparer le congrès national des 15, 16 et 17 août.
En janvier 1914, il s’installa à Montreuil-sous-Bois.
Pendant la Première Guerre mondiale, il assista, le 15 mars 1915 à la réunion hebdomadaire du groupe des Temps nouveaux tenue rue Broca, puis, le 27 octobre 1915, à la réunion organisée par Armand* à la Maison commune, 49, rue de Bretagne, en vue de la création d’un journal, Pendant la mêléel.
Au printemps 1921, il présenta un rapport sur la rotation des fonctionnaires syndicaux à la fédération CGT des PTT. Ce rapport demandait que les membres du conseil soient remplacés par tiers ou par moitié tous les ans, que les secrétaires et trésoriers aient chacun un adjoint et que cet adjoint devienne secrétaire à son tour six mois après.
En juin 1921, à l’issue du congrès des PTT, il fut élu membre titulaire du conseil fédéral. Après la scission confédérale, en décembre 1921, il participa à la constitution de la Fédération postale unitaire (FPU), affiliée à la CGTU.
Il répondit à l’enquête sur le « fonctionnarisme syndical » lancée par Sébastien Faure* dans La Revue anarchiste. Dans sa réponse, publiée dans le numéro d’avril 1922, il insistait sur la rotation automatique des mandats, et affirmait qu’il fallait n’autoriser que des permanents techniques, et que les responsabilités syndicales devaient être confiées à des militants bénévoles.
En novembre 1922, employé des PTT, il était secrétaire du 23e groupe (Montreuil/Vincennes/Saint-Mandé) de la FPU. Henri Lemonnier fit ensuite partie des Groupes syndicalistes révolutionnaires (GSR), une tendance minoritaire de la CGTU, animée par Benoît Broutchoux*, Marie Guillot et Joseph Lartigue, secrétaire de la FPU. Ces militants très attachés à l’unité et à l’indépendance syndicale avaient, au 1er congrès de la CGTU, tenu à Saint-Étienne du 25 juin au 1er juillet 1922, voté pour la motion Monmousseau*, contre la motion Besnard*, et étaient entrés, avec la majorité, à la commission exécutive confédérale.
Mais à l’été 1923, comprenant que la direction Monmousseau roulait pour Moscou, ils étaient passés dans l’opposition. Henri Lemonnier fut délégué au congrès de Bourges de la CGTU, en novembre 1923, où il vota la motion Lartigue, contre la majorité procommuniste.
Quelques jours auparavant, dans Le Journal du peuple, il avait formulé le vœu d’un retour à l’unité syndicale, mais regretté que la direction pro-communiste de la CGTU y ait renoncé : « Seuls les syndicalistes purs et les anarchistes ont jusqu’ici tenté loyalement de refaire la soudure entre les syndiqués de la CGT et ceux de la rue Grange-aux-Belles », écrivait-il.
Après Bourges, les communistes menèrent une lutte intense contre la direction de la FPU qu’ils qualifiaient d’« anarcho-syndicaliste » – en fait il semble que parmi les responsables fédéraux, seul Henri Lemonnier, secrétaire adjoint, était anarchiste. À cette époque, il collaborait au Libertaire quotidien.
En avril 1924, à l’approche du 1er congrès fédéral, L’Humanité redoubla ses attaques contre les principaux responsables de la FPU : Moiny, Fronty, Boudet, Peytaud, Lemonnier, « interprète des anarchistes » et soumis à son « patron » Lartigue, présenté comme un incompétent.
Le congrès, tenu à Paris du 24 au 27 avril 1924, rassembla 200 délégués. Le dernier jour, la majorité syndicaliste révolutionnaire fut renversée. Si le rapport moral fut approuvé par 97 voix contre 85 et 6 abstentions, la motion d’orientation ne recueillit que 80 voix, contre 103 et 4 abstentions. Une nouvelle direction, pro-communiste, fut élue.
Dans les années 1930, Henri Lemonnier collabora à La Voix libertaire.
Il s’était marié en 1909 au Kremlin-Bicêtre, en 1911 et en 1921 à Paris.
Par Jean Maitron, notice révisée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy
SOURCES : Arch. PPo. BA/1513 et BA/1702, rapport du 13 avril 1913 —Arch. Nat. F7/13803 (rapport du 19 décembre 1915), F7/13806. — Le Cri postal, 18 juin 1921 — La Revue anarchiste d’avril 1922. — L’Humanité, du 19 et du 24 au 27 avril 1924. — Correspondance avec H. Zisly dans : Syndicalisme d’hier et de demain 1907-1942, IFHS (B 3280). — René Bianco, Cent ans de presse anarchiste, op. cit.