MALICET François D. [Dictionnaire des anarchistes]

Par Didier Bigorgne. Notice complétée par Rolf Dupuy

Né le 15 mai 1843 à Nouzon (Ardennes), assassiné le 7 septembre 1927 ; ouvrier perruquier, membre du groupe anarchiste Les Deshérités.

François Malicet avait été arrêté et condamné à 25f d’amende pour avoir participé le 14 octobre 1877, lors des élections suivant le coup de force de Mac-Mahon, à une réunion dans un cabaret de Nouzon où avait été crié « Vive les rouges, à bas les blancs, Vive la Commune ».

Dès sa formation en septembre 1892, il adhéra au groupe anarchiste Les Deshérités dont l’un des animateurs était Émile Roger et rencontrait cette même année Fortuné Henry venu faire une conférence et dont il deviendra l’ami. Dans une lettre datée du 21 novembre 1893, Fortuné Henry, emprisonné à Clairvaux, écrivait à Nicolas Thomassin : « Une poignée de main à Malicet le figaro de Nouzon ».

Le 1er janvier 1894, Malicet s’opposa aux policiers voulant perquisitionner chez lui, les traitant d’assassins et de voleurs, leur criant « Foutez-moi le camp ou je vous brûle la gueule », les menaçant de leur jeter un baquet d’eau et concluant par un magistral « Je vous emmerde », ce qui lui valut d’être condamné le 3 janvier à 8 jours de prison.

Lorsque Fortuné Henry fonda en 1903 la colonie L’Essai dans la forêt d’Aiglemont, Malicet avait mis une grosse partie de son avoir au bénéfice de la Colonie qu’il fréquenta régulièrement jusqu’en 1909. Lors d’une de ces visites, et alors qu’il jouait aux cartes et qu’il avait cru voir le compagnon André Mounier tricher, il s’était fâché et avait jeté ses cartes en disant « Quand on vole, même aux cartes, on n’est qu’un faux frère. On n’est pas un véritable libertaire. Adieu, vous ne me reverrez plus ».

Malicet portait une cravate noire striée de vert, les deux couleurs de ses idées politiques. Chaque année il confectionnait un calendrier bordé également de vert et noir et annoté de la devise de son cru « Et du boyau du dernier prêtre, serrons le cou du dernier flic ». Farceur, il s’amusa pendant des années à jouer les revenants pour épouvanter sa vieille bigote de sœur. Il hébergeait et nourrissait gratuitement un locataire que, le dimanche 7 septembre 1927, il surprit s’introduisant dans la maison par derrière ; le locataire armé d’une hachette se jeta sur Malicet et le frappa. Malicet lui demanda « Pourquoi que t’as fait ça ? - Pour vos sous ! – Fallait m’en demander, je t’en ai déjà donné, tu le sais bien ». Quand les gendarmes apparurent, Malicet leur ordonna de sortir de chez lui et mourut dans la nuit sans avoir dénoncé son assassin.

Dans sa série de romans,Les Mamert, Jean Rogissart a reproduit le portrait de François Malicet. Le dernier né des huits enfants de Malicet, a écrit de nombreux ouvrages et brochures et s’est converti (cf. La Foi est une aurore, témoignage d’un converti, 1964).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156243, notice MALICET François D. [Dictionnaire des anarchistes] par Didier Bigorgne. Notice complétée par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 9 mars 2014, dernière modification le 19 février 2019.

Par Didier Bigorgne. Notice complétée par Rolf Dupuy

SOURCES : Arch. Nat. F7/12506 & 12509. — Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, op. cit. — D. Petit, Deshérités de Nouzon… , op. cit. — Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste, op. cit. — Didier Bigorne (sous la dir. de), Terres ardennaises, n° spécial, n°46 : Visages du mouvement ouvrier, mars 1994.

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