Par Hugues Lenoir
Né le 3 juillet 1943 à Bremerton (État de Washington, États-Unis), mort à Soudorgues (Gard) le 4 juin 2011 ; militant libertaire ; historien.
Larry Portis vécut aux États-Unis jusqu’en 1977, tout d’abord à Seattle (Washington) de 1943 à 1949, puis à Billings (Montana) de 1957 à 1961, à DeKalb (Illinois) de 1968 à 1974 et enfin à Seattle (Washington) de 1974 à 1977. Il séjourna cependant en France en 1970 et toute l’année 1972 pour sa recherche sur la naissance du mouvement ouvrier français et le syndicalisme révolutionnaire. Sa mère, Jacqueline Ann Gate, fille d’un sous-officier de la marine militaire et d’une mère spiritualiste, née en 1924 à Norfolk (Virginie, États-Unis), exerça le métier de secrétaire. Son père, Everett Eugene Portis, né en 1924 à Scotia (Nebraska, États-Unis), fut simultanément chauffagiste et pompier. À ce double titre, il fut membre du syndicat des tôliers (sheet metal workers) de l’AFL-CIO et membre-organisateur du syndicat des pompiers de Billings.
De 1958 à 1968, aux États-Unis, Larry Portis occupa divers emplois : plongeur, manutentionnaire, employé municipal au service des eaux, projectionniste. Il participa dès l’âge de 14 ans, en 1957, à son premier combat social en impulsant une grève des caddies au club privé de golf de Billings, qui se solda par une victoire. De 1967 à 1968, il fut membre du syndicat des employés municipaux de Billings. En 1973-1974, il participa aux piquets de grève pour les United Farm Workers, à DeKalb (Illinois). Après avoir fait des études universitaires tout en travaillant, il fut en 1968 Bachelor of Arts puis Master of Arts et enfin Ph D (Doctor of Philosophy). Il quitta le milieu universitaire en 1974 et reprit divers emplois jusqu’en 1981.
À Paris, il mit sur pied une section syndicale CGT à l’Université américaine où il fut délégué syndical entre 1993 et 1995. C’est là qu’il rencontra Daniel Anselme en 1977, René Lefeuvre en 1984, Roger et Madeleine Bossière qui eurent une influence sur son engagement militant. En 1994, à l’université Paris-VII, il fut habilité à diriger des recherches. Il devint enseignant-chercheur, spécialiste de la civilisation américaine à l’université Montpellier-III, où il remplaça Ronald Creagh*. Larry Portis fut par ailleurs l’auteur de nombreux articles militants et de recherche dans divers revues et journaux sur les États-Unis. Il a participé régulièrement aux Chroniques syndicales et aux Chroniques rebelles sur Radio libertaire.
En 2002, il participa à la fondation de l’organisation des Américains pour la paix et la justice à Montpellier. En retraite depuis 2009, il continua jusqu’à sa mort subite son combat pour l’idéal libertaire. Larry Portis a vécu avec Christiane Passevant, animatrice sur Radio libertaire et militante CGT.
Il est décédé le 4 juin 2011 et a été incinéré sans fleurs ni couronnes le 10 à Saint-Martin de Valgargues près d’Alès. Ses cendres ont été dispersées par sa compagne et quelques amis dans un lieu de mémoire du mouvement ouvrier révolutionnaire parisien.
Par Hugues Lenoir
ŒUVRE : Georges Sorel, présentation et textes choisis, François Maspero, Paris, 1982 (traduction de Martine Echard et Christiane Passevant), 333 p. Réédité par La Brèche PEC, Montreuil, 1989. — IWW. Le syndicalisme révolutionnaire aux États-Unis, Paris, Éditions Spartacus, 1985, (édition refondue et amplifiée en 2003). — Les Classes sociales en France. Un débat inachevé, Paris. Éditions Ouvrières, 1988. — La Canaille ! Histoire sociale de la chanson française, Paris, Éditions CNT-RP, 2004. — Histoire du fascisme aux États-Unis, Paris, Éditions CNT-RP, 2008. — Qu’est-ce que le fascisme ?, Paris, Éditions d’AL, 2010.
SOURCES : Témoignage direct, mars 2008, juin 2011.