Par Jean Maitron, compléments Anne Steiner
Né le 16 mars 1874 à Vitry-le-François (Marne), mort à Paris le 23 janvier 1949 ; ouvrier fondeur, anarchiste individualiste.
Charles Reinert collabora à l’anarchie dès 1906. Il défendit à plusieurs reprises l’idée selon laquelle ce journal n’était pas seulement un organe de discussion entre anarchistes convaincus mais qu’il était aussi un instrument d’éducation à destination des ouvriers non encore gagnés à la cause. C’est pourquoi il demandait aux contributeurs de ne pas être trop élitistes. Il reprochait aussi aux conférenciers se déplaçant en province, et notamment à Mauricius de trop souvent heurter de front des auditoires non totalement anarchistes en attaquant de front les préjugés religieux. Il collabora également au journal la Cravache en 1907.
En 1908, il quitta Bar-le-Duc pour Nancy. Il y fréquenta de très près les frères Bill* tous anarchistes individualistes de conviction et menuisiers de profession. C’est avec eux qu’il élabora un faux alibi pour disculper Eugène Dieudonné, leur ami commun, accusé de meurtre dans le cadre de l’affaire Bonnot. Lui et sa femme affirmaient avoir été à Nancy avec Dieudonné à l’heure précise du hold-up de la rue Ordener, le 21 décembre. Une jeune coutiurière, Joséphine Bellot, qui fréquentait les Reinert et les Bill, le dénonça à la police. Lui et sa femme furent alors arrêtés le premier mai 1912 et incarcérés à Paris.
Fou de rage, le plus jeune des Bill, pour venger ses amis, assassina le menuisier Blanchet, ami de la jeune couturière. Accusé par Joséphine Bellot d’avoir forgé de toutes pièces un alibi et d’avoir donné l’hospitalité à des membres de la bande tragique, Charles Reinert fut condamné le 28 février 1913 par la cour d’assises de la Seine à un an de prison pour recel de malfaiteurs, sa femme, libérée en août 1912, fut acquittée.
Par Jean Maitron, compléments Anne Steiner
SOURCES : Arch. PPo. B a/1643. — La Cravache. — Gazette des tribunaux, 3-4-28 février 1913. — L’anarchie 1905-1914. — Le Matin,1er mai 1912.