BOSSY Léopold [Dictionnaire des anarchistes]

Par Françoise Fontanelli Morel

Né à Sénas (Bouches-du-Rhône) le 3 août 1860 ; mécanicien, puis imprimeur ; anarchiste.

Fils de Louis Bossy et d’Augustine Salle, Léopold Bossy, marié à Héléne Mandon et père de deux enfants, était mécanicien à la compagnie des tramways à Marseille. Il fréquenta régulièrement les réunions du bar de l’Alliance Latine, rue Coutellerie, à Marseille 1er, où se retrouvaient les anarchistes italiens de la ville.

Le 26 octobre 1893, dans une réunion au bar Isnard, place Saint-Michel, il fit partie des 70 anarchistes réunis afin d’organiser un meeting de protestation contre l’Alliance franco-russe lors de la visite des officiers de l’escadre russe et du passage de l’Amiral Avellan à Marseille le lendemain. Le 27 novembre 1893, il fut avec Riemer et Faletti parmi les douze anarchistes qui répondirent présents et furent arrêtés par la police pour avoir formé un attroupement.

Dans la nuit du 15 novembre 1893, une explosion eut lieu devant l’hôtel du général commandant le XVe corps d’armée, rue d’Armény, à Marseille 6e. La bombe, une boîte de conserve remplie de différentes poudres explosives (dont du nitrate d’ammoniaque), avait été suspendue à un porte-manteau dans une guérite devant l’hôtel. L’explosion ne fit aucun blessé et occasionna des dégâts matériels peu importants, à l’exception du mur de briques jouxtant la guérite et de bris de verre dans les immeubles voisins.

Selon les experts ce mélange de poudres (poudres Favier), fréquemment utilisé dans les mines, était aussi efficace que la dynamite mais dans des « mains inexpérimentées » n’avait pas produit l’effet escompté. Le 17 novembre 1893, la police procéda à 58 perquisitions et arrêta tous les individus connus comme anarchistes. Fin novembre, elle découvrit de nouveaux explosifs dans la cave d’Émile Charreyron, « militant anarchiste connu des services de police » qui avoua que les explosifs appartenaient à Léopold Bossy. Bossy, son épouse et Charreyron furent alors arrêtés et placés en détention préventive jusqu’au procès. En décembre 1893, Alphonse Lauze lança une souscription au bar de la Croix de Malte afin de venir en aide aux inculpés de l’attentat de la rue d’Armény, il y aurait récolté la somme de 140 Francs.

Le 2 janvier 1894, la police procéda à 42 nouvelles perquisitions au domicile d’anarchistes marseillais dont Jacques Boisson, Julius Boisson et Sébastien Faure à l’issue desquelles quatorze anarchistes étrangers furent reconduits à la frontière.

Le 31 janvier 1894, Léopold Bossy, sa femme Hélène Mandon et Émile Charreyron comparurent devant la IV° chambre du Tribunal Correctionnel de Marseille. A la question "Êtes-vous anarchiste ?", Léopold Bossy répondit : "Si anarchie signifie vol, viol et assassinat, je ne suis pas anarchiste ; mais si l’anarchie a pour but le bien-être de l’espèce humaine, je dis : vive l’Anarchie !". Maître Oscar de Tunis demanda l’acquittement de son client « un excellent ouvrier, laborieux, sans casier judiciaire ». Inculpé pour détention de matières « explosibles » Bossy fut condamné à cinq ans de prison, cinq ans d’interdiction de séjour et cinquante francs d’amende. Rémy Falletti fut expulsé et Hélène Mandon fut quant à elle condamnée à trois mois de prison. Il figurait sur l’Etat-Vert II sous le n°165, l’Etat-Vert IV sous le n° 186. À partir de septembre 1898, nous perdons sa trace.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156323, notice BOSSY Léopold [Dictionnaire des anarchistes] par Françoise Fontanelli Morel, version mise en ligne le 7 mars 2014, dernière modification le 11 mai 2020.

Par Françoise Fontanelli Morel

SOURCES : Arch. Nat. Etat signalétique des anarchistes signalés comme disparus ou nomades — Arch. Dép. (13) 1 M 1374 dossier°158, 1 M 1391, 4 M 2417 dossier personnel, 4 M 2419 rapport du 17/11/1893 — Le Petit Provençal, 18 et 30 novembre 1893 et 1° février 1894 — Morel Françoise, Les femmes dans le mouvement anarchiste marseillais 1880-1914, Mémoire L3, Aix-Marseille I, 1994.

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