RATGRIS Adrienne, Amante (née Vibert-Roulet)

Par Guillaume Davranche

Née le 13 mars 1889 à Lyon (Ier arr.), morte le 21 février 1961 à Lyon (Ve arr.) ; couturière ; syndicaliste et pacifiste.

Fille d’un comptable, François Vibert-Roulet (†1901) et d’une couturière, Émilie Dervieu (†1906), Adrienne Vibert-Roulet fut orpheline à l’âge de 17 ans, et placée sous la tutelle de son oncle, Jean Vibert-Roulet. Le 22 juin 1909, encore mineure, mais avec l’autorisation de son tuteur, elle épousa François Ratgris (né en 1886) à Lyon 4e.

François Ratgris était aide-pharmacien et Adrienne Ratgris couturière à domicile quand, au printemps 1913, survint l’affaire Couriau. Le syndicat des typographes lyonnais avait refusé de syndiquer une femme, Emma Couriau, et exclu son mari Louis, coupable d’avoir laissé sa femme travailler comme typote.

Suite à la polémique suscitée par cette affaire, l’Union des syndicats du Rhône (USR) – dont le secrétaire, Francis Million, était lui-même typographe et jugeait sévèrement l’attitude de sa corporation – créa une Ligue féminine d’action syndicale. Adrienne Ratgris, qui s’était déjà distinguée dans la lutte contre le travail à domicile, en fut la secrétaire. Ses statuts indiquaient que la ligue fonctionnait dans le cadre de l’USR, et qu’elle était composée de militantes issues des syndicats féminins ou mixtes du département. Un Comité féminin d’éducation syndicale fut également formé en son sein. Tous ses frais, notamment les tournées de propagande, étaient pris en charge par l’USR. La ligue se fixait pour but de « créer des syndicats dans les corporations où il n’en existe pas encore et de recruter des adhérentes pour les syndicats déjà constitués ».

Adrienne Ratgris publia, dans La Voix du peuple du 27 avril 1914, un article intitulé « L’action syndicale chez les femmes » qui exposait les objectifs de la Ligue.

Exempté de service militaire pour sa constitution chétive, François Ratgris ne fut pas mobilisé en août 1914. Adrienne Ratgris accoucha de leur fille, Émilie, le 27 août. Le couple habitait alors 4, rue de Marseille, à Lyon 7e, avec un parent, le chapelier Paul Vibert-Roulet.

En 1915-1916, Adrienne Ratgris était déléguée de la Ligue féminine d’action syndicale au comité général de de l’Union des syndicats du Rhône (USR) et se classait dans la majorité pacifiste et révolutionnaire (voir Henri Bécirard). Elle engagea également la Ligue féminine d’action syndicale dans la résistance à la guerre.

Avec Bécirard, elle fut déléguée à la conférence des unions et fédérations de la CGT qui se tint le 15 août 1915 à Paris. Elle voulut y lire un manifeste pacifiste de la Ligue, mais en fut empêchée sous le prétexte qu’il ne s’agissait pas d’une organisation régulièrement confédérée.

À son retour, elle anima le 20 août une assemblée d’une cinquantaine d’adhérentes de la Ligue, et prêcha une action pour le relèvement des salaires dans la confection, et pour la paix.

Le 14 octobre 1915, l’USR vota l’admission en son sein du syndicat de la confection pour dames, dont Adrienne Ratgris était la secrétaire.

Le 9 décembre 1915, au comité général de l’USR, elle réaffirma, contre la minorité réformiste de l’USR, l’attachement des organisations féminines à la paix, et annonça la livraison prochaine d’un millier de brochures pacifistes.

Le 11 avril 1917, la commission de réforme classa son mari bon pour le service auxiliaire, et il fut affecté à la 14e section d’infirmiers militaires. Cependant, dès le 23 août 1917, François Ratgris était réformé n°2 pour « mauvais état général » et un vraisemblable début de tuberculose.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156469, notice RATGRIS Adrienne, Amante (née Vibert-Roulet) par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 25 février 2014, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par Guillaume Davranche

SOURCES : État civil de Lyon. — Registres militaires du Rhône. — Arch. Nat. F7/13613 et 19940472/49. — La Voix du peuple du 27 avril 1914. — Madeleine Guilbert, Les Femmes et l’organisation syndicale avant 1914, CNRS, 1966. — Slava Liszek, Marie Guillot, de l’émancipation des femmes à celle du syndicalisme, L’Harmattan, 1993. — Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre, 1909-1914, L’Insomniaque/Libertalia, 2014.

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