Par R. Balland, notice complétée par Guillaume Davranche et Jean-Jacques Doré
Né le 10 mai 1886 à Céaulmont (Indre) ; mort le 16 novembre 1969 à Châteauroux (Indre) ; maçon ; membre de la commission exécutive de la Fédération du Bâtiment de 1916 à 1919 ; anarchiste et antimilitariste, puis communiste.
Henri Duchateau était le fils d’Auguste, vigneron à Céaulmont, qui migra dans la région parisienne pour travailler dans le bâtiment vers 1900 et milita à la CGT, il était trésorier de la chambre syndicale des ouvriers limousinants et aides de Paris et de la Seine,(voir à son nom).
Il fit partie de la Jeunesse révolutionnaire de Paris 14e. En septembre 1907, alors qu’il effectuait son service militaire, il cosigna l’affiche-prospectus « La crosse en l’air » (voir Henriette Roussel). Pour cela, il comparut – en uniforme – devant les assises de la Seine, avec 17 autres inculpés, les 30 et 31 décembre 1907. Le 30 janvier 1908, il fut condamné à un an de prison et à 100 francs d’amende pour provocation de militaires à la désobéissance.
En avril 1912, Henri Duchateau était secrétaire de la Jeunesse syndicaliste du bâtiment. En 1913, il était aux Amis de La Bataille syndicaliste. Délégué au congrès de l’Union des syndicats de la Seine le 24 août 1913, il défendit l’autonomie des comités intersyndicaux contre la normalisation voulue par le secrétariat de l’Union.
Réformé en 1914, il fut mobilisé dans le service auxiliaire le 3 mai 1915 et affecté au 129e régiment d’infanterie. Le 25 septembre suivant, il fut affecté aux Tréfileries et Laminoirs du Havre (Seine-Inférieure,Seine-Maritime), en qualité de maçon.
Membre de la commission exécutive de la Fédération du Bâtiment, il reçut mandat en 1916 de participer à la renaissance de la vie syndicale. Il s’entoura de militants locaux comme Leroux et Rougier et d’affectés spéciaux comme Dessay, si bien que le syndicat du Bâtiment du Havre prit corps fin 1916. Secrétaire adjoint de 1916 à 1919, il se consacra, en outre, à la reconstitution de l’Union locale CGT avec François Louis, qui fut effective en 1917, il en fut secrétaire adjoint en 1917 et 1918 puis trésorier en 1919. Excellent gestionnaire, il apportait aux Havrais son expérience et son sens de l’organisation.
Le 14 novembre 1918, il présentait un rapport qui dévoilait un certain nombre de ses positions, en faveur d’une langue internationale, pour la journée de huit heures et sur la place de la femme au foyer et non pas à l’usine...à l’exception des veuves de guerre. Le commissaire spécial du Havre le décrivait ainsi : "Bon orateur, il est l’un des membres les plus actifs de l’Union locale, il jouit d’une certaine influence dans les milieux ouvriers du Havre". Permanent, il recevait un salaire mensuel de 500 frs qui fut porté à 600 frs au 10e congrès de l’Union locale en juin 1919. Il habitait 1 rue du commerce au Havre, même si la police lui connaissait un domicile parisien 26 rue Vercingétorix. À la demande de la Fédération, il quitta Le Havre pour Paris le 15 octobre 1919.
En 1923, il vivait 18 bis, avenue des Tilleuls, à Draveil (Seine-et-Oise) et était inscrit sur la liste des anarchistes du département.
En juillet 1931, un rapport de gendarmerie le présentait comme un communiste assagi. Alors entrepreneur de maçonnerie, de situation aisée, il continuait à fréquenter les réunions publiques, mais sans y prendre la parole. La réserve semble avoir été une de ses qualités maîtresses : c’est ainsi qu’il s’abstenait, avec les ouvriers, « de toute discussion au sujet de son parti ».
En 1936, il habitait au 52, rue de Villeneuve-Saint-Georges.
Par R. Balland, notice complétée par Guillaume Davranche et Jean-Jacques Doré
SOURCES : Arch. Nat. F7/13053 — Arch. PPo Ba/1 697 — Arch. Dép. Seine-et-Oise, M. non cl., 4 M 30 et 31 — Arch. Dép. de Seine-Maritime, 2 Z 76, 2 Z 182, Rapports sur les dockers du Havre non classés. — Etat civil. — L’Humanité du 31 décembre 1907 — Le Réveil ouvrier n°12 et n°15.