FAUNY Romain, Albert

Par Guillaume Davranche, Yves Le Floch, Jean-Jacques Doré

Né le 26 août 1864 à Coutances (Manche) ; employé, ouvrier papetier puis journalier au port ; blanquiste, puis anarchiste et syndicaliste, puis socialiste.

Fils d’Alexandre Fauny, serrurier, et d’Adèle Demosquet, Romain Fauny, signa un engagement volontaire de cinq ans dans l’armée le 28 mars 1884 à Saint-Lô (Manche). Incorporé dans un régiment de tirailleurs, il servit en Algérie (1884-1885), ay Tonkin (1885-1886) puis à nouveau en Afrique en 1887. Rendu à la vie civile le 17 juin 1888, il retourna dans la Manche et se fixa pour un temps à Saint-Lô où il épousa Adélaïde Dassé dont il eut deux enfants nés en 1891 et 1893.

Il travailla à la papeterie de Gassicourt près de Mantes-la-Jolie (Seine-et-Oise) en 1895 et 1896, puis à celle de Pont-Audemer (Eure) en 1896-1898. Il vécut ensuite dans le Calvados, à Bayeux puis à Dives-sur-Mer, et s’installa enfin au Mans (Sarthe). Fin 1904, il fut embauché comme docker sur le port du Havre.

Fauny, qui était venu au socialisme par le blanquisme dès les années 1880, puis avait été anarchiste, rejoignit le syndicat CGT des Hommes de peine, devenu celui des Ouvriers du port.

Dès 1905, il fut élu à la commission administrative du syndicat.

Le 19 juillet 1905, le tribunal correctionnel le condamna pour coups et blessures envers le rédacteur d’un « journal antirévolutionnaire », à quarante-huit heures de prison avec sursis.

En 1906-1907, il fut secrétaire adjoint de la bourse du travail du Havre, dont le secrétaire était alors Raymond Millet. Il fut délégué de la bourse du travail au congrès confédéral CGT d’Amiens, en octobre 1906.

Secrétaire du syndicat des Ouvriers du port en 1911 et 1912, Romain Fauny fut l’un des meneurs de la grève des marins. Il fut inscrit au carnet B de la Seine-Inférieure et en janvier 1912, qualifié d’« antimilitariste, partisan de l’action directe en cas de mobilisation ».

En janvier 1913, Auguste Hervieu lui succéda au secrétariat des Ouvriers du port.

Fauny se consacra dès lors à l’action politique. Il fit campagne, en 1913, contre la loi des trois ans, et fut perquisitionné par la police le 27 mai. Le 15 avril 1914, il participa à la création du groupe havrais de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (voir Maximilien Letellier) qui entama aussitôt une campagne abstentionniste à l’occasion des élections législatives.

Veuf en 1914, il eut la douleur de perdre son fils ainé Romain, Alexandre, né à Saint-Lô en 1891, chauffeur d’auto à Buenos-Aires (Argentine), revenu se battre pour mourir en Belgique le 9 septembre 1914. Romain Fauny continua à vivre au Havre dans l’anonymat, au 87 rue Hélène, et s’y remaria le 7 avril 1926 avec Marie Romel. Le couple déménagea peu après à Saint-Lô.

Romain Fauny était en 1927 secrétaire de la section SFIO de Saint-Lô (Manche). Cumulant cette fonction avec celle de délégué au comité fédéral, il fut remplacé au secrétariat par Lemesley le 19 octobre 1929, puis le retrouva en août 1931.

En 1929-1930, lors des débats qui agitèrent la SFIO à ce sujet, il fut un ferme partisan de la participation socialiste au gouvernement, à rebours de la section de Saint-Lô qui évoluait vers la gauche du parti, présentant notamment, en 1933, une motion pour l’exclusion des parlementaires ayant voté le budget.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156541, notice FAUNY Romain, Albert par Guillaume Davranche, Yves Le Floch, Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 2 décembre 2022, dernière modification le 2 décembre 2022.

Par Guillaume Davranche, Yves Le Floch, Jean-Jacques Doré

SOURCES : Arch. Dép. de Seine-Maritime, 4MP2410 Réunions et conférences 1914-1918, 4MP4668, 1MP3244, 10M349. — Arch. Dép. Manche, État civil, Matricule militaire. — Groupe libertaire Jules Durand, Cent vingt ans d’anarchisme au Havre, Éditions du Libertaire, 2000. — John Barzman, Dockers, Métallos, Ménagères. Mouvements sociaux et cultures militantes au Havre, 1912-1923, PURH, 1997.

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