LACHÈVRE Raymond, Albert, François [Dictionnaire des anarchistes]

Par René Bianco, notice complétée par Rolf Dupuy

Né le 30 avril 1894 à Bolbec (Seine-Inférieure), mort le 27 août 1976 au Mans (Sarthe) ; ouvrier mouleur ; anarchiste et syndicaliste.

Fils d’un tailleur d’habits, Raymond Lachèvre, militant anarchiste depuis 1912, fut mobilisé pendant la Première Guerre mondiale. Après vingt-sept mois comme mécanicien sur un croiseur, il fut affecté en 1917 à l’atelier de la flotte à Brest.

Suite à la propagande anarchiste et antimilitariste qu’il fit à l’arsenal, il fut arrêté, placé au secret puis versé dans les sections disciplinaires à la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques).

À sa libération, il s’installa au 16, rue Belloncle, au Havre, adhéra au Syndicat des Métaux qui était un des plus radicaux de l’Union des syndicats du Havre (USH) et créa le Groupe libertaire du Havre en 1919 (voir Henri Offroy) qui se dota d’une biblliothèque dont il fut le gérant.

Il fut secrétaire du comité de grève des mouleurs pour le mouvement déclenché le 5 novembre 1919 et qui dura soixante-seize jours. À cette occasion fut publié un journal, L’Ouvrier métallurgiste, du 15 novembre 1919 au 15 février 1920 (voir Louis Legrain). En pleine grève, Lachèvre fut candidat abstentionniste aux élections législatives de décembre 1919. Cette grève dure de 250 mouleurs s’acheva néanmoins sur un échec. Considérant qu’ils avaient été peu soutenu par le syndicat des Métaux, les mouleurs firent sécession et fondèrent une organisation autonome dont Lachèvre prit la tête le 10 octobre 1921.

Après la scission confédérale de décembre 1921, Raymond Lachèvre milita à la CGTU, où il soutint la tendance Besnard.

Avec l’Union des syndicats du Rhône et la fédération du Bâtiment, l’USH fut un des ultimes bastions anarcho-syndicalistes au sein de la CGTU procommuniste (voir Jean Le Gall). Le conflit des tendances au sein de cette confédération atteint son paroxysme avec l’assassinat des ouvriers libertaires Clos* et Poncet*, le 11 janvier 1924. Après ce drame, de nombreux syndicats quittèrent la CGTU. Le 10 août 1924, le Syndicat des mouleurs passa à l’autonomie, avec Raymond Lachèvre comme secrétaire. Mis à l’index par le patronat local, il dut, pour trouver du travail, adopter l’identité de son beau-frère.

En 1926, le syndicat des mouleurs adhéra à la CGT-SR puis, dès février 1927, rejoignit le syndicat autonome des Métaux du Havre. Raymond Lachèvre assista néanmoins au IIe congrès confédéral de la CGT-SR.

En parallèle, Lachèvre était adhérent de l’Union anarchiste communiste (UAC) qu’il quitta en 1928 pour rejoindre l’Association des fédérales anarchistes (AFA), par refus du plate-formisme. Jusqu’en 1935, il assuma la responsabilité de la bibliothèque du Groupe libertaire havrais. Il participa également à plusieurs concerts de propagande par la chanson.
Le 29 janvier 1929, il fut initié à la loge maçonnique L’Olivier écossais (Grande Loge de France). Il fut reçu compagnon le 29 octobre, puis maître le 28 octobre 1930.

Inscrit au carnet B de la Seine-Inférieure le 29 avril 1935, où il était qualifié de "libertaire intelligent et prudent", il fut inculpé de pratiques abortives, et condamné à deux ans de prison avant d’être acquitté en appel.

Mobilisé en septembre 1939 au 31e régiment régional du Havre, il fut réformé en novembre et travailla dans un magasin de fourniture pour cycles. Pendant l’Occupation allemande, il fut recherché par la Gestapo en 1940 et dut se réfugier à la campagne chez sa sœur. Revenu au Havre sous une fausse identité, il vint en aide à plusieurs réfractaires grâce à ses relations dans la maçonnerie.

À la fin des années 1960, Raymond Lachèvre habitait au Mans et était membre du groupe local de la Fédération anarchiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156571, notice LACHÈVRE Raymond, Albert, François [Dictionnaire des anarchistes] par René Bianco, notice complétée par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 24 février 2014, dernière modification le 2 juin 2020.

Par René Bianco, notice complétée par Rolf Dupuy

SOURCES : État civil de Bolbec — Arch. Nat. F7/13601 — AD Seine Maritime 10MP1410 — Samuel Jospin, « La CGT-SR à travers son journal Le Combat syndicaliste, 1926-1937 », mémoire de maîtrise, université Paris-I, 1974 — Léo Campion, Les Anarchistes et la franc-maçonnerie, Marseille, 1969 — Bulletin du CIRA n°23-25Marseille, 1986 — Groupe libertaire Jules Durand, Cent vingt ans d’anarchisme au Havre, Éditions du Libertaire, 2000. — Arch. Dép. 4 MP 2886 Fiches individuelles de militants syndicaux, 1 MP 1032, 2 Z 157.

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